Le Journal de Quebec

La Cour fédérale déboute la demande de futurs expropriés

La voie de contournem­ent du chemin de fer à Lac-mégantic passe sur leur terrain

- RAPHAËL PIRRO

La Cour fédérale a débouté les propriétai­res de terrains qui contestent leur expropriat­ion par Ottawa pour faire place à la future voie de contournem­ent du chemin de fer à Lac-mégantic.

« C’est sûr qu’on est déçus. Là, il reste la question de l’appel possible [à la Cour d’appel fédérale]. On a un mois pour se revirer de bord », a déclaré au téléphone l’avocat Jean-claude Boutin, qui représente les demandeurs.

De son côté, le ministre des Transports Pablo Rodriguez a célébré un jugement « qui vient démontrer qu’on fait les choses de la bonne façon ».

« Ça fait plus de 10 ans que Lac-mégantic vit avec le souvenir de cette tragédie. Le train doit sortir du centre-ville. On va de l’avant avec la voie de contournem­ent », a-t-il tranché dans une déclaratio­n écrite.

Dans sa décision de 58 pages rendue mercredi, le juge Nicholas Mchaffie a rejeté la demande de la quinzaine de propriétai­res qui cherchaien­t à faire annuler les avis d’expropriat­ion et à stopper les travaux « irréversib­les » sur les terrains.

Ceux-ci accusaient de « partialité » l’ancienne ministre fédérale des Travaux publics et des Services gouverneme­ntaux Helena Jaczek lorsqu’elle a donné le feu vert au processus l’année dernière.

LE DROIT D’EXPROPRIER L’EMPORTE

Le juge a soutenu que la Loi sur l’expropriat­ion du Canada et la jurisprude­nce en la matière « confère[nt] à la ministre un large pouvoir discrétion­naire », faisant en sorte que sa décision « est sujette à un faible degré de contrainte juridique ».

« Il est clair que les demandeurs sont opposés au projet de voie ferroviair­e de contournem­ent de Lac-mégantic et à l’expropriat­ion de leurs biens-fonds pour réaliser ce projet, et ce, avec conviction », explique le juge Mchaffie dans sa conclusion.

« Cela dit, poursuit-il, l’opposition à une expropriat­ion, nonobstant sa bonne foi et la force avec laquelle elle est soutenue, n’est pas un motif légal pour annuler une expropriat­ion ou la décision de la ministre de la confirmer. »

« PIRE QUE NORTHVOLT »

L’avocat Jean-claude Boutin estime que le projet de contournem­ent prévu est « pire que Northvolt ».

« Northvolt, c’est un investisse­ment pour le futur. Nous autres, c’est pour une affaire qui n’est pas nécessaire. Ils vont tout détruire l’environnem­ent, et en plus, ils veulent dépenser 1 milliard », a pesté l’avocat Jean-claude Boutin.

L’office des transports doit toujours donner son aval à l’expropriat­ion, mais pour ce faire, il doit analyser un plan exhaustif qu’a encore à étoffer Canadien Pacifique (CP), propriétai­re du chemin de fer depuis 2019.

Ce long processus n’empêche pas Transports Canada de préparer le terrain pour débuter les travaux une fois que l’office des transports annonce sa décision.

Le juge Mchaffie souligne que le ministère fédéral a reçu « environ 1500 opposition­s aux expropriat­ions envisagées ».

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ET CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DU SITE WEB DE TRANSPORTS CANADA ?? Le site où le dérailleme­nt de train à Mégantic a eu lieu dix ans après le drame. En mortaise, le tracé actuel de la voie de contournem­ent à Lac-mégantic, en bleu, par rapport à la voie existante, en rouge.
PHOTO D’ARCHIVES ET CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DU SITE WEB DE TRANSPORTS CANADA Le site où le dérailleme­nt de train à Mégantic a eu lieu dix ans après le drame. En mortaise, le tracé actuel de la voie de contournem­ent à Lac-mégantic, en bleu, par rapport à la voie existante, en rouge.

Newspapers in French

Newspapers from Canada