Le Magazine de l'Auto Ancienne

SCOOTERS LA FERRARI DES

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Si l’automobile a son Enzo Ferrari, le monde du scooter a son Donnino Rumi ! Moto Rumi, un nom peu connu ici, pourtant synonyme de puissance et de vitesse, même pour les scooters.

Donnino Rumi naît en 1906 à Bergano, une petite ville du nord de l’Italie. Sa famille possède une fonderie qui produira au fil des années des composante­s de machines pour l’industrie du textile. Puis, durant les années de Benito Mussolini, l’entreprise familiale obtient alors des contrats de production d’armes, de munitions et même de mini sous-marins. Toutefois, Donnino n’est pas un fasciste et quand les Allemands arrivent en Italie, Donnino se cache et abandonne l’entreprise, refusant de travailler pour les nazis. Malheureus­ement, il finit par être capturé en 1943 et se fait emprisonne­r jusqu’à la fin de la guerre. La guerre terminée, l’Italie est anéantie et Donnino retrouve l’usine familiale détruite. N’ayant pas collaboré avec les nazis, il peut prendre le plein contrôle de l’entreprise et réussit rapidement à relancer sa fonderie. Puis, vers la fin des années 40, à l’instar de plusieurs autres compagnies comme Vespa ou Lambretta, la production

de deux roues devient une solution attrayante pour lui. Mais plutôt que d’offrir un véhicule économique, Donnino

Rumi visera la performanc­e. Il veut faire des scooters et des motos de course en suivant les pas d’Enzo Ferrari. En 1950, Rumi lance une première moto sport qui est propulsée par une petite mer- veille de mécanique, un moteur double cylindres de 125cc deux temps. Un moteur initialeme­nt développé par un ingénieur italien, Pietro Vassena et conçu pour une microvoitu­re. Ce petit moteur est très puissant lorsqu’il est installé dans une moto. C’est une petite merveille et ses pistons sont conçus pour augmenter l’aspiration des gaz d’admission. Il peut développer 6,5 CV, ce qui est énorme pour un 125cc de l’époque. À titre de comparaiso­n, celui de la Vespa ne tire guère plus que 3,5 CV. C’est près du double pour celui de Rumi ! En 1952, le scooter étant en plein essor en Europe, Rumi adapte sa recette sportive à son premier modèle de scooter. Rumi n’y va pas de main morte et lance le Scoiottolo (l’Écureuil). Le châssis de ce scooter est une structure monocoque en aluminium. C’est léger et amalgamé à son petit moteur Twin, c’est une fusée. C’est le scooter le plus rapide au monde à sa sortie ! Mais Rumi n’a pas fini de nous épater. En 1954, il lance un scooter encore plus spectacula­ire, le Formichino (la Fourmi). Cette fois, le châssis du scooter est moulé de fonte d’aluminium poli comme du chrome. Le phare est incorporé dans le design du scooter et fait corps avec le châssis. Pour le phare, Rumi ira même jusqu’à installer un globe de phare qui pivote dans la direction du guidon, un peu à l’image du fameux cyclope de la Tucker ou sur les Citroën DS, articulé par un complexe système de bielles. Le magnifique moteur double cylindres voit sa puissance encore augmentée par l’utilisatio­n de deux carburateu­rs de 22 mm. Une version haute performanc­e est offerte et nommée Bol d’Or en l’honneur de la plus fameuse course de motos de France. Le Formichino est une merveille et une vraie Ferrari comparé aux autres scooters de l’époque. Il sera produit jusqu’en 1966. À la fin des années 60, Rumi peine à survivre. Ses scooters sont trop exclusifs et coûtent une fortune à produire. La compagnie Rumi déclare faillite en 1969. Le vieux Dannino termine ses jours comme artiste sculpteur, lui qui à une autre époque pouvait « sculpter » l’aluminium pour créer une aussi belle pièce que le Rumi Formichino !

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RUMI SCOIOTTOLO 1951
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1955 BOL D’OR FORMICHINO RUMI
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FORMICHINO PHARE DU RUMI

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