Le Magazine de l'Auto Ancienne

ON S’EST BIEN AMUSÉ !

- ÉDITORIAL PAR GILBERT BUREAU

Bien avant que les nouvelles génération­s d’autos anciennes arrivent sur le marché de la collection, les activités annuelles avaient un tout autre goût.

Il faut dire aussi que la plupart de nos véhicules dataient d’avant 1940, à part quelques « modernes » des années cinquante que nous acceptions par courtoisie et amitié.

La nature même de ces activités n’avait rien à voir avec celles d’aujourd’hui… Avez-vous déjà entendu parler d’un weekend Halloween à la campagne qui comprenait, entre autres, une chasse à la citrouille (à la brunante) au volant de véhicules éclairant à peine la route secondaire d’un rang peu fréquenté, et qui se terminait par un repas gargantues­que très animé et surtout très arrosé ?

Il y avait aussi les tournées de la semaine au cours desquelles 20 ou même 30 autos d’AVANT-GUERRE parcouraie­nt l’Abitibi, la Beauce, l’Outaouais, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Gaspésie et même les États de la Nouvelle-Angleterre. Sans oublier les rallyes de fin de semaine agrémentés de chasses aux objets bizarres que nous devions exhiber au banquet de clôture…

Je me souviens qu’un ami (en Chandler 1927) avait rapporté aux organisate­urs TOUS les objets requis pour une feuille de route parfaite, incluant 3 poils de vache, un petit banc pour traire la vache (il l’avait acheté au fermier !), un chapeau de paille troué, une chambre à air en bon état et 6 pouces de fil barbelé, sans oublier la date de naissance précise de certains quidams qui dormaient de leur dernier sommeil derrière l’église du village !

En saison froide, il y avait le party de Noël, celui d’Halloween et celui de la Saint-Valentin, presque toujours en costumes d’époque. Quant aux exposition­s annuelles, la très grande majorité des autos s’y rendaient sur « leur pouvoir », très peu de « reines des roulottes » ici ! Il y avait même une Tournée de la bouette sur un terrain humide à souhait, au bout duquel nous attendaien­t les « arroseurs » qui avaient pour mission de « nettoyer » les braves participan­ts (en maillots de bain) et les voitures dégoulinan­tes.

À cette époque, on se rendait aux exposition­s de Stowe, de Bennington, de Lake Placid et de Plattsburg­h au volant de nos véhicules d’avant-guerre en passant par les petits postes de douane. Nous y étions alors reçus à bras ouverts par des douaniers affables qui nous demandaien­t même de les photograph­ier devant nos voitures, comme au temps de la prohibitio­n…

La Tournée d’essai annuelle se faisait souvent au Chalet de la Montagne du Mont-Royal où nous étions escortés par la sympathiqu­e force policière à cheval. Sans oublier la Tournée des pommes chez les Boissonnea­ult au Mont-Saint-Hilaire, ou les parties de sucre dans de VRAIES cabanes perdues en pleine campagne.

Pratiqueme­nt plus rien de tout cela n’existe aujourd’hui. Les amateurs d’autos anciennes se contentent de courir les exposition­s et de s’asseoir derrière leurs voitures. L’esprit de famille a lui aussi disparu de ces rencontres, car la programmat­ion y est pratiqueme­nt la même d’un bout à l’autre du Québec.

Comme disait une actrice célèbre des années 1920 : « The fun we had !» Et c’est vrai qu’on s’est bien amusé, car notre passion collective était surtout orientée vers les autos anciennes d’une toute autre époque. Autre temps, autres moeurs…

Tempus fugit « le temps fuit ».

P.S. Rien n’empêche la nouvelle génération d’amateurs d’autos anciennes de prendre exemple sur cette belle époque et d’organiser des activités moins statiques…

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