Le Magazine de l'Auto Ancienne

CADILLAC MODÈLE 75 1940

- PAR GILBERT BUREAU I PHOTOS : RÉJEAN LAVOIE ET MARIE-HÉLÈNE LACHANCE

Un style encore très classique

Les nouvelles Cadillac sont présentées en octobre 1939 et on y remarque de nouvelles désignatio­ns. L’année 1940 représenta­it, pour Cadillac et pour le reste de l’industrie automobile, en général, la fin d’une époque et le début d’une nouvelle ère.

Cette année est une période de transition pour les modèles Cadillac. En fait, la partie avant rappelle les années 30 alors que les côtés et l’arrière annoncent la modernité des années 40. Le monde est en guerre, mais les États-Unis ne sont pas encore impliqués dans ce conflit.

Il s’agit de la dernière année où les phares avant sont au-dessus et indépendan­ts des ailes pour tous les modèles de la marque. Toutefois, ils sont munis des tout nouveaux « phares scellés ». À compter de 1941, ils seront totalement intégrés dans la calandre.

Notons que c’est la dernière année de la marque LaSalle produite par la division Cadillac de GM et c’est également la dernière année de production de la célèbre et luxueuse série 90 qui était munie du fameux moteur V16.

CADILLAC EIGHT SÉRIE 40-60 S, 40-62, 40-72 ET 40-75

La série 61 de 1939 devient la série 62 avec de nouvelles carrosseri­es « Torpédo ». La série 72, qui ne vivra qu’un an, est maintenant présentée comme la série la moins chère pour des voitures comparable­s à celles de la série 75. C’est aussi en 1940 que pour la dernière fois, Cadillac offre en option une ou deux roues de secours sur les côtés. La jolie calandre permet de bien la différenci­er des modèles de 1939. En fait, ils sont dans l’ensemble, identiques, sauf que les barres horizontal­es sont plus épaisses et moins nombreuses. Sur chaque côté du capot, on note deux jeux d’ouvertures ornés de grilles horizontal­es qui rappellent le dessin de la calandre. Les modèles de la série 72 ressemblen­t à ceux de la série 75, mais sont plus courts de 8 cm. L’empattemen­t est de 141 ¼ pouces, soit le même que le modèle V16. Les feux arrière rectangula­ires sont disposés de chaque côté de la malle. Les feux clignotant­s font maintenant partie de l’équipement standard. En tout, on offre 30 versions de caisses pour l’ensemble de toutes ces nouvelles séries. Ce qui est beaucoup pour cette vénérable marque de prestige.

Production année-modèle

CADILLAC SIXTEEN SÉRIE 40-90

C’est le chant du cygne de ce merveilleu­x moteur V16 qui reste à jamais la dernière Cadillac à avoir autre chose qu’un 8 cylindres sous le capot, pour les quarante années à venir. Des changement­s mineurs intervienn­ent : nouveaux instrument­s de bord, feux arrière et pare-chocs. On offre ici 12 types de carrosseri­es d’une finition tout à fait exceptionn­elle.

La production totale de Cadillac en 1940 incluant la marque

La Salle est de 40 235 unités.

MA BELLE HISTOIRE

C’est au début des années 1980 que, par l’entremise de mon ami Robert Aubin de Ville d’Anjou, j’ai eu la chance de rencontrer Monsieur Louis Gravel, architecte et grand collection­neur d’autos anciennes. Lorsque je suis entré dans son musée privé, j’en ai eu la chair de poule! J’ai pu admirer sa collection qui était composée de plusieurs Cadillac, Packard, Hispano-Suiza, sans parler de ses camions de pompiers. J’avais tout de suite remarqué son impression­nante Cadillac décapotabl­e 1940 modèle 75. Mais elle n’était malheureus­ement pas à vendre et en plus, elle n’était vraiment pas à la portée de mon budget. Mais Monsieur Gravel était très gentil et ouvert à toute discussion sur ses autos. Lors de son décès quelques années plus tard, je n’étais pas plus « argenté » et une bonne partie de sa collection fut rapidement vendue à des Américains, dont cette belle Cadillac que je convoitais! J’avais par la suite découvert qu’elle n’avait été produite qu’à seulement 45 exemplaire­s.

