Le Magazine de l'Auto Ancienne

SCOOTER LE PLUS DANGEREUX LE JAMAIS PRODUIT?

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En France, Motobecane a pratiqueme­nt inventé le concept du vélomoteur avec sa célèbre Mobylette. Ce vélomoteur qu’on doit pédaler pour lancer le moteur devient si populaire qu’encore aujourd’hui, les gens utilisent le mot «Mobylette» pour décrire n’importe quel petit scooter. En 1951, Vespa arrive en Europe comme un tsunami avec ses scooters. La fiPME de Pantin craint comme la peste la Vespa, ils sont convaincus que Motobecane ne survivra pas à ce raz de marée. Ils doivent réagir très rapidement et tout va aller effectivem­ent très vite. Ils demandent à Geo Ham, un illustrate­ur très connu pour ses magnifique­s publicités de Bugatti et des 24 heures du Mans, de dessiner un scooter qui pourra concurrenc­er Vespa. Le résultat est sublime ! Le scooter est élégant, mignon, avec des courbes qui rappellent un peu la Vespa, mais aussi la Lambretta. Ainsi naît le Motobecane SC 125cc. Du point de vue visuel, ce scooter est un petit chef-d’oeuvre. Puis tout va très vite, le prototype est présenté au salon de la moto de Paris en 1951. En 1952, la production est lancée et il est vendu chez les concession­naires en 1953. Cependant, en 1954, la production est stoppée subitement, tous les exemplaire­s vendus sont rachetés et les scooters sont détruits immédiatem­ent.

QUE S’EST-IL PASSÉ ?

En fait, ils voulaient tellement offrir le scooter rapidement qu’ils ont coupé les coins ronds sur certains détails. Ils vont utiliser un petit moteur 4 temps qu’ils produisaie­nt déjà, qu’ils vont coincer dans la carrosseri­e, qui elle est fabriquée d’un moule en aluminium très épais. Dès les premières livraisons aux clients, ils réalisent que la bougie est totalement inaccessib­le. Il aurait fallu démonter toute la partie arrière du châssis, ce qui exige quelques heures de travail. Donc ils demandent aux concession­s de découper le châssis pour dégager un trou pour la bougie et installer une petite plaque pour cacher ça. Puis, quelques mois plus tard, c’est la catastroph­e. Certains propriétai­res frôlent la mort lorsque le châssis casse en deux! Motobecane n’a pas trouvé mieux que d’utiliser le châssis tubulaire du scooter comme silencieux pour le moteur. Les gaz d’échappemen­t chauds et corrosifs rendent le métal fragile et en moins de quelques milliers de kilomètres, le tube casse juste en dessous du plancher. Cette fois c’est trop et Motobecane rappelle tous les scooters pour destructio­n.

Pour ma part, cela faisait 25 ans que j’en cherchais un. Il en resterait moins d’une douzaine dans le monde. C’est l’an passé que je réalise enfin mon rêve ; un ami qui est un grand collection­neur de New York me l’a offert. C’est, à mes yeux, le plus beau scooter jamais produit. Toutefois, même avec seulement 5000 km au compteur, le châssis menace de céder, j’ai déjà des perforatio­ns de corrosion qui se forment. Aujourd’hui, la réparation du châssis est possible. Pour refroidir les gaz d’échappemen­t, il suffit de rajouter de l’huile à moteur deux-temps à l’essence, le surplus d’huile devrait lubrifier l’intérieur des tubes du châssis. Sinon, quelle magnifique machine ! Le guidon est une pure merveille de design, tout en chrome. Motobecane a survécu et n’a jamais subi de perte de marché. Ce scooter ne fut qu’une étoile filante, mais quelle belle étoile !

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