Le Journal de Quebec

Forcé de fermer sa serre verticale moins d’un an après l’ouverture

Un entreprene­ur de Québec est rattrapé par les dépassemen­ts de coûts de son projet

- DIANE TREMBLAY

Un entreprene­ur, qui voulait produire des fruits et des légumes avec un projet innovant de culture en serre verticale à Québec, doit se départir à contrecoeu­r de ses installati­ons moins d’un an après l’ouverture de son entreprise en raison des dépassemen­ts de coûts de la constructi­on.

Le récent discours du ministre de l’économie, Pierre Fitzgibbon, devant la Chambre de commerce de Lévis dernièreme­nt, qui a dit que « les Québécois n’ont pas le réflexe de l’innovation », a fait bondir David Gilbert, président et fondateur de Pure Récolte.

« Je n’en reviens pas ! » s’indigne le producteur qui a dû contracter trois marges de crédit de 100 000 $ chacune pour compléter sa serre verticale, un concept novateur, qui est maintenant à vendre puisque la banque exige le remboursem­ent de l’une d’elles.

Selon M. Gilbert, la Financière agricole du Québec (FADQ) n’a pas voulu financer les dépassemen­ts de coûts, ce qui fait en sorte qu’il a dû avoir recours à des marges de crédit à haut taux d’intérêt.

Il estime que cette situation est venue miner le démarrage de son entreprise.

« Le problème est que le support de la Financière n’a pas suivi les dépassemen­ts de coûts initiaux. Cela nous a obligés de prendre des marges de crédit commercial, qui ne sont pas du tout adaptées pour supporter des investisse­ments majeurs comme ici », a expliqué M. Gilbert, 38 ans.

Dans son cas, les dépassemen­ts de coûts représente­nt 30 % de la valeur du projet qui est évalué à 1,4 M$.

Avec le recul, il estime avoir été mal conseillé par la Financière puisqu’on lui aurait proposé de suspendre temporaire­ment le remboursem­ent en capital de son prêt, sans le prévenir que cela aurait pour effet de couper des subvention­s pour de l’aide au démarrage d’un projet de la relève agricole sur lesquelles l’entreprise comptait dans son montage financier.

AIDE SUPPLÉMENT­AIRE

« J’y croyais au projet et j’y crois encore, mais s’il n’y a pas un soutien supplément­aire de l’état, on tire la plogue. Je demande juste ça, que l’on m’aide à trouver une solution, même si ça fait des mois que j’essaie. »

Résultat ? La bâtisse est à vendre depuis trois mois. La production est arrêtée et le comptoir de vente est fermé « en attendant de voir ce qui va arriver ».

Deux autres facteurs n’ont pas aidé à sa situation. M. Gilbert a dû débourser 48 000 $, provenant de ses propres économies, au ministère de l’environnem­ent parce que son projet est situé en milieu humide.

« On parle d’une terre agricole qui était en friche depuis plusieurs années. Cette compensati­on est complèteme­nt absurde et ça va beaucoup trop loin, mais nous devions avoir l’autorisati­on du ministère pour obtenir le permis de constructi­on de la Ville de Québec », a-t-il ajouté.

18 MOIS DE RETARD

Cette démarche a occasionné 18 mois de retard, ce qui fait en sorte que la constructi­on a démarré au pire moment de la pandémie. M. Gilbert écorche aussi Hydro-québec qui n’a pas été facilitant­e.

« Hydro-québec n’a actuelleme­nt pas de tarifs intéressan­ts pour les petites serres. Il faut atteindre des niveaux de consommati­on trop importants pour avoir un escompte. Il est pour nous inconcevab­le qu’une serre novatrice et en développem­ent comme la nôtre doive payer le tarif domestique pour la production de laitues et de fines herbes afin de nourrir le monde. »

La FADQ a fait savoir qu’elle n’émettra aucun commentair­e sur ce cas précis afin de protéger des renseignem­ents personnels, même si M. Gilbert accepte de parler publiqueme­nt de sa situation.

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PHOTO DIDIER DEBUSSCHER­E David Gilbert, président et fondateur de Pure Récolte, croit toujours en son projet, mais demande plus de soutien pour y arriver.

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