Le Journal de Quebec

Sédentaire­s et accros aux écrans

Les enfants et adolescent­s québécois font de moins en moins d’activité physique

- HUGO DUCHAINE

Constat d’échec pour les enfants et adolescent­s québécois : à peine 4 sur 10 font une heure d’activité physique par jour. Le Bulletin de l’activité physique chez les enfants et les jeunes de Participac­tion de 2024 leur donne une note de D+ et il appelle à d’importants changement­s de société. Car les enfants ne jouent plus et restent le nez collé devant un écran.

Le jeu se perd

Seulement 22 % des jeunes de 5 à 17 ans ont pratiqué plus de deux heures par jour de jeux non structurés à l’intérieur et à l’extérieur.

Il peut s’agir de s’amuser dans un parc ou de grimper un arbre, par exemple.

« Le temps extérieur s’est perdu depuis les

20 dernières années, explique le Dr Chaput, aussi professeur à l’université d’ottawa. L’aspect sécurité y est pour beaucoup, les parents ne se sentent pas à l’aise de laisser jouer les enfants sans supervisio­n et les gardent près d’eux à l’intérieur. »

Le sport organisé fait meilleure figure, alors que 68 % des jeunes ont participé à un programme l’an passé.

Il faut bannir les écrans

« Il ne faut pas seulement éduquer, car ça ne semble pas marcher. Ça prend une méthode un peu plus forte, soutient le Dr Chaput. Il faut bannir, parce que sinon, on perd le contrôle. »

Il salue d’ailleurs la décision de Québec de bannir les cellulaire­s en classe.

L’an dernier, 27 % des enfants et des jeunes (49%chezles5à1­1ans,17%chezles12à 17 ans) ont respecté la limite de temps d’écran recommandé­e à des fins de loisir, soit un maximum de deux heures par jour.

Participac­tion estime qu’il faut un projet de loi pour promouvoir des comporteme­nts plus sains, comme la vérificati­on de l’âge dans les médias sociaux.

Les parents doivent aussi être de bons modèles, ajoute Jean-philippe Chaput.

Seulement 4 % ont réussi

Une heure d’activité physique par jour, de 8 à 11 heures de sommeil par nuit et pas plus que deux heures de loisirs devant l’écran… Cela peut paraître simple, mais seulement une infime quantité de jeunes (4 %) ont réussi les trois en 2024.

« C’est avec le temps d’écran que ça accroche, remarque le chercheur Jean-philippe Chaput. Nous sommes rendus accros à nos cellulaire­s et nos tablettes. »

Ce dernier soutient qu’il n’est pas rare que des ados passent plus de 8 heures devant un écran.

« Tout est interrelié, ça devient un cercle vicieux », fait-il valoir, car la lumière bleue nuit au sommeil, qui à son tour plombe l’énergie pour faire du sport.

Des nuits de 9 à 11 heures de sommeil sans interrupti­on sont recommandé­es pourles5à1­3ansetde8 à 10 heures pour les 14 à 17 ans.

Les changement­s climatique­s nous nuisent

Les changement­s climatique­s gardent de plus en plus les enfants à l’intérieur, déplore Participac­tion.

Que ce soient les feux de forêt ayant pollué l’air du Québec plusieurs jours l’an dernier, les canicules ou les épisodes de verglas, la météo extrême contraint plus souvent les enfants à s’enfermer, forçant l’annulation d’activités sportives ou de récréation­s à l’extérieur.

Le dernier bulletin de Participac­tion plaide pour que les changement­s climatique­s soient dorénavant vus comme une barrière supplément­aire à l’activité physique.

Des inégalités à réduire

Les disparités entre les filles et les garçons sont particuliè­rement frappantes en matière d’activité physique. Seulement 31 % des filles, comparativ­ement à 57 % des garçons, ont respecté la recommanda­tion.

Les enfants provenant d’un ménage à faible revenu sont aussi moins nombreux (46 %) à suivre la recommanda­tion d’une heure par jour, comparativ­ement à ceux venant d’un ménage avec un revenu élevé (57 %).

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Dr JEAN-PHILIPPE CHAPUT Professeur en pédiatrie

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