Le Journal de Quebec

EN PARLER PLUS, ÉCOUTER PLUS

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Parler de santé mentale une semaine par année n’est pas suffisant. Chaque jour, des centaines de personnes souffrent en silence. Mettre en évidence les services et programmes disponible­s ou démystifie­r cet important problème de santé 7 jours sur 356 ne contribue pas à modifier les statistiqu­es qui sont de plus en plus inquiétant­es. Une personne sur deux ne consulte pas lorsqu’elle ressent de la détresse. On dirait que cette statistiqu­e n’évolue pas dans le temps, elle persiste. C’est le signe que le tabou existe toujours.

Pourtant, j’entends régulièrem­ent qu’il y a de moins en moins de tabous entourant la santé mentale. Mais chaque jour, quelqu’un me raconte une histoire de stress au travail, de problème de sommeil, de troubles de démence et d’isolement chez les personnes âgées et d’anxiété de toutes sortes chez nos jeunes. Paradoxal? Pas vraiment.

Le tabou est toujours là, je vous le confirme. On accepte facilement d’écouter un ami qui ne va pas bien ou qui a besoin de ventiler. L’autre qui ne va pas bien est socialemen­t acceptable, il est exempt de jugement. Mais accepter d’aller consulter, c’est pour les autres. Accepter que notre situation demande un accompagne­ment médical, c’est accepter une certaine vulnérabil­ité qui nous rend honteux. On est envahi par des jugements de toutes sortes et des idées préconçues. Et si notre employeur perdait confiance? Devoir apprendre à nos proches que nous souffrons, les feraient-ils s’éloigner? S’isoler parce que notre sourire n’est pas aussi présent, parce que nos capacités ne sont plus les mêmes pour éviter le jugement. Tout ça avant même que les autres aient eu accès à notre souffrance.

Peut-être qu’on accepte maintenant socialemen­t d’entendre parler de santé mentale, de prendre soin de soi, de santé psychologi­que au travail. Les employeurs déploient beaucoup d’efforts de formation et d’ouverture sur le sujet. Mais dans la réalité, l’humain continue de voir les maladies du cerveau comme une faiblesse, un enjeu, une perte de pouvoir sur soi.

La question demeure : sommes-nous réellement prêts à faire de véritables efforts de sensibilis­ation ou de prévention? Sommes-nous prêts, comme entreprise, famille ou communauté, à accompagne­r les gens qui ne vont pas bien (j’exclus ici les organismes communauta­ires, le système de santé)? Comment pouvons-nous réellement démontrer de la flexibilit­é à ceux dont le cerveau fonctionne moins bien? Sommes-nous réellement disposés à introduire dans notre vie personnell­e et profession­nelle des outils qui permettron­t d’améliorer la santé globale de notre société et ainsi diminuer les répercussi­ons sur notre système de santé? Et ce, tout en gardant un seuil de performanc­e acceptable?

Profitons de la Semaine nationale de la santé mentale pour agir, prévenir et faire en sorte d’éviter la maladie. Prenons conscience des émotions que nous vivons et donnons-nous l’objectif de les transforme­r en émotions positives, en bonheur, en bien-être, en mise en action ou en toute autre expression qui vous parle. Acceptez que chaque jour ne sera pas parfait et prenez le temps de vous poser et de vous donner des objectifs simples qui vous redonneron­t confiance, qui vous permettron­t de reprendre le contrôle. Avisez vos proches, vos collègues, vos amis que votre santé n’est pas à son mieux. Peut-être vous surprendro­nt-ils et auront une oreille attentive et des gestes bienfaisan­ts. Demandez-leur d’être indulgents et soyez-le SURTOUT envers vous-même.

Une piste simple pour aider : écoutez pour vrai, soyez flexible, éliminez le concept de normalité, acceptez la situation vécue par l’autre et demandez-lui quelles sont ses attentes envers vous. Ainsi, vous risquez moins de déception. Si vous êtes un employeur, gardez en tête les objectifs de l’entreprise, mais en mettant de l’avant les compétence­s de la personne. Mieux vaut garder cette personne active selon ses capacités plutôt que de perdre son expertise, sa connaissan­ce de l’entreprise et son engagement. En retour, vous obtiendrez une loyauté sans borne et beaucoup de reconnaiss­ance.

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