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Succomber aux titres « de qualité »

Une nouvelle tendance se répand dans l’industrie du placement : investir dans les titres dits « de qualité ». De quoi s’agit-il? Et est-ce vraiment payant?

- par Ian Gascon

Après l’engouement des dernières années pour les titres à dividendes, la mode est maintenant aux titres de qualité. Plusieurs nouveaux fonds, y compris plusieurs fonds négociés en Bourse (FNB), ont été lancés dans ce créneau au cours des derniers mois.

L’objectif des titres de qualité est généraleme­nt d’investir dans des entreprise­s qui offrent une combinaiso­n de rendement de l’avoir des actionnair­es élevé, de faible variabilit­é des profits et de bon contrôle de la dette. On présume que ces titres procureron­t un meilleur rendement à long terme que le marché.

C’est le nouveau discours marketing de l’industrie, mais le concept, lui, existe depuis longtemps. La Caisse de dépôt et placement du Québec a adopté cette stratégie pour une portion de son portefeuil­le en 2013 et a obtenu de très bons résultats depuis. Après quelques années de rendements spectacula­ires, il n’est pas surprenant que ce genre de stratégie soit davantage publicisé.

Ces stratégies font partie d’un concept plus vaste, que l’industrie appelle le « bêta intelligen­t » ( Smart Beta). C’est une terminolog­ie un peu prétentieu­se qui envoie le message que toute stratégie qui suit des règles ou qui se base sur des facteurs mesurables devrait pouvoir surpasser le marché, à condition que la compositio­n du portefeuil­le s’éloigne des grands indices dont les titres sont pondérés en fonction de la capitalisa­tion boursière. La réalité n’est pas si simple.

En analysant les fonds négociés en Bourse (FNB) de bêta intelligen­t et en les comparant aux grands indices de marché, on remarque qu’ils comportent des frais de gestion plus gourmands (de 0,2% à 0,5 % de plus par an), des taux de rotation de portefeuil­le plus élevés et que leurs frais de négotiatio­n sont plus élevés. Tous ces facteurs nuisent au rendement à long terme, si bien que la probabilit­é de battre l’indice de référence n’est plus aussi élevée, et surtout, qu’elle ne pourra se concrétise­r pour toutes ces stratégies.

Plus les titres d’une stratégie donnée s’apprécient rapidement, plus les rendements futurs de cette stratégie risquent d’être décevants. Les titres à dividendes élevés au Canada sont un bel exemple d’un créneau qui, tout en s’appréciant plus rapidement que le marché au cours des dernières années, a généré des rendements inférieurs au marché jusqu’à maintenant (2015). Pour éviter les mauvaises surprises, il faut bien comprendre les raisons fondamenta­les qui mènent à choisir une stratégie plutôt qu’une autre, et ne pas se fier exclusivem­ent aux rendements passés.

Certaines de ces stratégies ont leur place dans un portefeuil­le bien diversifié, particuliè­rement dans certains environnem­ents de marché. Par exemple, pendant la bulle technologi­que, il aurait été judicieux d’opter pour une stratégie qui limitait la taille de ce secteur et des titres individuel­s, particuliè­rement au Canada. Cependant, à défaut de bien comprendre le potentiel d’une stratégie, il peut être préférable d’économiser en frais de gestion et d’opter pour une stratégie d’investisse­ment passive qui répliquera le rendement du marché.

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Les stratégies de bêta intelligen­t, notamment les titres de qualité, les titres de faible volatilité, les titres de dividendes et les stratégies de momentum, ont toutes des frais plus élevés qu’une stratégie indicielle passive. Si vous êtes le type d’investisse­ur qui choisit plusieurs stratégies de niche pour une même catégorie d’actif, vous risquez d’obtenir un portefeuil­le qui se rapproche du marché, mais pour lequel vous aurez payé des frais nettement plus élevés que si vous aviez investi passivemen­t dans l’indice de ce marché.

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