Le Magazine de l'Auto Ancienne
CAMIONNETTE FORD T 1927
SARTO MAROIS, ST-JEAN-SUR-RICHELIEU, QC
La célèbre Ford modèle “T”
La première Ford « T » est née le 1er octobre 1908. Le prix de vente était alors de 850 dollars. En 1912, la production atteignait 100 000 unités au prix moyen de 600 dollars chacune. Un million de « T » avaient été produites en 1919 et le prix abaissé à 450 dollars. Enfin, le chiffre de 10 000 000 était atteint en 1925 : l’acheteur pouvait alors se procurer une Ford pour 350 $ seulement, tout en bénéficiant d’un équipement électrique complet et d’un aspect un peu moins dégingandé. La dernière Ford « T » fut finalement fabriquée en 1927.
Cette réduction constante des prix de vente ne nuisait aucunement aux bénéfices de l’usine. Bien au contraire!
Henry Ford n’avait pas inventé la production à la chaîne, car contrairement à ce que l’on raconte, c’est Oldsmobile qui, dès 1901, commence à fabriquer son fameux modèle « curved dash » sur une chaîne de montage très fonctionnelle. Ford, lui, a perfectionné ce système et a su l’adapter aux besoins de son usine.
Sur un châssis unique, plusieurs carrosseries, dont de nombreux éléments communs, furent adaptées. Ce qui réduisait sensiblement les coûts de production. Ford fut également un des premiers industriels de l’automobile à recycler les composantes de voitures envoyées à la casse : pratiquement tout était recyclé! Métal, fonte, vitres et même le crin de cheval des banquettes! Progressivement, au fil des ans, la sympathique « T » est devenue de plus en plus jolie et ressemblait davantage aux autres voitures de son époque.
La Ford « T » baptisée la « Ford à pédales » était caractérisée par un système unique de changement de vitesse « automatique ». Beaucoup d’usagers redoutaient l’emploi des boîtes de vitesses classiques de l’époque. Fragiles, bruyantes, de manoeuvre délicate, elles rebutaient nombre d’automobilistes, et l’extrême facilité d’emploi de la boîte « planétaire » de Ford où aucune fausse manoeuvre n’était à redouter, ne pouvait que plaire à des utilisateurs peu familiarisés avec la mécanique conventionnelle.
Les trois pédales assuraient la bonne marche de l’auto : celle de gauche poussée à mi-course plaçait l'embrayage au neutre, puis, une fois enfoncée à fond, lla petite vitesse, puis revenue tout en haut, la grande vitesse. Celle du centre actionnait la marche arrière, le débrayage étant assuré, on s'en souvient, par la pédale de gauche à mi-course. La pédale de droite agissait sur le mécanisme des freins aux roues arrière. En cas d’urgence, l’on pouvait sans risque, actionner la pédale de marche arrière!
La vitesse du moteur était régie par deux manettes placées sous le volant, l’une réglant l’admission des gaz, l’autre l’avance à l’allumage à laquelle le moteur était très sensible. Enfin, un pointeau, réglable au tableau de bord, agissait sur le gicleur, enrichissant ou appauvrissant le mélange gazeux. Le moteur « carré » de 4 cylindres ne développait guère plus de 20 cv à 500 tours/minute. Il avait un couple important permettant de rouler presque constamment en prise directe et de grimper les côtes sans ralentir. La vitesse maximale ne dépassait guère 35 milles à l’heure… avec un bon vent derrière!
Bien des voitures ont été associées à de nobles animaux. Le pur-sang de Bugatti, le lion de Franklin, le cormoran de Packard et l’étalon cabré de Ferrari. Plus modestement, la Ford « T » pouvait se réclamer du mulet, au pied sûr et infatigable, malmené par son maître et pourtant toujours prête à assumer les plus rudes besognes. Campée sur ses roues grêles, secouée au ralenti au rythme cahoté de son moteur, le corps haut perché, la Ford « T » évoque un peu l’animal tremblant perché sur ses minces jambes qui attend, résigné, son chargement.