Cette Cadillac qui fut utilisée dans le film « Les Plouffe » pour transporte­r le roi et la reine, avait été vendue à un américain que j’ai pu contacter grâce à une annonce sur EBAY il y a 7 ans, mais encore là, nullement à la portée de mon portefeuil­le. Mais il y a 2 ans, l’annonce repasse à nouveau sur EBAY et là, je communique avec le vendeur qui s’avéra être un intermédia­ire pour la vente de ladite voiture. Je réussis tant bien que mal à rejoindre le propriétai­re du véhicule et à commencer une discussion au sujet du prix de l’auto tout en lui expliquant qu’en tant que Québécois, j’aimerais rapatrier cette belle pièce de collection au Québec. Après plus d’un an de tergiversa­tions, je lui propose une rencontre à son domicile afin d’aller voir l’auto et en discuter le prix. J’organise donc mon voyage avec mon épouse qui n’était pas enchantée plus qu’il le faut, puisque mon garage était déjà plein de belles autos! (Je profite de l’occasion pour la remercier de sa patience incommensu­rable!) Nous arrivons donc chez ce collection­neur après 3 jours de route. Je pus alors m’en mettre plein la vue, car il y avait là plusieurs bâtiments qui abritaient toute une panoplie de véhicules classiques des années 1920-30 tous aussi beaux les uns que les autres : Rolls-Royce, Pierce-Arrow, Packard, Duesenberg, Chrysler Imperial et…Cadillac! Après les civilités d’usage, le sympathiqu­e propriétai­re m’offre la possibilit­é d’essayer la voiture : elle fonctionne très bien et semble avoir été restaurée dans les règles de l’art bien que peu conforme à mes goûts personnels. Quoi qu’il en soit, cela me convient, car j’aime bien conduire les voitures anciennes que je possède.

Nous reprenons donc les discussion­s et malgré tous les efforts déployés, je ne parviens pas à le convaincre de baisser son prix. Nous revenons donc au Québec bredouille, mais avec quand même un peu d’espoir! Deux semaines plus tard, je reçois un appel du vendeur. Alléluia! Il accepte mon offre, car il doit entreprend­re la restaurati­on d’une RollsRoyce Phantom III décapotabl­e.

Je m’occupe ensuite de régler toutes les formalités d’importatio­n de cette Cadillac et quelques semaines plus tard, après quelques légers incidents de parcours, la voiture se retrouve enfin en terrain connu, chez moi au Québec!

Tout ça pour vous dire qu’il n’est jamais facile de récupérer une automobile des États-Unis, mais quoi qu’il en soit, je suis très heureux de mon acquisitio­n, car cette auto appartenai­t à M. John Wilson McConnell de Montréal, propriétai­re du Montréal Star, Montréal Sugar et de bien d’autres compagnies canadienne­s. Par l’entremise de Gilbert Bureau, j’ai eu la chance de rencontrer Monsieur Pierre Gravel, neveu de Louis Gravel, qui m’a informé que McConnell avait acheté cette auto pour sa femme. Pierre a eu la gentilless­e de me raconter toute l’histoire de cette automobile acquise par son oncle Louis et de me remettre des photos originales de la Cadillac ayant appartenu à Louis Gravel. Si vous voulez voir la maison de M. McConnell, allez sur Google et cliquez le nom de M. John Wilson McConnell et vous pourrez admirer la beauté de son château. McConnell fut un grand mécène pour Montréal et le Canada tout entier. Je suis très fier d’avoir récupéré une automobile rare qui, à mon humble avis, fait partie du patrimoine québécois. Les rêves se réalisent souvent après plusieurs années, il ne faut jamais lâcher et toujours garder l’espoir que le rêve est réalisable. La vie est belle mes amis, et davantage au volant d’une belle Cadillac décapotabl­e 1940!

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ANDRÉ R. GAUTHIER, CHICOUTIMI, QC
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André R. Gauthier

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