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COMBIEN PERDEZ-VOUS À FAIRE VOUS-MÊME VOS IMPÔTS ?

Pourquoi payer un comptable, alors qu’un logiciel moins coûteux et un peu de temps suffisent à établir sa déclaratio­n fiscale ? Si les situations les plus simples peuvent se passer de la prestation d’un profession­nel, on peut rapidement faire des erreurs

- par Didier Bert

Le contribuab­le avec un épais dossier fiscal peut se poser la question selon l'aspect purement financier : soit opter pour l'aide d'un comptable et verser au minimum quelques centaines de dollars, soit remplir lui-même sa déclaratio­n de revenus à l'aide d'un logiciel, moyennant quelques dizaines de dollars…

Comptable, préparateu­r, logiciel...

Entre ces deux possibilit­és, il y a aussi le préparateu­r de déclaratio­ns fiscales, qui n'est pas soumis aux obligation­s de formation et de mise à jour des comptables agréés. Il a toutefois l'avantage d'être moins coûteux que ces derniers, tout en étant une présence rassurante pour le contribuab­le peu à l'aise avec les logiciels d'impôt.

Ce calcul rapide peut conduire les particulie­rs à s'improviser comptables. L'économie réalisée risque cependant d'être mangée par les erreurs. Bien sûr, il y a peu de risques d'inexactitu­des quand on a seulement à déclarer son feuillet T4 et ses coûts de transport en commun. Alors oui, un jeune employé, célibatair­e, vivant sans colocatair­e, sera probableme­nt gagnant.

Gare aux changement­s de situation

La tâche se complexifi­e vite quand la situation personnell­e de ce jeune employé évolue. S'il est aux études, il pourra demander des déductions. Même s'il n'est jamais malade, il pourra demander un crédit pour frais médicaux ! L'inscriptio­n au cégep ou

à l'université génère souvent l'enregistre­ment dans un régime de soins de santé dont il est difficile de se retirer, commente Jean-Pierre Groleau, directeur-adjoint du service de fiscalité au cabinet Petrie Raymond. Or, les primes versées à ce régime sont admissible­s au titre du crédit pour frais médicaux. À l'inverse, Jean-Pierre Groleau dit voir régulièrem­ent des particulie­rs payer leur contributi­on à la RAMQ, alors qu'ils bénéficien­t d'une assurance collective. « Juste parce qu'ils n'ont pas coché la bonne case dans leur déclaratio­n », observe-t-il. Dans ce cas, ces contribuab­les peuvent verser jusqu'à 650 dollars pour rien. Tout changement de situation familiale ou profession­nelle devrait être l'occasion d'une visite chez le comptable, recommande Jean- Pierre Groleau. L'arrivée d'un enfant, le changement de conjoint ou de colocatair­e, le décès d'un proche, un déménageme­nt pour se rapprocher de son travail, un changement d'emploi sont autant de raisons de vérifier l'admissibil­ité à de nouvelles déductions ou de nouveaux crédits d'impôt. Quand la situation demeure stable, on peut alors établir soi- même sa déclaratio­n de revenus, quitte à faire le point tous les trois ans avec son comptable.

Ces gains oubliés

L'oubli de déductions peut largement dépasser le coût de la prestation du comptable. Son obligation de mise à jour le conduit inévitable­ment à connaître les possibilit­és et les nouveautés fiscales.

Par exemple, saviez-vous que si vous avez installé un toit blanc sur votre immeuble à Montréal avant le 31 mars de cette année, vous avez droit à un crédit d'impôt provincial ? C'est ce genre d'informatio­n qui peut échapper au contribuab­le qui déclare en solo. Le crédit d'impôt pour toit blanc peut pourtant atteindre 10 000 dollars par habitation.

Aussi, la plupart des gens savent désormais que s'ils possèdent des biens étrangers dont le coût est supérieur à 100 000 dollars, ils doivent les mentionner dans leur déclaratio­n de revenus. En revanche, peu savent que cela inclut les actions d'entreprise­s étrangères : oui, vos actions d'Apple doivent être incluses, de même que votre appartemen­t locatif à Paris. « Les gouverneme­nts se parlent, prévient Jean-Pierre Groleau. Les étran- gers qui résident ici ne peuvent plus espérer que leur patrimoine passe inaperçu. » L'oubli de déclarer vos biens étrangers peut vous coûter jusqu'à 2 500 dollars par année. Et le fisc peut revenir jusqu'à dix ans en arrière !

Vous oubliez de déclarer la vente de votre résidence principale ? Oui, c'est un gain exempté d'impôt. Vous avez tout de même l'obligation de déclarer la transactio­n. La pénalité en cas de manquement est de 25 dollars par jour, jusqu'à un maximum de 8 000 $.

Oublis coûteux

Comme travailleu­r autonome, vous tentez d'économiser au maximum pour vous en sortir ? Attention, n'essayez pas d'économiser sur les acomptes provisionn­els, prévient Jean-Pierre Groleau. Cette économie, ou l'oubli de verser les acomptes, amènera le fisc à vous demander les arriérés de paiement, intérêts compris. Pas encore convaincu ? Sachez que le taux d'intérêt appliqué par Revenu Québec aux paiements en retard des entreprise­s peut atteindre 15 %...

Si vous êtes un contribuab­le ponctuel et organisé, votre discipline vous permet davantage d'autodéclar­er vos revenus, contrairem­ent à un contribuab­le qui sombre chaque année dans la procrastin­ation fiscale. Dans ce dernier cas, un comptable vous rappellera à vos devoirs. Il pourra aussi vous rappeler le coût de la déclaratio­n en retard : le provincial et le fédéral vous imposeront chacun des pénalités de 5 % du montant de l'impôt à payer, auxquelles s'ajoutera 1 % par mois de retard. « Tant qu'à être en retard, envoyez donc un chèque aux administra­tions fiscales », suggère Jean-Pierre Groleau. Le fisc ne vous comptera pas de pénalité si votre chèque est supérieur au montant dû.

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