Et si Émilise atterrissait au PQ ?
Vous pensez que la démission d’émilise Lessard-therrien représente un coup dur pour Québec solidaire ? Je le crois aussi. Une femme des régions, talentueuse, récemment choisie comme co-porteparole par les membres, claque la porte en pointant du doigt le chef parlementaire. Beaucoup de dommages.
Cependant, quelque chose de bien pire pourrait suivre. Imaginez le scénario où la désenchantée de Québec solidaire prenait la décision de rejoindre le Parti Québécois. Calculez les dommages supplémentaires pour QS. Multipliez-les par deux, par dix !
Une invitation à plusieurs autres à faire le saut.
Clarification : je réfléchis à voix haute et je suis convaincu qu’aucune discussion en ce sens n’est entamée. De toute façon, madame Lessard-therrien apparaît comme une personne brisée par les événements et épuisée de surcroît. Sauter dans un autre parti, elle n’aurait pas la tête à cela aujourd’hui.
PQ INTÉRESSÉ
Le temps va réparer les plaies et le talent politique va demeurer. Mon petit doigt me souffle que cette jeune femme n’a pas dit son dernier mot en politique. Si elle n’y pense pas, d’autres penseront à elle. Je serais le moins surpris du monde que des péquistes l’imaginent sur leurs affiches électorales.
Dans le scénario d’un retour en force du PQ dans une élection générale, Rouyn-noranda/témiscamingue fait partie des circonscriptions qui seront visées. D’ailleurs, coïncidence, le PQ a déjà annoncé que son caucus de la rentrée d’automne se tiendra… àrouyn!
Les porte-parole du PQ n’ont pas manqué d’élégance devant la démission d’émilise Lessard-therrien. Paul St-pierre Plamondon a rédigé un message long et empathique sur les difficultés vécues. Il y décrit Émilise comme une femme qui « a toujours semblé sincère dans sa façon de faire de la politique et dans les raisons profondes de son engagement ».
L’ex-députée de Gaspé Meghane Perry Melançon, toujours active au PQ, en a rajouté : « Le Québec et ses régions auront toujours besoin de citoyens, de femmes, engagés comme Émilise ». L’élégance est de mise lors d’un départ, mais les péquistes n’ont rien ménagé dans la générosité du commentaire cette fois-ci.
L’IMAGE DU TRANSFUGE
Peut-on imaginer, politiquement, un passage harmonieux et cohérent de Québec solidaire au Parti Québécois pour Émilise ? Ma réponse est oui. Elle n’a jamais fait partie de l’aile radicale de Québec solidaire. Au contraire, sur certains enjeux, elle devait ramener des idéologues verts montréalais à la réalité des transports en région.
À l’époque où elle était députée, comme dans la course pour devenir co-porte-parole de QS, elle n’a pas participé au sport national de démoniser le Parti Québécois. Elle est une souverainiste, quoique modérée. Bien préparée, cette transition vers un autre parti pourrait s’opérer de manière crédible.
Dans une guerre à cinq partis, chacun veut prendre la place d’un autre. Le PQ y a goûté lorsqu’il paraissait agonisant. Ses adversaires, en particulier QS et la CAQ, rêvaient presque ouvertement de l’achever pour se partager ses restes.
Maintenant que Québec solidaire a un genou au sol, qui pense que Paul St-pierre Plamondon va se retenir ?
Cette jeune femme talentueuse n’a pas dit son dernier mot en politique