Potentiel conflit d’intérêts pour Duclos
Selon un spécialiste, la position du ministre avec l’université Laval peut lui donner des avantages injustes
OTTAWA | La nomination du ministre Jean-yves Duclos à un poste de haute gestion administrative à l’université Laval place le député de Québec en position potentielle de conflit d’intérêts, selon un expert et l’opposition officielle.
« Je ne vois absolument pas comment le commissaire pourrait approuver ça. C’est une situation de conflit d’intérêts potentiel dans laquelle un ministre en fonction ne peut se mettre », croit Denis Saint-martin, un spécialiste de l’administration publique et des questions de gouvernance de l’université de Montréal.
L’université Laval a nommé en toute discrétion, le 30 octobre dernier, le ministre de l’approvisionnement à un poste d’adjoint au vice-recteur aux ressources humaines et aux finances.
Le syndicat a déposé un grief contestant cette nomination à un poste qu’il juge « fictif » dont le but réel est de protéger le lien d’emploi du ministre avec l’université.
POUR CONSERVER LE LIEN
Comme le député de Québec siège à la Chambre des communes depuis 2015, la période applicable pour exercer son droit à un congé sans solde était dépassée, selon le Syndicat des professeurs et professeures de l’université Laval (SPUL).
Sa nomination à un poste de haute gestion administrative permet, selon le syndicat, de contrecarrer les règles de la convention collective. Or, certains y voient aussi un risque de conflit d’intérêts.
« Bien que je supporte le développement de l’université Laval, le lien d’emploi du ministre Duclos est problématique sur le plan éthique, car il fait partie du gouvernement Trudeau, a commenté Pierre Paulhus, du Parti conservateur. Cela le met en potentiel conflit d’intérêts concernant les annonces de financement reliées à l’université et entache le lien de confiance envers la population. »
DANS LES RÈGLES
Interrogé mercredi au Parlement par Le Journal, le ministre Duclos a soutenu que son congé sans solde prolongé « a été validé par le syndicat, par l’université et par les autorités et les officiers de la Chambre des communes ».
M. Saint-martin dit comprendre l’université Laval de souhaiter poursuivre son association, le plus longtemps possible, avec un influent ministre « qui connaît plein de gens dans les réseaux de pouvoir à travers le Canada et le monde ».
« Mais l’idée, c’est que sa présence peut procurer des avantages indus, c’est ça que je vois comme problème éthique », tranche-t-il.
Michael Wrobel, un porte-parole au Commissariat aux conflits d’intérêts et à l’éthique, affirme que la divulgation de la nomination du ministre Duclos n’était pas nécessaire « puisqu’aucun revenu d’emploi est reçu ».