EN PARLER PLUS, ÉCOUTER PLUS
Parler de santé mentale une semaine par année n’est pas suffisant. Chaque jour, des centaines de personnes souffrent en silence. Mettre en évidence les services et programmes disponibles ou démystifier cet important problème de santé 7 jours sur 356 ne contribue pas à modifier les statistiques qui sont de plus en plus inquiétantes. Une personne sur deux ne consulte pas lorsqu’elle ressent de la détresse. On dirait que cette statistique n’évolue pas dans le temps, elle persiste. C’est le signe que le tabou existe toujours.
Pourtant, j’entends régulièrement qu’il y a de moins en moins de tabous entourant la santé mentale. Mais chaque jour, quelqu’un me raconte une histoire de stress au travail, de problème de sommeil, de troubles de démence et d’isolement chez les personnes âgées et d’anxiété de toutes sortes chez nos jeunes. Paradoxal? Pas vraiment.
Le tabou est toujours là, je vous le confirme. On accepte facilement d’écouter un ami qui ne va pas bien ou qui a besoin de ventiler. L’autre qui ne va pas bien est socialement acceptable, il est exempt de jugement. Mais accepter d’aller consulter, c’est pour les autres. Accepter que notre situation demande un accompagnement médical, c’est accepter une certaine vulnérabilité qui nous rend honteux. On est envahi par des jugements de toutes sortes et des idées préconçues. Et si notre employeur perdait confiance? Devoir apprendre à nos proches que nous souffrons, les feraient-ils s’éloigner? S’isoler parce que notre sourire n’est pas aussi présent, parce que nos capacités ne sont plus les mêmes pour éviter le jugement. Tout ça avant même que les autres aient eu accès à notre souffrance.
Peut-être qu’on accepte maintenant socialement d’entendre parler de santé mentale, de prendre soin de soi, de santé psychologique au travail. Les employeurs déploient beaucoup d’efforts de formation et d’ouverture sur le sujet. Mais dans la réalité, l’humain continue de voir les maladies du cerveau comme une faiblesse, un enjeu, une perte de pouvoir sur soi.
La question demeure : sommes-nous réellement prêts à faire de véritables efforts de sensibilisation ou de prévention? Sommes-nous prêts, comme entreprise, famille ou communauté, à accompagner les gens qui ne vont pas bien (j’exclus ici les organismes communautaires, le système de santé)? Comment pouvons-nous réellement démontrer de la flexibilité à ceux dont le cerveau fonctionne moins bien? Sommes-nous réellement disposés à introduire dans notre vie personnelle et professionnelle des outils qui permettront d’améliorer la santé globale de notre société et ainsi diminuer les répercussions sur notre système de santé? Et ce, tout en gardant un seuil de performance acceptable?
Profitons de la Semaine nationale de la santé mentale pour agir, prévenir et faire en sorte d’éviter la maladie. Prenons conscience des émotions que nous vivons et donnons-nous l’objectif de les transformer en émotions positives, en bonheur, en bien-être, en mise en action ou en toute autre expression qui vous parle. Acceptez que chaque jour ne sera pas parfait et prenez le temps de vous poser et de vous donner des objectifs simples qui vous redonneront confiance, qui vous permettront de reprendre le contrôle. Avisez vos proches, vos collègues, vos amis que votre santé n’est pas à son mieux. Peut-être vous surprendront-ils et auront une oreille attentive et des gestes bienfaisants. Demandez-leur d’être indulgents et soyez-le SURTOUT envers vous-même.
Une piste simple pour aider : écoutez pour vrai, soyez flexible, éliminez le concept de normalité, acceptez la situation vécue par l’autre et demandez-lui quelles sont ses attentes envers vous. Ainsi, vous risquez moins de déception. Si vous êtes un employeur, gardez en tête les objectifs de l’entreprise, mais en mettant de l’avant les compétences de la personne. Mieux vaut garder cette personne active selon ses capacités plutôt que de perdre son expertise, sa connaissance de l’entreprise et son engagement. En retour, vous obtiendrez une loyauté sans borne et beaucoup de reconnaissance.