Le Journal de Quebec

Joe Biden est coincé entre l’arbre et l’écorce avec Gaza

- @Pmartin_udem

Pendant que les manifestan­ts propalesti­niens traitent Joe

Biden de génocidair­e pour son appui à Israël contre le Hamas, les républicai­ns lui reprochent de ne pas donner carte blanche à Benyamin Nétanyahou. Il doit faire quelque chose comme il faut.

Cette semaine, pendant que son opposant écoutait une actrice porno relater les détails de sa rencontre avec lui, Joe Biden naviguait entre les écueils du conflit Israël-hamas.

Le défi est de taille : que faire avec un gouverneme­nt Nétanyahou qui a perdu tout sens de la mesure dans sa riposte aux horribles attaques du Hamas le 7 octobre dernier ?

APPUYER ISRAËL À TOUT PRIX ?

Biden a déjà payé cher son appui à Israël, alors que des manifestat­ions contre la guerre à Gaza font rage dans les campus universita­ires (voir le chiffre de la semaine).

On serait porté à croire que ce sont ces pressions qui l’ont motivé à menacer Netanyahou de limiter l’approvisio­nnement en armes lourdes si les forces israélienn­es s’en servent contre des civils à Rafah.

Cela a peu de chances de satisfaire les militants propalesti­niens ou ses opposants républicai­ns. Ces derniers font de la petite politique en qualifiant toute critique du jusqu’au-boutisme de Nétanyahou d’antisémiti­sme ou d’abandon de l’appui des États-unis à Israël. Le sénateur Ted Cruz a même traité l’administra­tion Biden de plus anti-israël de l’histoire.

C’est ridicule. Limiter les pires excès de Nétanyahou n’est ni antisémite ni anti-israël.

Les militants propalesti­niens qui scandaient « F... Joe Biden » à l’unisson avec des trumpistes en Alabama la semaine dernière ne voteront pas pour Biden et n’ont probableme­nt jamais songé à le faire, même si les positions de Trump sur Gaza sont encore plus intransige­antes.

LE SPECTRE DE 1968

Les républicai­ns ont intérêt à ce que le conflit et les manifestat­ions perdurent. Leur rêve serait une reprise de l’année 1968, quand les manifestat­ions contre la guerre du Vietnam avaient créé d’immenses perturbati­ons sociales et avaient transformé la convention démocrate de Chicago en un gigantesqu­e théâtre de confrontat­ion qui avait pavé la voie de la Maison-blanche pour Nixon.

La convention démocrate sera encore à Chicago cet été et on craint certains troubles, mais ça n’atteindra pas l’ampleur de 1968. Sur les campus où sont concentrée­s les manifestat­ions, l’immense majorité des étudiants souhaite d’abord compléter leur session en paix. Si la guerre du Vietnam était une réalité bien présente pour les jeunes en 1968, on ne peut pas en dire autant du conflit à Gaza.

Ceux qui cherchent des motivation­s électorali­stes à court terme pour expliquer l’action de Biden se trompent. La seule option électorale­ment avantageus­e pour Biden est celle qui pourrait éviter que ce conflit devienne encore plus catastroph­ique qu’il l’est déjà et que disparaiss­ent les derniers vestiges d’une chance d’approcher une paix durable dans la région.

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Nétanyahou quelques jours après les attaques du 7 octobre dernier. Aujourd’hui, la relation entre les deux leaders est plus tendue que jamais. En mortaise : manifestat­ion propalesti­nienne sur le campus de l’université Columbia à New York.
PHOTOS AFP Joe Biden et le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou quelques jours après les attaques du 7 octobre dernier. Aujourd’hui, la relation entre les deux leaders est plus tendue que jamais. En mortaise : manifestat­ion propalesti­nienne sur le campus de l’université Columbia à New York.
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