Le juge menace de nouveau Trump de prison
L’ex-président des États-unis aurait notamment critiqué la rapidité de la sélection du jury dans une entrevue
NEW YORK | (AFP) Le juge au procès pénal de Donald Trump à New York a de nouveau menacé hier l’ex-président américain de prison pour avoir violé son interdiction d’attaquer verbalement les témoins et les jurés.
À l’ouverture de l’audience dans la matinée, le juge Juan Merchan a condamné Donald Trump à une amende de 1000 dollars « pour avoir violé son ordre en faisant des commentaires publics sur le jury et la façon dont il a été sélectionné », selon sa décision écrite. Il l’a aussi averti que de futures infractions seraient « passibles d’incarcération ».
En cause, une interview dans laquelle le prévenu critiquait la rapidité de la sélection du jury, achevée en une semaine, et sa composition présumée, dans une ville très majoritairement démocrate.
La semaine dernière, le juge Merchan avait infligé à Donald Trump 9000 dollars d’amende, soit 1000 dollars par infraction, pour s’en être pris publiquement aux témoins et jurés en marge de son procès et avait déjà menacé de l’envoyer en prison en cas de récidive.
REMBOURSEMENT DE COHEN
Depuis son ouverture le 15 avril, le procès alterne moments de dramaturgie judiciaire et arides séquences très techniques.
Celle de lundi a porté sur le remboursement de Michael Cohen dont un dirigeant de la Trump Organization, Jeffrey Mcconney, a exposé les modalités par le menu. Puis Deborah Tarasoff, de la comptabilité de la Trump Organization, lui a succédé à la barre, s’expliquant notamment sur deux talons de chèques de 35 000 dollars chacun.
L’ancien président vise notamment Michael Cohen, qui s’est retourné contre lui et coopère avec l’accusation, et les jurés, dont il met en doute l’impartialité.
S’il était de nouveau élu, il pourrait, une fois investi en janvier 2025, ordonner l’abandon des deux procédures fédérales à son encontre, à Washington, mais aussi en Floride (sud-est), où il est poursuivi pour sa gestion supposément désinvolte de documents classifiés après son départ de la Maison-blanche.
ENCORE DEUX SEMAINES
Au terme d’une nouvelle journée de débats, les procureurs ont indiqué tabler sur encore environ deux semaines pour entendre le reste des témoins dans ce procès inédit pour un ancien président américain.
« Ils veulent deux ou trois semaines de plus », s’est indigné le candidat républicain à la présidentielle de novembre face au sortant démocrate Joe Biden, dénonçant une fois de plus une « ingérence électorale ».
« Et le juge est bien content de leur donner trois semaines de plus parce qu’ils veulent tous m’éloigner de la campagne », a-t-il ajouté.
Ce procès à New York, d’une ampleur moindre, notamment par rapport à son inculpation par la justice fédérale à Washington pour tentatives illégales d’inverser les résultats de la présidentielle de 2020 remportée par Joe Biden, pourrait donc être le seul jugé avant l’élection du 5 novembre.
Dans cette affaire, pour laquelle Donald Trump risque une condamnation et, en théorie, jusqu’à une peine de prison, il est poursuivi pour 34 falsifications de documents comptables qui auraient servi à dissimuler un paiement de 130 000 dollars.
Cette somme avait servi, dans la dernière ligne droite du scrutin présidentiel de 2016, remporté sur le fil face à Hillary Clinton, à acheter le silence de l’ancienne actrice X Stormy Daniels sur une relation sexuelle qu’elle affirmait avoir eue avec le magnat de l’immobilier en 2006.
Une liaison que Donald Trump, alors déjà marié avec son actuelle épouse, Melania, nie catégoriquement.
Les 130 000 dollars avaient été versés par son avocat de l’époque, Michael Cohen, via une société-écran. Il avait été remboursé en 2017 par la holding du milliardaire, la Trump Organization, des dépenses maquillées en « frais juridiques », d’où les poursuites pour falsifications de documents comptables.