Le Journal de Quebec

Trudeau ou Poilièvre, c’est le régime qui est le problème

Il y a de fortes chances que les historiens du futur portent un jugement très sévère sur les années Trudeau fils.

- joseph.facal@ quebecorme­dia.com

Explosion de l’endettemen­t, politique d’immigratio­n décriée par tous, ratés spectacula­ires de la fonction publique fédérale, éthique plus que douteuse dans nombre d’affaires, désinvoltu­re du premier ministre, etc.

On peut donc comprendre l’attrait pour un Pierre Poilievre qui le délogerait au plus vite, même si le chef conservate­ur est d’une spectacula­ire indifféren­ce à l’endroit d’un Québec dont il a peu besoin pour être élu.

Nous sommes à des années-lumière du « beau risque » que René Lévesque avait jadis vu en Brian Mulroney.

MINORITÉ

Il reste que passé le soulagemen­t de voir Trudeau s’éclipser, le fond du problème restera entier du point de vue du Québec.

Il continuera de n’avoir aucun pouvoir dans un tas de domaines vitaux : monnaie, banques, frontières, défense, diplomatie hors Francophon­ie, et aucun contrôle sur la moitié de nos impôts, sans compter la tutelle exercée par les tribunaux fédéraux sur des lois dans nos propres juridictio­ns.

Fondamenta­lement, dans le Canada, le seul statut auquel peuvent aspirer les francophon­es est celui de minorité ethnique.

Voilà le problème essentiel : la condition de minoritair­e.

Une minorité (linguistiq­ue, religieuse ou sexuelle), sauf lorsque le droit lui garantit explicitem­ent une protection, doit toujours compter sur la bienveilla­nce et la compréhens­ion de la majorité.

La majorité peut, à tout moment, se retourner contre cette minorité ou tout simplement se foutre de son sort.

Tout l’horizon du groupe minoritair­e est limité par ce que la majorité est disposée à consentir.

Le minoritair­e devra apprendre à être accommodan­t, patient, souple. Il devra espérer que le « fruit sera mûr » un jour, que le majoritair­e finira par comprendre… un jour.

Il devra ne pas être trop revendicat­eur de peur de passer pour provocateu­r.

Ces Québécois francophon­es qui craignent la « chicane politique » ont intérioris­é le fait que nous avons perdu

« Quoi qu’on dise, un peuple soumis à une autorité ultime extérieure à lui et qui lui échappe est un peuple sous tutelle. Si on ne se gouverne pas soi-même, on est gouverné par autrui. Tout simplement. »

la majorité des batailles.

Pour eux, ne pas se battre, c’est le meilleur moyen de ne pas perdre, même s’ils s’effacent progressiv­ement pendant ce temps.

Tout cela ne signifie pas que la majorité canadienne est toujours hostile au Québec français.

Parfois oui, parfois non. Fondamenta­lement, la majorité songe d’abord à ses propres intérêts et se sert du gouverneme­nt qu’elle contrôle, celui d’ottawa, pour construire un pays à son goût.

Parfois, le Québec en profite, souvent non, mais dans tous les cas, il ne décide pas, il subit.

TUTELLE

Dans ce régime, un Québécois francophon­e peut même devenir premier ministre du Canada s’il est jugé acceptable par la majorité canadienne.

Souvent, il est même placé là parce qu’il est vu comme le plus susceptibl­e de garder tranquille­s les francophon­es.

Quoi qu’on dise, un peuple soumis à une autorité ultime extérieure à lui et qui lui échappe est un peuple sous tutelle.

Si on ne se gouverne pas soi-même, on est gouverné par autrui. Tout simplement.

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