La Ford « T » est passée à l’histoire, et sa longue vie ressemble un peu à celle de la Volkswagen qui fit partie du quotidien de plusieurs générations d’automobilistes.
Il est à noter que la Ford « T » fut aussi fabriquée au Canada et que la majorité des Ford de cette époque achetées par les Québécois provenait des usines canadiennes. Il y avait même des différences de constructions au niveau de la carrosserie et de certains détails techniques. Ce sont là des informations que tous les Fordistes connaissent, sans oublier les blagues classiques dont la Ford était l’objet. On dit même qu’Henry Ford lui-même était très friand de ces histoires drôles… Par exemple :
« Pourquoi le différentiel des Ford « T » est-il aimanté? »
« Pour ramasser les pièces qui tombent de l’avant de l’auto…! »
« Pourquoi un homme a-t-il insisté pour qu’on l’enterre dans sa Ford « T » au moment de son décès? »
« Elle m’a toujours sorti du trou…elle le fera bien une autre fois! »
Et cette dame qui fit parvenir 250 boîtes de conserve vides chez Ford…afin qu’on lui envoie, en échange une Ford de l’année…
Autant d’anecdotes qui ne firent que populariser d’avantage la Ford « T ».
Mais derrière l’incroyable exploit de la Ford T se cache aussi les limites du fordisme. À force d’une standardisation poussée à l’extrême, la Ford T ne fut que peu modifiée au cours de son cycle de vie; les constructeurs s’engouffrent dans cette brèche en proposant des voitures plus modernes, plus attractives, tout en offrant des prix contenus. Dès lors, les ventes de la Ford T s’essoufflent, Ford passe ainsi de 44 % de part de marché américain en 1924 à 36 % en 1926.
Pour tenter de remédier aux faiblesses du modèle, quatre teintes sont alors proposées sur la Ford T. Mais cela n’y fera rien, en 1927, Ford met un terme de la production de la T le 18 mai 1927 après 16 482 040 exemplaires produits. Un record qu’elle conservera une bonne partie du siècle, avant de se faire détrôner par une certaine Volkswagen Cocinnelle…
En 1928, le vénérable modèle « T » cède la place au fameux modèle « A », mais ça, c’est une tout autre histoire!
Nous vous présentons en annexe quelques publicités de Ford « T » du Québec et d’ailleurs.
N’hésitez pas à me contacter si vous désirez des informations supplémentaires au sujet de ces merveilleuses Ford « T »! Je suis un Fordiste convaincu et je peux vous jurer que je ne suis pas prêt de perdre la foi en la Ford « T ».
MA BELLE HISTOIRE
J’ai toujours eu une attirance et un goût particulier pour les voitures anciennes. Au fil des ans, j’en ai possédé et restauré plusieurs, de facture Ford et Chevrolet. Ce qui me motive surtout, c'est la simplicité mécanique de ce type de véhicules, l’abondance de pièces de rechange et la facilité inhérente à leur restauration. Je trouve également que l’auto ancienne sous toutes ses formes est la panacée idéale au stress de la vie car elle nous permet d’échapper aux multiples problèmes de l'existence, surtout en cette époque covidienne. C’est donc un hobby qui mérite de faire partie de la liste des « meilleurs médicaments » disponibles sur le marché.
Que vous achetiez une voiture d’origine ou complètement restaurée, que vous optiez pour un projet de restauration de longue haleine, tout est une question de choix et de budget personnels.
J’ai toujours préféré restaurer les véhicules qui m’intéressent car c’est ma façon de profiter au maximum de ces beaux objets sur quatre roues. La pandémie actuelle nous fait réaliser l’importance de cette passion nostalgique intemporelle qui nous permet de passer d’agréables moments dans notre bulle de bonheur personnalisée à nulle autre comparable.
Profitez bien de la vie et vivez vos passions au rythme de vos joies quotidiennes!
Bonne santé et bonne route en 2021!