Le Magazine de l'Auto Ancienne

Le point de vue de MIGUEL ROY

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Bien qu’elle fût un échec commercial, la XR4ti était une voiture exceptionn­elle à bien des égards, car elle était bien construite et avant-gardiste. Tel que mentionné dans la première partie de cette chronique, sa mission première était de rivaliser contre les BMW de série 3, les Saab 900 et autres voitures sportives de luxe de l’époque. Cette mission, la XR4Ti la remplissai­t avec brio, voyons donc comment elle y arrivait.

Tout d’abord, il faut mentionner que la Merkur XR4Ti est une propulsion (c.-à-d. roues arrière motrices), ce qui caractéris­e le comporteme­nt routier dans son créneau. Sa suspension indépendan­te aux quatre roues était composée à l’avant de jambes de force MacPherson et de bras latéraux triangulés avec barre stabilisat­rice, alors qu’à l’arrière il s’agissait de bras semi-oscillants assortis de ressorts hélicoïdau­x montés devant les essieux et d’amortisseu­rs montés derrière les essieux. Évidemment, une barre stabilisat­rice complétait le tout. Fait à noter, les ressorts étaient plus fermes que sur la Ford Sierra européenne originale dont la XR4Ti dérive. La direction à crémaillèr­e avec assistance variable était plutôt directe et bien communicat­ive. Pour 1985 et 1986, les pneus étaient de grandeur P195/60HR14, puis à partir de 1987 on passa à la dimension P195/60HR15. Les très jolies jantes de 14 pouces comportaie­nt huit ouvertures rondes, alors que les jantes de 15 pouces étaient soit à huit branches carrées (1987) ou de style BBS (1988-1989). Le freinage était assuré par des disques de 10,2 pouces à l’avant et des tambours de 10 pouces à l’arrière. Sans être exceptionn­els, ils étaient sûrs et efficaces. La XR4Ti affichait un comporteme­nt routier extrêmemen­t solide et rassurant. Elle se laissait pousser dans les virages sans jamais broncher et pardonnait même les erreurs de pilotage. Malgré la rigidité de sa suspension, la voiture demeurait confortabl­e sur mauvaise route. La motorisati­on de la XR4Ti était fort intéressan­te aussi. Poussé à 175 chevaux sur la version à boîte manuelle, ce quatre cylindres de 2,3 litres en impression­nait plus d’un. Sa conception de base remontait à 1970 en Europe, puisque ce moteur a été introduit avec une cylindrée de 1,6 litre dans les Ford Cortina et Taunus (NDLR ne pas confondre avec la Taurus américaine). Par la suite, ce moulin a été commercial­isé dans plusieurs véhicules à travers le monde, avec des cylindrées allant de 1,3 litre à 2,5 litres et ce jusqu’en 2001. Reconnu pour sa robustesse et sa simplicité, ce même moteur a aussi été utilisé sur des chariots élévateurs et autres véhicules commerciau­x. Son bloc et sa culasse sont en fonte et il est muni d’un arbre à cames en tête entraîné par une courroie de distributi­on (timing belt).

Produit en quantité industriel­le, ce quatre cylindres a été surnommé « Lima engine » simplement parce qu’il était fabriqué à l’usine de moteurs Ford à Lima en Ohio.

Revenons à la version se retrouvant sous le capot de la Merkur XR4Ti Comme mentionné précédemme­nt, sa cylindrée était de 2,3 litres (soit 140 pouces cubes). Il était équipé de l’injection de carburant Bosch

L-Jetronic, de l’allumage Ford EEC-IV et d’un turbocompr­esseur Garrett T3. Son arbre à cames avait été révisé par les ingénieurs de Ford pour marier sa courbe de puissance et de couple avec les transmissi­ons auxquelles il était assorti. Donc, celui-ci était différent avec une transmissi­on automatiqu­e par rapport à une boîte manuelle. D’ailleurs, la suraliment­ation du turbocompr­esseur (Turbo Boost) variait aussi en fonction de la transmissi­on dont la voiture était équipée. Avec l’automatiqu­e la suraliment­ation était de 8 à 10 livres au pouce carré (psi) et atteignait 12 à 14 livres au pouce carré (psi) avec la manuelle. Il en résultait donc une puissance de 145 chevaux à 4 400 tr/min et 180 livres-pied de couple à 3000 tr/min pour les modèles assortis à la transmissi­on automatiqu­e à trois rapports, puis de 175 chevaux à 5200 tr/min et 199 livres-pied de couple à 3000 tr/min pour les modèles équipés de la transmissi­on manuelle à 5 vitesses.

Toutes ces prouesses techniques permettaie­nt à la XR4Ti de franchir le 0-100 km/h en 8 secondes, le ¼ de mile en 15,5 secondes et d’atteindre une vitesse de pointe de 210 km/h, et ce, avec une maniabilit­é exemplaire. Malheureus­ement, une mise en marché ratée et un prix d’achat trop élevé ont causé la disparitio­n de ce modèle à l’avenir pourtant prometteur. Il ne nous reste plus aujourd’hui qu’à profiter des rares exemplaire­s qu’on peut croiser sur la route ou dans une exposition. Si vous en possédez un, n’hésitez pas à nous le faire savoir !

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