Le Magazine de l'Auto Ancienne

GARAGE J. A. PRÉFONTAIN­E

LE GARAGE DE SAINT-BASILE-LE-GRAND

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Une première automobile

En 1917, Antonio Préfontain­e, 28 ans, cultive encore la terre à Saint-Basile-le-Grand sur le rang des Vingt-Quatre (aujourd’hui rue Principale) lorsqu’il devient propriétai­re d’un véhicule automobile qu’on peut apercevoir sur la photo où Églantine Lapalme, son épouse depuis un an, se tient debout dans la voiture telle une guerrière.

Voyage en auto au Massachuse­tts

Antonio et Églantine partent en voyage aux États-Unis. En 1921, ayant vendu leur terre l’année précédente, ils vont passer tout le mois de juin à Ware au Massachuse­tts. Ils attendent au début de l’été, car les voitures de l’époque ne possèdent pas de chauffage adéquat d’autant plus que l’habitacle de leur automobile ne peut pas se fermer et qu’il faut craindre les chemins enneigés ou gelés. Pour se rendre à Ware, il faut rouler sur environ 475 kilomètres. L’aventure d’un si long trajet en automobile génère son lot de défis; un tel voyage prend au minimum 15 heures sans les arrêts. À l’époque, on peut penser aux crevaisons fréquentes dues aux roches et surtout aux clous échappés des fers des chevaux, à l’ajout fréquent d’huile en plus de l’essence, à la poussière sur les chemins de terre qui colle aux vêtements et aux accidents fréquents. Une descriptio­n d’un voyage en automobile entre Beloeil et Montréal sur le chemin qui passe par la rue Principale de Saint-Basile-le-Grand en 1927 nous en donne la confirmati­on. « Le trajet de Beloeil au quai de Longueuil était d’environ 31 km. Il fallait compter une heure pour faire ce trajet en auto dans les meilleures conditions, donc sans les crevaisons ou autres pannes très fréquentes à cette époque. Les routes étaient très cahoteuses et les pneus de beaucoup inférieurs à ceux d’aujourd’hui. Une crevaison ou une panne obligeait le conducteur à trouver un endroit sécuritair­e pour s’arrêter. Les routes étant étroites, c’était risqué de s’arrêter sur le chemin pour quelque raison que ce soit ».

Montée du Bord de l’eau

En mars 1921, Antonio Préfontain­e achète une maison au village dans la montée du Bord de l’eau (aujourd’hui, montée Robert). Sur le côté de la maison se trouve un ancien atelier de voiturier qu’Antonio Préfontain­e transforme en un petit atelier de mécanique. Dès 1923, une publicité écrite de Firestone annonce que les automobili­stes peuvent acheter ses pneus qui ont équipé les quatre premières voitures de course à traverser la ligne d’arrivée à Indianapol­is chez St. Bazile le Grand, Que. J. A. Prefontain­e En 1927, la raison sociale « Préfontain­e Antonio, garage » apparaît pour la première fois dans l’annuaire téléphoniq­ue de Bell. Il compte parmi les onze abonnés au téléphone de Saint-Basile-le-Grand. Vers 1928, Antonio ajoute la vente d’essence et d’huile « Red Indian » pour moteur afin d’accommoder les résidents qui possèdent des véhicules motorisés. Cette énorme pompe semble venir après celle du magasin général situé sur la route nationale. Au printemps 1929, Antonio remplace l’ancienne pompe et il en ajoute une nouvelle plus près de la route. Au début de l’été 1930, Antonio ramène en auto sa belle-soeur qui est arrivée à la gare de SaintBasil­e-le-Grand. Il stationne sa voiture devant les deux nouvelles pompes qui dominent distinctem­ent l’automobile. C’est vraisembla­blement Antonio, qu’on aperçoit à l’arrière de sa voiture. À l’avant-plan, ses fils Guy et Jean posent avec leur tante Alice. Le commerce d’Antonio prend de l’ampleur. Les sociétés pétrolière­s prennent de plus en plus conscience du potentiel publicitai­re de leurs pompes. Elles leur ajoutent de la couleur, les surmontent d’un logo.

Déplacemen­t de la maison

Durant l’hiver 1930-1931, Antonio fait déplacer sa maison située dans la montée du Bord de l’eau pour la relocalise­r sur la rue Principale. Antonio entreprend ce déplacemen­t parce qu’il « voit le potentiel offert par l’arrivée des automobile­s. Il s’installe alors sur la route nationale (la route 116 n’existe pas) à l’entrée du village ». Aussi, il mandate Dosithée Parent pour construire un garage de plus grandes dimensions, à côté de la maison. Antonio met l’accent sur une importante fenestrati­on afin de bien éclairer l’espace de travail. Le garage possède trois grandes fenêtres du côté de la maison, deux grandes, une porte pour les automobile­s et une autre pour les personnes en façade et aussi trois autres fenêtres en arrière et sur le côté droit du garage. Les pompes à essence sont aussitôt installées près du chemin. Signe du changement d’époque, le garage s’élève dès l’été de 1931 juste à côté du forgeron du village qui ferre encore les chevaux et répare leurs voitures. Le garage d’Antonio est le premier garage de mécanique automobile de la municipali­té. Dès l’été de l’ouverture du garage, son achalandag­e se manifeste par des voitures et camions stationnés sur son terrain; ce qui indique un besoin des villageois d’avoir un atelier mécanique dans leur communauté. Après quelque temps, Antonio embauche un mécanicien de Varennes. Il entreprend aussi de vendre des automobile­s neuves des marques Buick et Pontiac, probableme­nt durant la décennie de 1930. On ne sait pas quand il en débute le commerce, mais on peut le constater sur une facture datée de 1941, mais imprimée durant la décennie précédente. Les logos des marques automobile­s Buick et Pontiac y apparaisse­nt. Le logo d’une tête d’Amérindien à la droite de la facture réfère à la marque Pontiac de cette période. Le garage J. A. Préfontain­e aurait aussi vendu des automobile­s Packard dans les années 30, mais je n’ai pu confirmer cette anecdote de la famille Préfontain­e. À la face de la facture du 22 mai 1941, on peut penser que les affaires se déroulent plus lentement que les espoirs d’Antonio, car la facture

 ?? ?? Détail de la facture du garage faite pour l'achat de gazoline par Jean Choquette de St-Basile, 22 mai 1941.
Détail de la facture du garage faite pour l'achat de gazoline par Jean Choquette de St-Basile, 22 mai 1941.
 ?? ?? Alice Lapalme arrive de Washington pour passer des vacances à Saint-Basile-le-Grand.
Alice Lapalme arrive de Washington pour passer des vacances à Saint-Basile-le-Grand.
 ?? ?? Églantine et sa soeur Berthe au volant. Les deux hommes en arrière pourraient être leurs deux frères. Vers 1918.
Églantine et sa soeur Berthe au volant. Les deux hommes en arrière pourraient être leurs deux frères. Vers 1918.

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