Un signal envoyé au géant Loblaw
Des Québécois participent au mouvement de boycottage en boudant des enseignes telles que Provigo et Maxi
Loblaw fait 5,5 M$ de profit chaque jour depuis le début de l’année, a déclaré le géant ontarien de l’alimentation, hier, alors que débutait le boycottage de ses magasins par des consommateurs en furie qui se tournent vers les épiceries indépendantes encore en vie.
« Je ne les ai pas dans mon coeur. Je comprends la hargne dans le reste du Canada », confie Jérôme Godbout, un jeune professionnel de Québec, au sujet des nombreuses enseignes de Loblaw.
C’est sur Reddit que le père de famille de 31 ans a eu vent du mouvement. Plus de 60 000 Canadiens font partie d’un forum de discussion où les consommateurs sont incités à boycotter Loblaw pendant le mois de mai.
Le groupe demande au géant de n’imposer aucune augmentation de prix en 2024. Son objectif est d’obtenir des engagements en faveur de prix abordables ainsi que des plafonds de prix pour les produits essentiels.
« Il faut leur envoyer un signal. Ne nous prenez pas pour acquis », dénonce le Québécois, qui ne se rendra ni chez Provigo ni chez Maxi pendant 31 jours.
Le mouvement aurait tout aussi bien pu viser Metro ou IGA, dit-il, car le message s’adresse aussi aux deux autres géants du secteur.
« Ils ont raison ! Faut que les gens se mettent ensemble pour leur dire que ça suffit », souffle pour sa part Camilien Dubé, 76 ans.
Le résident de la Rive-sud de Montréal ne voudrait pas avoir une famille à nourrir actuellement. « J’ai été dans cette situation et je me demande comment les gens font pour arriver », dit-il, plein de compassion.
DES GAULOIS ENCORE EN VIE
Au Québec, le boycottage des enseignes de Loblaw prend moins d’ampleur, peutêtre en raison de la présence importante de la chaîne Maxi, parmi les moins chères du marché.
Les prix exorbitants des aliments poussent tout de même de plus en plus de consommateurs à se tourner vers les épiceries indépendantes, même si elles ne sont pas légion.
« On voit le profil de notre clientèle changer », constate Mélissa Laflamme, de Panier Extra, une épicerie qui vend des produits à prix modeste dans Duberger, à Québec.
Le propriétaire, qui est aussi son père, parle de ventes en hausse de 40 % depuis un an. « Ce ne sont plus juste des gens moins favorisés qui viennent ici, c’est vraiment rendu monsieur madame Toutle-monde », observe Sylvain Laflamme.
Nul besoin d’être une grande chaîne pour afficher des prix compétitifs, ajoute Patricia Chouinard, directrice des opérations des Supermarchés PA.
La chaîne indépendante compte cinq épiceries dans la région de Montréal et n’achète aucune denrée dans les entrepôts des trois géants du secteur.
Ses bons prix, bien connus dans l’île, sont possibles grâce à son armée d’acheteurs qui débusquent des fournisseurs parfois méconnus.
« Certains n’ont pas le volume pour vendre aux plus grandes chaînes », explique la gestionnaire.
Les Supermarchés PA s’adaptent aussi mieux à leur clientèle, dit-elle. L’épicerie de Laval tient davantage de produits du Moyen-orient alors que celle du centreville est davantage spécialisée en produits asiatiques, par exemple.
Une autre demande du groupe Reddit nommé « Loblaw est hors de contrôle » est la signature du code de conduite de l’industrie par le géant ontarien.
Loblaw et Walmart ont déjà indiqué qu’ils ne signeraient pas la première version de ce code volontaire, car il pourrait entraîner une hausse de prix.
LOBLAW CHANGE DE TON
Per Bank, PDG de Loblaw, a changé de ton, hier, lors de l’annonce des résultats de l’entreprise.
« Je suis plus optimiste aujourd’hui qu’auparavant quant à la possibilité de parvenir à un accord sur le code », a-t-il déclaré.
C’était l’occasion pour Loblaw de faire le point sur les trois premiers mois de 2024. Les revenus ont atteint 13,58 milliards de dollars, en hausse de 4,5 %.
En 84 jours, les profits ont été de 459 M$, un bond de 10 %. La moyenne quotidienne du gain pour 2024 est donc de 5,5 M$.
Mardi, M. Bank a dit « vouloir s’attaquer » à la question des hausses de prix.
– Avec la collaboration de Gabriel Côté et de Francis Halin
« ILS ONT RAISON ! FAUT QUE LES GENS SE METTENT ENSEMBLE POUR LEUR DIRE QUE ÇA SUFFIT. »
– Camilien Dubé, retraité