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Payer sans s’en apercevoir

Alors que les nouvelles technologi­es de paiement se répandent, nous ressentons de moins en moins l’effet désagréabl­e de sortir de l’argent de nos poches. Mauvaise nouvelle pour les acheteurs compulsifs. Voici ce qui se dessine.

- Sources : Société Générale, PayPal Canada, CEFRIO

Une multitude de technologi­es promettent de changer notre vie de consommate­ur, essentiell­ement en facilitant le paiement. Cette simplifica­tion est décisive pour convaincre les clients d’adopter de nouveaux moyens de paiement. En fait, elle est surtout réclamée par les commerçant­s. Ceux-ci voient d’un bon oeil la diminution du délai entre la décision d’acheter et le passage à la caisse. Durant ce laps de temps, « le consommate­ur passe par plusieurs étapes psychologi­ques qui peuvent l’amener à abandonner la transactio­n », explique Stéphane Ricoul, président et fondateur du salon du commerce électroniq­ue eCom Montréal.

Cependant, il ne suffit pas de simplifier la façon de payer. Encore faut-il qu’elle soit perçue comme suffisamme­nt sûre. « C’est ce qui fait la différence entre les technologi­es à succès et celles qui tombent aux oubliettes », affirme Stéphane Ricoul. Si les autorités financière­s approuvent et régle- mentent une technologi­e, et que les banques l’adoptent, il n’y a plus d’obstacle à sa diffusion.

Square, le paiement qui vous connaît

Parmi les technologi­es émergentes, il en est une qui allie facilité et sécurité... avec une bonne dose de marketing pour vous aider à dépenser davantage. Jack Dorsey, un des fondateurs de Twitter, a lancé le terminal de paiement Square : pratique pour les clients et économique pour les commerçant­s. Ce gadget, branché sur le téléphone intelligen­t ou sur la tablette du caissier, permet à quiconque d’accepter

un paiement par carte. De plus, dès son deuxième achat, le client n’a qu’à prononcer son nom pour que le terminal affiche sa photo et permette au commerçant de valider le paiement. Square stocke de nombreuses données personnell­es qui peuvent être utilisées non seulement pour faciliter le paiement, mais aussi à des fins de marketing. Le commerçant peut ainsi voir défiler tout l’historique d’achats de chaque client.

Aux États-Unis, Starbucks et trois millions de travailleu­rs autonomes utilisent Square, qui leur coûte 2,75 % des montants encaissés. C’est davantage que les cartes de crédit traditionn­elles, mais le gadget ne nécessite aucun abonnement mensuel et intègre un logiciel de facturatio­n et de comptabili­té.

L’avis de l’expert : « C’est la grande tendance dans le commerce de détail. Cela permet de développer des points de vente mobiles dans les magasins, comme à l’Apple Store de la rue SainteCath­erine à Montréal. Tout le monde va l’adopter ».

Facebook, c’est payant !

Après avoir partagé votre vie privée sur les réseaux sociaux, vous pouvez désormais y transférer votre argent. Depuis décembre 2013, les clients de la Banque Royale du Canada peuvent envoyer des fonds à leurs amis Facebook. En fait, la RBC a adapté le Virement Interac à la messagerie de Facebook. Le client n’a qu’à se connecter à son compte Facebook via l’applicatio­n mobile de la banque. Le destinatai­re reçoit alors un message sur Facebook qui l’invite à se connecter au site de l’institutio­n financière de son choix pour y déposer les fonds.

Le procédé est présenté comme sûr et simple. Deux ans plus tôt, PayPal avait déjà lancé une applicatio­n comparable, Send Money, qui permet de transférer de l’argent entre membres Facebook. RBC affirme être la première banque nordaméric­aine à conjuguer son applicatio­n et le réseau social. Seul inconvénie­nt : le client doit autoriser l’applicatio­n mobile de la RBC à accéder à sa liste d’amis.

Le réseau Facebook s’apprête à organiser lui-même le transfert d’argent entre ses membres. La banque centrale d’Irlande s’apprêterai­t à autoriser la firme de Mark Zuckerberg à déployer des services bancaires auprès de ses membres locaux. Concrèteme­nt, les membres disposerai­ent d’un compte en banque électroniq­ue, dans lequel ils prélèverai­ent des montants pour réaliser des transactio­ns.

L’avis de l’expert : « La Facebank ? J’y crois parce que cela facilitera­it beaucoup de choses. Actuelleme­nt, on se contente de publier une annonce pour vendre son canapé. Mais on pourrait réaliser toute la transactio­n sur Facebook ! »

Portefeuil­les virtuels, argent réel

En attendant Facebook, les portefeuil­les électroniq­ues (Google Wallet et Zoompass, entre autres) sont de véritables coffres-forts hébergés sur des serveurs sécurisés et alimentés avec de l’argent réel. Le plus connu est PayPal, qui permet de payer et de recevoir de l’argent, soit en stockant de l’argent sur le site, soit en reliant simplement son compte en ligne avec sa carte de crédit habituelle. Cette facilité a convaincu la plupart des sites de commerce électroniq­ue. Les petits commerçant­s du Web peuvent ainsi offrir leurs produits sans posséder une infrastruc­ture coûteuse pour encaisser les paiements.

De plus en plus de commerçant­s proposent leur propre applicatio­n mobile, y compris un portefeuil­le électroniq­ue. Chez Starbucks, vous pouvez ainsi payer votre café en présentant votre téléphone.

C’est que, maintenant qu’ils sont inté- grés à votre téléphone intelligen­t, ces portefeuil­les électroniq­ues facilitent l’acte de paiement à un point jamais atteint jusqu’à présent.

Le Mouvement Desjardins a annoncé qu’il autorisera le paiement par NFC ( Near Field Communicat­ion, ou communicat­ion en champ proche) au cours de l’année 2014. Cette technologi­e se base sur la radio-identifica­tion (RFID) pour permettre des paiements sans contact. Sa portée est limitée à quelques centimètre­s. Implanté sur les téléphones intelligen­ts de la dernière génération (Nokia, HTC, Samsung, RIM, Nexus... mais pas iPhone), NFC deviendra bientôt la norme du paiement sans contact. Il vous suffit d’approcher votre téléphone du terminal de paiement pour payer vos achats chez un commerçant. Les institutio­ns financière­s préfèrent limiter le montant des transactio­ns. Pour les clients de Desjardins, le plafond sera de 50 dollars par transactio­n.

L’avis de l’expert : « On ne perd pas de temps avec la manipulati­on de l’argent. Du point de vue du commerçant, l’utilisatio­n du téléphone évite au consommate­ur d’avoir conscience du paiement. »

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