Le Journal de Quebec

L’anxiété règne dans les salles d’audience

- CLARA LOISEAU

Les salles d’attente du Tribunal administra­tif du logement voient défiler quotidienn­ement des centaines de locataires anxieux qui craignent parfois de perdre le toit qu’ils ont sur la tête.

« Ça fait deux ans que je ne dors pas. Là, je suis debout depuis 3 h du matin, j’étais incapable de fermer l’oeil de la nuit », raconte Carole Aubin, entourée de ses voisins.

Comme elle, dans les salles d’attente du Tribunal administra­tif du logement (TAL), locataires et propriétai­res patientent. Certains vérifient plusieurs fois s’ils ont bien tous leurs documents en main, d’autres se lèvent et font les cent pas jusqu’à ce qu’on appelle leur cause au micro. Si certains sont accompagné­s d’un avocat ou par des comités logement, beaucoup se défendent seuls.

« C’est stressant parce que ce moment va avoir un impact sur notre vie. J’ai peur d’oublier des choses et des détails qui permettron­t au juge d’avoir toutes les informatio­ns en main pour trancher », explique Yves Allard, rencontré dans les locaux du TAL situés au Village olympique de Montréal, où des dizaines de causes sont entendues quotidienn­ement.

AUDIENCES TENDUES

Pour Geneviève Beaulieu-pelletier, il est totalement normal d’être anxieux dans ces moments-là, puisque le logement constitue un besoin primaire.

« C’est sûr que tout ce qui va être décidé au tribunal va avoir une incidence directe sur un besoin essentiel. Dans les processus judiciaire­s, on est toujours face à l’incertitud­e, alors c’est très déstabilis­ant et menaçant », ajoute-t-elle.

Pendant les audiences, la tension était palpable dans les salles où Le Journal a passé plusieurs heures.

« Ce sont des années de frustratio­n qui s’accumulent. On se bat contre notre gestionnai­re d’immeuble depuis 2021, alors aujourd’hui, c’est très émotif », confie un locataire qui a demandé à garder l’anonymat par peur de représaill­es de la part de son locateur.

POIDS EN MOINS

Avec trois de ses voisins, il est venu au TAL pour une fixation de loyer, un dossier ouvert par son locateur l’année dernière.

« Chaque année, il met plein de factures qui n’ont pas rapport pour augmenter nos loyers. Et chaque année, on refuse ses augmentati­ons, alors on se voit ici, au tribunal », explique une locataire du même immeuble qui dit être tellement habituée à être convoquée au TAL qu’elle n’est plus stressée.

À la sortie des audiences, les visages sont beaucoup moins crispés.

« Maintenant, c’est fait, c’est entre les mains du juge », laisse tomber Mme Aubin.

Même sans avoir encore reçu le verdict, c’est un « poids en moins sur les épaules », poursuit-elle.

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