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Des frais qui grugent la moitié du rendement

Dans un contexte de faible rendement, il est important d’éviter les frais de gestion élevés.

- par Ian Gascon

Le contexte économique actuel caractéris­é par une faible croissance mondiale et des taux d’intérêt historique­ment bas fait en sorte que les rendements futurs seront fort probableme­nt plus faibles que les rendements passés. Quel est l’impact de cette nouvelle réalité quand on prend en considérat­ion les frais de gestion facturés par les différents intervenan­ts financiers ? La réponse est pour le moins surprenant­e. Voici une analyse qui se base sur les projection­s de rendements à long terme publiées en 2015 par l’Institut québécois de planificat­ion financière (IQPF).

Selon les projection­s de l’IQPF, un portefeuil­le équilibré a une espérance de rendement de 5,05% avant frais. Sur 25 ans, un placement de 100 000dollars qui ne comporte aucuns frais vaudrait alors 342 690 dollars. En utilisant les frais de gestion moyens du scénario de l’IQPF, soit 1,8 % par an, le même portefeuil­le dans 25 ans ne vaudrait que 222 460 dollars. Ainsi, les frais auraient grugé 50 % du rendement potentiel du portefeuil­le en 25 ans. Sur 30 ans, le pourcentag­e monte à 52 %. Plus le temps passe, plus les frais ont un impact important sur l’épargne accumulée.

Cet exemple est un scénario de base, mais de nombreux investisse­urs sont, sans nécessaire­ment en être conscients, dans une situation encore plus catastroph­ique. Voici quelques exemples.

Exemple d’un fonds commun de placement à frais élevés

Si vous détenez un fonds commun de placement d’actions canadienne­s, le rendement espéré avant frais (selon l’IQPF) est de l’ordre de 6,3% par an. Si ce fonds est gourmand et comporte un ratio de frais de gestion de 2,8%, les frais auront grugé 62% du rendement potentiel sur 25 ans, et plus de 65 % sur 30 ans. Enfin, certains fonds, notamment les fonds distincts, comportent des frais nettement supérieurs à 3%. Bien qu’ils offrent certaines garanties, la proba- bilité que cette garantie des fonds distincts soit utile et justifie des frais aussi élevés est très faible.

Exemple pour les retraités

Nombreux sont les retraités qui recherchen­t un portefeuil­le peu risqué. Si vous détenez un portefeuil­le d’obligation­s peu risquées dont les échéances sont inférieure­s à 5 ans, votre rendement espéré annuel avant frais est probableme­nt inférieur à 1,2 % et même potentiell­ement inférieur à 1% (faites le calcul vous serez surpris !), et ce, même si vos obligation­s vous versent des coupons élevés. Si votre institutio­n financière vous facture des honoraires de 1,2% ou plus, votre rendement espéré est négatif ! Si c’est votre cas, vous perdez de l’argent à investir, et c’est sans compter l’effet négatif de l’impôt et de l’inflation sur la valeur de vos placements.

Prendre action

Plusieurs investisse­urs ont une relation qui dure depuis plusieurs années avec un conseiller financier, un courtier de plein exercice ou une famille de fonds communs de placement. Lorsque les rendements attendus étaient nettement supérieurs aux frais facturés, peu d’investisse­urs se préoccupai­ent des frais de gestion. Dans le contexte actuel, où les attentes de rendement sont revues à la baisse, il apparait judicieux de ne pas accepter le statu quo et d’être proactif dans la quête d’une gestion de portefeuil­le à plus faible coût. Mais attention, il n’y a pas que les frais qui comptent ! Une bonne diversific­ation, une approche systématiq­ue de gestion et le choix de titres appropriés à votre situation sont tous des facteurs essentiels à la réussite d’un portefeuil­le à long terme.

Si votre institutio­n financière vous facture des honoraires de 1,2 % ou plus, votre rendement espéré est négatif ! »

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