– Dan Hallett, vice-président et directeur chez HighView Financial Group
Les firmes de robots-conseillers ont ainsi employé les grands moyens pour rejoindre les Millennials. Prenons Wealthsimple. Très active sur les médias sociaux, sa campagne est axée notamment sur l’endettement étudiant, un thème cher aux jeunes. La firme s’est également assurée d’être accessible en n’exigeant aucun montant minimum d’investissement à condition qu’on s’engage à faire des virements préautorisés.
Pour l’instant, le pari semble réussir : aux États-Unis, une firme comme Wealthfront déclare que 60% de sa clientèle sous gestion automatisée a moins de 35 ans.
Il s’agit cependant d’un marché de niche, concède David Nuget. « Nous voulons rejoindre une clientèle qui n’a pas un grand besoin de conseil financier, mais qui souhaite un meilleur rendement que ce que les grandes institutions peuvent lui offrir. »
Par ailleurs, David Nugent constate avec surprise que ce message trouve aussi un écho chez les baby-boomers. « Ils entendent parler de nous par leurs enfants. C’est le monde à l’envers : ce sont les enfants qui apprennent à leurs parents à investir ! »
Aux États- Unis, une étude de la firme Spectrem témoigne de cette adhésion des boomers : la moyenne d’âge des utilisateurs de robots-conseillers serait de 55 ans.
Éric Lauzon n’est pas surpris : « Beaucoup de personnes plus âgées vont sur Internet pour effectuer des opérations bancaires, confirmet-il. Il y en a beaucoup plus qu’on le pensait il y a seulement quelques années. »
Bientôt, les grands acteurs
Financière Power n’est pas la seule institution à surveiller ce marché en pleine émergence. Après l’arrivée de start-up comme Nest Wealth, Wealthsimple et ShareOwner, ce sera bientôt au tour des grandes banques de dévoiler leur jeu. Et grâce à leurs plateformes de courtage en ligne, elles ont déjà toutes les cartes en main pour prendre le virage automatisé.
Dan Hallett, vice-président et directeur chez HighView Financial Group, cite l’exemple de BMO dans le Globe and Mail : « Il n’y a aucune raison qu’elle ne se lance pas, écrit-il. Elle a la plateforme, et elle se targue d’avoir les plus grandes familles de FNB de tout le réseau bancaire canadien, ce qui la place en parfaite position pour devenir un robot-conseiller géant. RBC – dont la famille de FNB est en croissance – peut en faire autant. Tout comme TD ou CIBC, qui possèdent les fonds communs les moins coûteux. »
Les petites firmes n’ont qu’à bien se tenir, conclut-il.
Le futur de l’industrie
Il n’est de toute façon pas question de faire marche arrière, croit Éric Lauzon. L’automatisation de la gestion financière est un incontournable, selon lui. « Ce n’est déjà plus un choix pour une institution, et ça ne représente pas une plus-value. Les institutions devront l’offrir si elles veulent survivre. »
Ça ne plaît pas à tous: « L’arrivée des robotsconseillers est perçue avec beaucoup de nervosité chez les conseillers financiers », concède le représentant d’Assante. Il ne croit toutefois pas que cette automatisation se fera à leur détriment : « Plusieurs conseillers travaillent déjà avec les nouveaux outils technologiques, qui rendent la livraison de leurs services plus efficace et plus rentable ».
Tricia Rothschild résume la situation ainsi : « Cette nouvelle tendance du robot-conseil est en phase avec d’autres tendances observées dans plusieurs industries : soit une importance grandissante de la technologie et de l’automatisation ». Une tendance difficile à renverser, donc.
Ce qu’il faut comprendre, en fin de compte, c’est qu’un jour, notre argent sera probablement géré par des robots, qu’on le veuille ou non, avec l’aide d’un conseiller ou non. Autant se faire à l’idée ! Selon les architectes qui ont conçu les robotsconseillers, le fonds négocié en Bourse (FNB) est le placement de choix. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit généralement d’un type de fonds passif établi avec des objectifs à long terme et qui exige un minimum d’interventions. Ces fonds sont rééquilibrés périodiquement quand les titres qu’ils contiennent s’éloignent des cibles définies. Impact fiscal réduit par rapport aux fonds communs Frais de gestion faibles Transparence sur le plan de la composition du portefeuille (titres) Rééquilibrage facile On ne choisit pas les titres individuellement Peu de chance de surpasser le marché, contrairement à des placements plus dynamiques