« N’investis pas un sou à Québec »
Un dirigeant des Rafales avait tenté de convaincre Miles Wolff de ne pas amener le club dans la Vieille Capitale
Les Capitales ne souffleraient certainement pas 25 bougies sans l’entêtement de Miles Wolff, qui a décidé, en 1999, d’investir à Québec pour devenir le propriétaire de l’équipe malgré les avis contraires. Parmi ces voix s’élevait celle d’un dirigeant des défunts Rafales de Québec, qui a imploré l’homme de baseball de regarder ailleurs.
Vingt-cinq ans plus tard, les langues se délient et il est fascinant d’écouter Wolff revenir sur les débuts de l’équipe, lors d’une entrevue téléphonique.
Wolff, qui devait au départ s’établir à Québec dans le but de dénicher des investisseurs qui pourraient rapidement le remplacer, a finalement tenu l’équipe à bout de bras jusqu’en 2010.
Et dire qu’à ses premières visites à Québec, un membre de la direction des Rafales, qui ont oeuvré dans la Ligue internationale pendant deux saisons entre 1996 et 1998, a tout tenté pour le dissuader.
« Je connaissais quelqu’un que je ne nommerai pas. Je l’ai rencontré au bar du Château Frontenac pour avoir ses impressions. Il m’a dit : “N’investis pas un sou à Québec, ils n’aiment pas les Américains ici. Ce sera un échec et c’est un marché affreux” », raconte Wolff, de sa résidence en Caroline du Nord.
EN TOUTE CONFIANCE
Heureusement pour les supporteurs des Capitales devenus nombreux, Wolff s’est fié à son instinct, qui ne l’a certainement pas trompé.
Il faut dire qu’il en a vu d’autres dans son incroyable épopée dans le baseball. Véritable père fondateur du baseball indépendant, il a été identifié, en 2014, comme la 79e personne la plus influente dans l’histoire du baseball par nul autre que l’historien officiel du baseball majeur, John Thorn.
Wolff avait réussi un premier grand coup en 1980 lorsqu’il avait acheté les Bulls de Durham, qui ont connu du succès au point d’inspirer le légendaire film Bull Durham. Il a eu le même sentiment en imaginant le baseball à Québec.
« La seule chose, c’est que le stade était dans un état si lamentable que j’avais de la difficulté à concevoir qu’il puisse être rénové. Six mois plus tard, les travaux étaient commencés. Des partisans étaient sur place pour s’occuper de la peinture parce qu’ils tenaient à avoir du baseball. J’ai vu ça comme un très bon signe. »
UNE IMMENSE FIERTÉ
Malgré l’immense succès à Durham, l’homme de 81 ans voit plutôt les Capitales comme son meilleur coup.
« Je n’ai jamais rien fait qui m’ait rendu aussi fier. Les Bulls de Durham étaient formidables et financièrement, ils m’ont amené les fonds pour me lancer dans le baseball indépendant. Mais quand je regarde les Capitales, j’adore ce que l’équipe est devenue. C’est tout ce dont j’ai toujours rêvé à propos du baseball indépendant, avec des joueurs locaux et des foules enthousiastes. »
Quand on demande à Miles Wolff quels ont été les moments les plus importants dans l’histoire des Capitales, il ne souligne pas les championnats.
Il préfère parler de l’implication de propriétaires locaux et du moment où il a embauché celui qui est devenu l’homme à tout faire dans l’organisation, Michel Laplante.
En 1998, la fierté de Val-d’or lançait pour le Black Wolf de Madison, dans la Ligue Northern, et commençait à envisager la retraite.
Le gérant Al Gallagher avait occupé les mêmes fonctions pour Wolff à Durham et il lui a parlé de Laplante.
« J’ai offert à Michel de l’embaucher à temps plein pour qu’il aide aussi dans les bureaux à l’année. Quand tu montes une organisation dans un pays étranger, tu as besoin d’employés qui parlent la langue locale et je n’avais aucun contact dans le baseball qui parlait français. Probablement que l’équipe ne serait plus là si Michel n’avait pas été aussi impliqué. Il est, de loin, ce qui est arrivé de plus important à cette organisation », a-t-il encensé.
«ÇAMERENDHEUREUX»
Il serait toutefois absurde de ne pas saluer l’audace et la vision de Wolff dans l’aventure des Capitales.
« C’est parti d’une visite d’un vieux stade en décrépitude à l’une des meilleures franchises dans le baseball indépendant. Quand j’y pense, ça me rend heureux », résume-t-il parfaitement.