Le Magazine de l'Auto Ancienne
Quel avenir pour le marché des voitures de collection?
Le marché des voitures d’occasion a connu un grand nombre de changements : d’un marché stable pour connaisseurs à une véritable mine d’or pour finalement connaître une période d’austérité, les changements sur ces 10 dernières années sont même plus importants que ceux survenus dans les cryptomonnaies. Avec de telles variations, il est difficile de savoir clairement de quoi l’avenir sera fait. Nous nous sommes entretenus avec un expert en voitures de collection, Jan-Bart Broertjes, afin de voir comment se porte le marché aujourd’hui et de discuter des tendances futures. TENDANCES GÉNÉRALES
Il semble qu’il y a de moins en moins de personnes enclines à investir dans des voitures particulièrement chères. Jan-Bart l’explique ainsi : « Nous constatons que les valeurs supérieures (plus de 150 000 $) sont beaucoup plus difficiles à vendre qu’il y a quatre ou cinq ans. En revanche, la tranche la plus abordable du marché (entre 6 000 et 20 000 $) est en plein essor. Entre 2010 et 2014, la collection automobile avait la cote dans les médias, qui conseillaient aux gens d’investir dans les voitures de collection plutôt que de laisser leur argent à la banque. Bien entendu, le nombre limité de modèles de collection en circulation a fait flamber les prix. Maintenant, les gens ont cessé d’investir dans ces produits, et le marché est retourné aux mains des vrais passionnés ».
« Dans un futur proche, l’environnement pourrait avoir un impact considérable sur le marché des voitures de collection. La réduction des émissions est un objectif de plus en plus important et les gouvernements multiplient les mesures contre les véhicules qui ne respectent pas certaines normes. Ce qui veut dire que conduire une automobile ancienne pourrait devenir de plus en plus coûteux. Nous constatons déjà que la demande pour les automobiles d’avant-guerre est sur la pente descendante, ce qui pourrait bien être une conséquence de ces mesures ».
L’ESSOR DES « MILLÉNIAUX »
L’un des grands changements de ces dernières années est l’afflux des jeunes nés aux alentours des années 1980-1990 sur le marché des voitures de collection. « Les passionnés ont tendance à acheter les voitures dont ils rêvaient quand ils étaient plus jeunes, raison pour laquelle la demande se déplace vers des modèles plus récents. Ceux d’avant-guerre et des années 1950 et 1960 se démodent donc logiquement. Les jeunes acheteurs renoncent au « cool » traditionnel, celui des voitures sportives et agressives (et chères), pour s’orienter vers des modèles avec lesquels ils ont un lien d’affection, et plus important encore, qu’ils peuvent se permettre d’acheter.
Sans surprise, les jeux vidéo ont également contribué à la popularité de certains modèles. « Beaucoup de gens nés dans les années 1980-1990 ont grandi dans l’univers des jeux vidéo tels que Need for Speed, Gran Turismo et Forza, créant ainsi un lien émotionnel avec certaines voitures dès leur plus jeune âge. Ils sont désormais assez vieux pour conduire et, avec un peu de chance, se procurer les voitures de leurs rêves ».
SANS PRIX DE RÉSERVE
Les ventes aux enchères ont toujours été une part importante du marché de l’automobile de collection. Ces dernières années, cependant, les ventes se sont peu à peu déplacées des lieux physiques au monde connecté, rendant le marché accessible à un public mondial. Bien sûr, la livraison est moins aisée que lorsque l’on achète des timbres ou des pièces de monnaie, par exemple, mais pour trouver un modèle très précis, il est bien plus judicieux d’ouvrir les yeux sur les offres du monde entier.
Une autre caractéristique du monde de la vente aux enchères : le prix de réserve. Il s’agit du prix minimum fixé par le vendeur afin de garantir que l’automobile ne puisse être vendue que s’il est atteint. Force est de constater qu’autant hors ligne que sur internet, on voit de plus en plus de voitures de collection proposées sans prix de réserve. Les modèles proposés sans prix de réserve sont vus comme les indicateurs de leurs valeurs réelles sur le marché; un thermomètre en quelque sorte. Certains vendeurs ont parfois des attentes irréalistes quant à la valeur de leurs voitures, ils fixent des prix de réserve trop élevés et les voitures ne trouvent pas preneur.
« Il est tout à fait compréhensible que les vendeurs apprécient le confort d’un prix de réserve, mais ce dernier peut apparaître comme décourageant pour les enchérisseurs. Voire rédhibitoire. Les voitures sans prix de réserve attirent plus d’enchérisseurs qui peuvent être amenés à batailler, faisant parfois exploser le prix de vente final. C’est un risque pour le vendeur, mais qui vaut souvent la peine », souffle Jan-Bart.