Trudeau ou Poilièvre, c’est le régime qui est le problème
Il y a de fortes chances que les historiens du futur portent un jugement très sévère sur les années Trudeau fils.
Explosion de l’endettement, politique d’immigration décriée par tous, ratés spectaculaires de la fonction publique fédérale, éthique plus que douteuse dans nombre d’affaires, désinvolture du premier ministre, etc.
On peut donc comprendre l’attrait pour un Pierre Poilievre qui le délogerait au plus vite, même si le chef conservateur est d’une spectaculaire indifférence à l’endroit d’un Québec dont il a peu besoin pour être élu.
Nous sommes à des années-lumière du « beau risque » que René Lévesque avait jadis vu en Brian Mulroney.
MINORITÉ
Il reste que passé le soulagement de voir Trudeau s’éclipser, le fond du problème restera entier du point de vue du Québec.
Il continuera de n’avoir aucun pouvoir dans un tas de domaines vitaux : monnaie, banques, frontières, défense, diplomatie hors Francophonie, et aucun contrôle sur la moitié de nos impôts, sans compter la tutelle exercée par les tribunaux fédéraux sur des lois dans nos propres juridictions.
Fondamentalement, dans le Canada, le seul statut auquel peuvent aspirer les francophones est celui de minorité ethnique.
Voilà le problème essentiel : la condition de minoritaire.
Une minorité (linguistique, religieuse ou sexuelle), sauf lorsque le droit lui garantit explicitement une protection, doit toujours compter sur la bienveillance et la compréhension de la majorité.
La majorité peut, à tout moment, se retourner contre cette minorité ou tout simplement se foutre de son sort.
Tout l’horizon du groupe minoritaire est limité par ce que la majorité est disposée à consentir.
Le minoritaire devra apprendre à être accommodant, patient, souple. Il devra espérer que le « fruit sera mûr » un jour, que le majoritaire finira par comprendre… un jour.
Il devra ne pas être trop revendicateur de peur de passer pour provocateur.
Ces Québécois francophones qui craignent la « chicane politique » ont intériorisé le fait que nous avons perdu
« Quoi qu’on dise, un peuple soumis à une autorité ultime extérieure à lui et qui lui échappe est un peuple sous tutelle. Si on ne se gouverne pas soi-même, on est gouverné par autrui. Tout simplement. »
la majorité des batailles.
Pour eux, ne pas se battre, c’est le meilleur moyen de ne pas perdre, même s’ils s’effacent progressivement pendant ce temps.
Tout cela ne signifie pas que la majorité canadienne est toujours hostile au Québec français.
Parfois oui, parfois non. Fondamentalement, la majorité songe d’abord à ses propres intérêts et se sert du gouvernement qu’elle contrôle, celui d’ottawa, pour construire un pays à son goût.
Parfois, le Québec en profite, souvent non, mais dans tous les cas, il ne décide pas, il subit.
TUTELLE
Dans ce régime, un Québécois francophone peut même devenir premier ministre du Canada s’il est jugé acceptable par la majorité canadienne.
Souvent, il est même placé là parce qu’il est vu comme le plus susceptible de garder tranquilles les francophones.
Quoi qu’on dise, un peuple soumis à une autorité ultime extérieure à lui et qui lui échappe est un peuple sous tutelle.
Si on ne se gouverne pas soi-même, on est gouverné par autrui. Tout simplement.