Le Magazine de l'Auto Ancienne
ÇA COULE ! OUI, MAIS D’OÙ ?
Aujourd’hui le sujet sera la fuite d’huile moteur entre la transmission et le moteur. Cette fuite très commune sur les voitures d’avant 1980 en agace plus d’un.
Pourquoi on la voit souvent, à presque la trouver normale ? C’est dû à la piètre conception d’étanchéité des ingénieurs de l’époque. Attention, les ingénieurs de l’époque du monde de l’automobile ont accompli des choses grandioses avec les techniques, désirs des clients et mode de la période. Mais sur ce coup-là, cela aurait pu être un petit peu mieux. Toutefois, chapeau à ces gens créatifs.
Le principe d’étanchéité très populaire du moment était d’utiliser un joint fait à partir d’une corde tressée qui incluait de l’amiante. Cette corde, en fait deux morceaux de corde, se plaçait dans une gorge et le vilebrequin s’appuyait dessus. Là où les cordes formaient un cercle autour du vilebrequin. Il n’y avait pas de joint en caoutchouc comme aujourd’hui (qui lui est efficace beaucoup plus longtemps).
Cette corde, une fois comprimée par le vilebrequin, pouvait avoir environ ¼ de pouce de largeur. La pression du vilebrequin se répartit sur cette largeur, contrairement à un joint en caoutchouc qui, lui, touche le vilebrequin sur une largeur d’à peu près vingt-cinq millièmes (25/1 000). Vingt-cinq millièmes (25/1 000) coupe mieux un film d’huile que ¼ de pouce. Tout provient de cette différence et de quelques autres détails.
Quand il était neuf, ce joint fonctionnait bien, mais il venait qu’à s’écraser dans le fond de sa gorge. De plus, quand les coussinets du vilebrequin s’usaient, ils laissaient passer plus d’huile en tournant. Un peu comme le serpent qui se mange la queue, le problème devient évident.
Il y a bien sûr une canalisation pour récupérer l’huile qui s’échappe des coussinets pour la retourner dans le carter, mais elle a ses limites. Elle est aussi conçue en fonction d’une fuite normale des coussinets. Quand les moteurs s’usent, les coussinets en laissent passer plus et c’est normal. Le joint en corde n’est pas très patient avec le déluge d’huile des moteurs usés, alors ça coule…
Il faut le remplacer. Mais n’allez pas penser que cette corde (qui ne coûte presque rien) est facile à changer. En fait oui, plutôt, mais juste pour une des deux demies, celle dans le capuchon du coussinet dans laquelle elle est logée. Pour l’autre, eh oui, celle qui fait
l’autre demie du vilebrequin, il faut retirer le vilebrequin et tout ce qui vient avec, car la gorge dans laquelle elle est logée fait partie du bloc moteur.
Ne demandez pas de soumission pour un remplacement de joint arrière, de même pour que n’importe quoi à faire réparer sur une voiture ancienne. Il y a des surprises à chaque fois. Dans ce cas, les surprises seront probablement le machinage de la surface de contact avec la corde (usée et oxydée), le machinage du vilebrequin en général et le remplacement des coussinets. Sans compter les autres surprises, ou « tant qu’à y être », comme le joint du convertisseur de couple pour les transmissions automatiques, ou l’embrayage pour les transmissions manuelles.
C’est possible de corriger cette fuite, mais elle est destinée à durer moins longtemps que les moteurs d’aujourd’hui. C’est normal, la conception d’aujourd’hui est de meilleure qualité. En revanche, si la corde est changée, mais que les fuites de coussinets sont au-delà des normes, votre réparation durera encore moins longtemps que prévu. Et n’oubliez pas, il y a les «tant qu’à y être », les « tant qu’à faire » et les « tant qu’à être là »…