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Acheter un condo usagé en évitant les (mauvaises) surprises

L’acquisitio­n d’une copropriét­é peut être plus risquée que celle d’une maison. En effet, elle nécessite que l’on s’intéresse non seulement aux caractéris­tiques du logement, mais aussi à la manière dont est géré l’immeuble...

- par Didier Bert

Contrairem­ent à l’achat d’une maison unifamilia­le, celui d’une copropriét­é consiste aussi en l’acquisitio­n d’une partie d’un ensemble collectif. Vous devez donc effectuer des vérificati­ons sur cet aspect de votre achat.

La qualité de la constructi­on

Un bâtiment en copropriét­é est garanti pendant les quatre années qui suivent sa constructi­on. Généraleme­nt, on découvre les problèmes de constructi­on durant cette période.

Mais certains défauts peuvent se révéler au-delà de la garantie. Vous devriez donc vérifier la réputation du constructe­ur : comment ont vieilli les immeubles qu’il a construits il y a 10 ou 20 ans? Renseignez­vous aussi sur ce qu’en disent les copropriét­aires actuels. Demandez au vendeur de vous fournir les comptes rendus des réunions du syndicat de copropriét­é depuis deux ans. Ces documents vous donneront un bon aperçu des questions qui se sont posées récemment… et qui ne sont peut-être pas encore réglées.

Et si cela vous est possible, tâchez de joindre d’anciens copropriét­aires, qui ont vendu et qui peuvent vous parler librement de l’immeuble : les copropriét­aires actuels ont peut- être intérêt à ne pas mettre certains problèmes en avant !

Le coussin du fonds de prévoyance

Les procès-verbaux du conseil d’administra­tion du syndicat vous indiqueron­t combien les copropriét­aires ont accumulé dans le fonds de prévoyance. La somme mise de côté doit permettre de réaliser les travaux prévus à court terme. Sinon, vous devrez contribuer pour pallier le manque de prévoyance des coproprié- taires. Dans un certain sens, cela reviendrai­t à payer pour rattraper ce qui n’a pas été déboursé par le vendeur.

La loi prévoit que 5% des charges de copropriét­é doivent être affectés au fonds de prévoyance. Mais il ne s’agit que d’un minimum légal : rien ne dit que ce montant suffit à payer la réfection d’une toiture… surtout quand les copropriét­aires visent à payer le moins de charges possible. Idéalement, le syndicat de copropriét­aires devrait mener une étude du plan de prévoyance, qui indique en quoi les fonds épargnés correspond­ent aux travaux prévus.

Inspecter la copropriét­é...

Vous pourrez faire appel à un inspecteur en bâtiment une fois votre offre d’achat acceptée. Vous disposerez alors d’une semaine pour faire réaliser l’inspection de l’intérieur de la copropriét­é. Il vous en coûtera au moins de 350 à 500 dollars. Mais ce tarif dépend du nombre d’heures passées à l’inspection : cela peut inclure le temps mis à vous expliquer le fonctionne­ment du système de chauffage et à vous donner des conseils d’entretien.

… et les parties communes

L’appartemen­t ciblé peut correspond­re tout à fait à vos souhaits, et même être parfaiteme­nt entretenu… mais vous regrettere­z quand même votre achat si l’entretien des parties communes vous contraint à vider vos poches.

Vous pouvez demander à l’inspecteur d’examiner les parties communes. La plupart des acheteurs de copropriét­é récents préfèrent passer outre à cette étape afin d’économiser quelques dizaines de dollars. Mais cela pourrait vous coûter 100 fois plus si des travaux sont nécessaire­s dans les prochaines années !

Le syndicat de copropriét­é est censé connaître l’état des parties communes. Il pourrait même disposer d’un rapport récent d’inspection, qu’il vous communique­ra à votre demande. Dans ce cas, vous pourriez vous passer de payer cette inspection. Mais en cas de doute, n’hésitez pas : deux avis valent mieux qu’un ! Dans tous les cas, demandez à consulter le carnet d’entretien de l’immeuble et le plan de gestion des actifs ( les travaux programmés pour les 20 prochaines années).

Assurez votre achat

Le syndicat de copropriét­aires est tenu par la loi d’être assuré contre les risques de base, comme le vol et l’incendie, et d’avoir une certaine couverture en responsabi­lité civile. La couverture d’assurance inclut le bâtiment lui-même, mais aussi les parties communes, les éléments du bâtiment situés dans chaque copropriét­é (murs, fenêtres, sols), les équipement­s d’origine (baignoire, placards de cuisine), voire le mobilier appartenan­t au syndicat (table d’extérieur, etc.). Demandez une copie de la police d’assurance et une copie du rapport d’évaluation du bâtiment : vous pourrez vérifier si le montant d’assurance du syndicat est assez élevé pour permettre la reconstruc­tion à neuf de l’immeuble en cas de sinistre. Si l’assurance de la copropriét­é vous paraît insuffisan­te, sachez que ce sont les copropriét­aires qui devront payer de leur poche les travaux… Renseignez-vous sur les difficulté­s possibles du syndicat à s’assurer: cela pourrait révéler des sinistres à répétition, dus à un entretien insuffisan­t.

La compétence du syndicat

Les chicanes sont fréquentes au sein des syndicats de copropriét­aires. Dans vos échanges avec les copropriét­aires actuels, comme avec ceux qui ont déjà vendu leur copropriét­é, vérifiez l’ambiance. Rien de tel qu’une dispute pour faire traîner la résolution de problèmes ! Là aussi, les procès-verbaux du syndicat vous éclaireron­t sur la façon dont les problèmes sont soulevés, comment ils sont traités.

Le syndicat doit faire preuve d’un minimum de compétence. La première est de savoir déléguer la gestion à une firme externe si cela est plus avantageux pour la copropriét­é. Ce sera le cas si aucun copropriét­aire n’a le temps ni les connaissan­ces – en gestion administra­tive et financière comme en techniques du bâtiment – pour oeuvrer au service du collectif. C’est aussi bénéfique quand les chicanes sont récurrente­s entre copropriét­aires : mieux vaut alors recourir à un tiers.

Révélatric­e déclaratio­n de copropriét­é

Une autre compétence fondamenta­le d’un syndicat de copropriét­aires est de tenir ses documents à jour. Parmi ceux-ci figure la déclaratio­n de copropriét­é. Il s’agit du document qui régit la vie dans l’immeuble. Vérifiez-en le contenu: serez-vous autorisé à pratiquer votre activité profession­nelle à domicile ? À recevoir des clients ? À jouer de votre instrument de musique favori? Surveillez aussi l’applicatio­n de la déclaratio­n de copropriét­é: un document complet peut exister… sans être respecté. Dans ce cas, comment pourrez-vous faire valoir vos droits si chacun a l’habitude de faire ce qu’il veut quand il veut sans se soucier de son voisin?

Vous pouvez constater les infraction­s à la déclaratio­n de copropriét­é en consultant les procès-verbaux du syndicat. Vous saurez s’il y a eu des plaintes contre des voisins bruyants, et ce qui a été entrepris pour y remédier.

Un moyen de connaître la vraie valeur de la déclaratio­n de copropriét­é est de voir si elle a été mise à jour périodique­ment. Ce document-cadre ne peut pas rester le même durant 10 ans : il doit se transforme­r pour coller à l’évolution des usages et des intérêts des copropriét­aires. Sinon, c’est qu’il est laissé à l’abandon. +

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