Le Journal de Quebec

La location bien plus tentante

flambée des taux d’intérêt, des impôts fonciers et des coûts de rénovation fait réfléchir beaucoup de gens

- DAVID DESCÔTEAUX

Les taux d’intérêt, les taxes municipale­s et les coûts de rénovation rendent de plus en plus coûteuse la possession d’une maison, au point que plusieurs personnes préfèrent louer.

Annie Poissant habite son jumelé à Blainville depuis 2013. Bien des choses ont changé depuis. L’entretien et la rénovation, entre autres, font de plus en plus mal à son portefeuil­le.

« Ça coûte vraiment de plus en plus cher. J’ai fait refaire le toit l’an passé et ça m’a coûté 12 000 $ ! Mes assurances sont aussi plus chères chaque année. Je suis passée de 950 $ par année en 2019 à 1230 $ aujourd’hui », dit-elle.

Même son de cloche du côté de Marianne Côté, qui a dû remplacer une partie de la devanture en aluminium, les rampes de balcon et une porte de son cottage à Boisbriand. Facture : 10 938 $.

« C’est pourtant assez mineur comme rénovation­s, je ne m’attendais pas à ce que ça coûte si cher », se désole-t-elle.

MATÉRIAUX PLUS COÛTEUX

La pénurie de main-d’oeuvre, en constructi­on comme ailleurs, rend la plupart des travaux dans une maison plus onéreux, tout comme le prix des matériaux, qui a bondi depuis cinq ans.

L’associatio­n québécoise de la quincaille­rie et des matériaux de constructi­on (L’AQMAT) a récemment compilé les données fournies par ses membres afin d’évaluer le prix de vente d’une dizaine de matériaux.

Le prix du bardeau d’asphalte, par exemple, a grimpé de 62 %. Celui du panneau de gypse et de la laine isolante, de 40 % et 42 % respective­ment.

Si un consommate­ur achetait un seul article dans chacune des catégories que L’AQMAT a mesurées, cela lui coûterait aujourd’hui 301 $ au lieu de 234 $ en février 2019, une augmentati­on cumulée de l’ordre de 28,5 % sur cinq ans, calcule l’organisme.

LE COUP DOUBLE QUI FAIT MAL

Encore pire que l’inflation du prix des matériaux de constructi­on, c’est surtout le double whammy des taxes municipale­s et des taux d’intérêt qui alourdisse­nt grandement la facture des propriétai­res.

Ceux qui renouvelle­nt leur hypothèque en ce moment en savent quelque chose. Plusieurs se retrouvent avec des paiements mensuels qui bondissent de plusieurs centaines de dollars.

Quant aux hausses des taxes municipale­s et scolaires, année après année elles dépassent de loin l’inflation dans plusieurs municipali­tés. Seulement l’an dernier, les propriétai­res de maisons montréalai­s ont subi une augmentati­on moyenne de 227 $ de leurs taxes municipale­s résidentie­lles.

LE LOYER, C’EST UN MAXIMUM...

« Un loyer, c’est le maximum que ça va coûter pour vous loger. Mais une hypothèque, c’est le minimum que ça va coûter pour vous loger… Parce qu’il y a tellement d’autres frais qui viennent avec le statut de propriétai­re, dont les gens ne tiennent pas compte », dit Stéphane Desjardins, journalist­e, dans son livre Louer ou acheter, qui vient de paraître.

« Les taxes municipale­s et les taux d’intérêt sont les principale­s sources d’augmentati­on des coûts d’être propriétai­re, mais il ne faut pas oublier les autres dépenses comme les plantes et les arbustes, les électromén­agers, les meubles… Tout coûte plus cher », dit-il.

Dans ce contexte, certains commencent à se demander si louer ne serait pas un meilleur « investisse­ment » qu’acheter une maison.

« Je ne me vois pas vendre ma maison pour aller en appartemen­t, dit Annie Poissant, surtout que les loyers aussi sont chers et sont rares. Mais j’ai des amis qui sont premiers acheteurs et qui se posent la question en ce moment », dit la femme de 37 ans.

« ÇA COÛTE VRAIMENT DE PLUS EN PLUS CHER. J’AI FAIT REFAIRE LE TOIT L’AN PASSÉ ET ÇA M’A COÛTÉ 12 000 $ ! »

– Annie Poissant, résidente de la Rive-nord de Montréal

 ?? PHOTO DAVID DESCÔTEAUX ?? Annie Poissant, qui possède une maison à Blainville, explique que ses primes d’assurance habitation sont passées de 950 à 1230 dollars par année, entre 2019 et 2024.
PHOTO DAVID DESCÔTEAUX Annie Poissant, qui possède une maison à Blainville, explique que ses primes d’assurance habitation sont passées de 950 à 1230 dollars par année, entre 2019 et 2024.

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