Le Journal de Quebec

Ils craignent que l’usine Ford soit un « éléphant blanc »

- FRANCIS HALIN

Face à l’usine d’ultium CAM (GM-POSCO), de l’autre côté de la route, l’usine de 1,2 milliard $ d’ecopro CAM et de Ford, dont la constructi­on vient d’être paralysée, inquiète des citoyens du coin, qui craignent de se retrouver avec « un éléphant blanc ».

« C’est sûr que Ford, on s’attendait à ce que ça lève de terre plus que ça », lance spontanéme­nt au Journal Maxime Boisvert, agent de Place aux jeunes de la MRC de Bécancour, qui a pour mission d’aider les 18 ans à 35 ans à trouver un boulot en région.

« Les gens ne veulent pas avoir un éléphant blanc ou une structure non terminée. Faut pas que ça soit ça », ajoute-t-il.

À Nicolet, sur le boulevard Louis-fréchette,

l’organisme sent bel et bien un engouement pour les emplois de la filière batterie. Chaque semaine, Maxime Boisvert reçoit une bonne dizaine de CV de jeunes et moins jeunes, qui veulent être certains de pouvoir monter dans le train.

PLUIE D’EMPLOIS

Plus de 1500 emplois directs doivent voir le jour à Bécancour et jusqu’à 5000 associés à ce domaine, prévoit la Municipali­té.

Alors qu’il a de bons contacts pour les postes disponible­s avec l’équipe d’ultium CAM et de Nemaska Lithium, Maxime Boisvert affirme n’avoir pas trop de nouvelles du géant américain Ford.

« Il y a une incertitud­e », résume-t-il. Fin avril, la constructi­on de l’usine de cathodes stratégiqu­e d’ecopro CAM et de Ford a été mise sur pause, mais le cabinet du ministre de l’économie, Pierre Fitzgibbon, avait assuré au Journal que « tous les projets suivent leur cours ».

« Ford avec les Coréens sont en train de revoir, d’ajuster leurs technologi­es, mais on me dit qu’il n’y a aucune inquiétude, l’usine va être construite », avait réitéré le premier ministre Legault lors d’une visite de l’usine voisine d’ultium CAM.

« C’EST STRESSANT »

Or, même si François Legault se fait rassurant, ces derniers jours à Bécancour, plusieurs citoyens ont fait part au Journal de leurs craintes de voir le projet de Ford à l’arrêt.

« Le fait que ça soit mis sur pause [l’usine de Ford], c’est ça qui est dommageabl­e un peu », raconte Yan Larocque, propriétai­re d’un magasin d’informatiq­ue et de fleurs à Bécancour.

« Pour certains entreprene­urs, c’est stressant que ce soit mis sur pause. Estce une pause temporaire ou qui risque d’être permanente ? » se demande-t-il. Les entreprise­s interrogée­s à ce sujet par Le Journal étaient avares de commentair­es, préférant ne pas se mouiller.

Alors que Snc-lavalin confirme avoir démobilisé son équipe du chantier avec la fin de son contrat le 30 avril dernier, Ecopro assure que l’usine verra bel et bien le jour.

« Le projet ne sera pas abandonné. Les trois partenaire­s de la coentrepri­se sont activement engagés dans des discussion­s visant à optimiser les opérations », assure André Bouthillie­r, vice-président exécutif du cabinet de relations publiques NATIONAL.

Newspapers in French

Newspapers from Canada