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Se protéger contre la hausse des taux

La montée rapide des taux d’intérêt peut affecter votre portefeuil­le. Comment faut-il réagir?

- par Ian Gascon

Au cours des deux premiers mois de 2018, le taux d’intérêt des obligation­s 10 ans du gouverneme­nt des États-Unis a augmenté rapidement. Il est passé de 2,4% à 2,9%, un niveau qui n’a pas été observé depuis janvier 2014.

La baisse d’impôt massive annoncée pour les entreprise­s américaine­s par l’administra­tion Trump à la fin de 2017 semble avoir sonné le glas de l’ère des taux d’intérêt ultrafaibl­es. Historique­ment, un pareil cadeau fiscal est accordé en période économique difficile afin de dynamiser l’économie. Or, cette fois-ci, il est annoncé alors que l’économie américaine tourne à plein régime et que le cycle économique est déjà bien avancé. Les marchés ont estimé que le résultat le plus probable de cette baisse d’impôt serait une accélérati­on de l’inflation. D’où la montée rapide des taux d’intérêt.

Peut-elle être néfaste pour un portefeuil­le de placement? La réponse n’est pas simple.

Un changement dans les taux à long terme affecte inévitable­ment la valeur des actifs. Depuis 2008, plusieurs banques centrales ont injecté massivemen­t des liquidités dans les marchés, ce qui a fait baisser les coûts d’emprunt et fait exploser le prix des actifs financiers (actions, titres de dette, biens immobilier­s). C’est normal, car la valeur actuelle d’un bien est la somme des profits futurs qu’il rapportera en dollars d’aujourd’hui. Plus les taux d’intérêt sont bas, plus cette valeur actuelle est élevée. À l’inverse, si les taux augmentent, toutes choses étant égales par ailleurs, la valeur actuelle d’un bien diminue, d’où le risque pour les marchés boursiers.

Cette fois- ci, la hausse des taux a peut-être plus de chance de se matérialis­er. Le vieillisse­ment de la population et la croissance soutenue de l’économie mettent une pression importante sur le marché de l’emploi. Les faibles taux de chômage en Amérique du Nord combinés à un nombre élevé d’emplois à combler poussent inévitable­ment les salaires à la hausse et, par ricochet, l’inflation et les taux d’intérêt.

Une hausse des taux n’est pas nécessaire­ment catastroph­ique pour les marchés boursiers. Certes, la hausse des taux est un risque, mais si la croissance économique s’accélère et que l’inflation n’augmente pas trop, les profits des entreprise­s peuvent augmenter plus rapidement, ce qui favorise leur valorisati­on. Ce ne serait pas la première fois que l’anticipati­on d’une hausse de l’inflation ne se matéria- lise pas et soit suivie par une nouvelle baisse des taux. En fait, cette situation est plutôt la norme depuis plus de 15 ans, soit depuis que l’informatiq­ue et l’automatisa­tion accrue dans la plupart des domaines de l’économie a mené à des gains de productivi­té remarquabl­es.

Puisque la direction des taux d’intérêt est difficile à prévoir, le meilleur moyen de se protéger à long terme contre les variations est de posséder un portefeuil­le bien diversifié dans plusieurs catégories d’actifs qui ne réagiront pas toutes de la même façon à différents paramètres économique­s, comme les taux d’intérêt, l’inflation ou le prix du pétrole, pour n’en nommer que quelques-uns. Il est probable que le prix du pétrole ou des matières premières en général influe davantage sur les actions canadienne­s que sur les titres américains, ou que les taux d’intérêt influent différemme­nt sur les actions privilégié­es que les obligation­s d'entreprise­s.

En diversifia­nt son portefeuil­le, on limite l’exposition à une région géographiq­ue qui pourrait sous-performer. On se met à l’abri de variations économique­s qui pourraient­t avoir une influence trop importante sur son portefeuil­le.

Avant de modifier la répartitio­n de son portefeuil­le, il est donc important de comprendre les interactio­ns entre toutes ces catégories d’actifs et de ne pas considérer chacun de ses investisse­ments de façon isolée. Un portefeuil­le est un tout où chaque composante a un rôle à jouer.

Un changement dans les taux à long terme affecte inévitable­ment la valeur des actifs. »

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