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LE PETIT CADEAU EMPOISONNÉ

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Votre voisin se vante du « cadeau » reçu de son assureur ? Un bracelet intelligen­t ! « Quelle chance ! », vous dites-vous. Cet appareil permet de calculer vos pas quotidiens, de mesurer les distances parcourues, d’enregistre­r votre fréquence cardiaque, de jauger la qualité de votre sommeil et de détecter les cas de diabète, notamment.

L’objectif de l’assureur n’est pas de gâter son client, mais plutôt de prendre la juste mesure des risques liés au comporteme­nt de celui-ci et d’y associer une prime en conséquenc­e. Le client consent donc à partager les données personnell­es recueillie­s par le bracelet santé, en échange d’une réduction du coût de l’assurance et… d’un encouragem­ent constant à fréquenter le gym ! En influençan­t positiveme­nt l’hygiène de vie de son client, l’assureur ne fait pas que de la gestion du risque : il réduit le nombre de réclamatio­ns éventuelle­s à assumer !

Le phénomène « assurance vie et objet connecté » prend surtout de l’ampleur aux États-Unis. Manuvie a été la première société d’assurance vie au Canada à implanter une telle initiative. Son programme Vitalité incite l’assuré à acheter une montre intelligen­te du fabricant Apple et subvention­ne une partie du coût de l’appareil. Le client fait le suivi de ses activités physiques à l’aide de son Apple Watch et de l’applicatio­n mobile associée, dans le but d’accumuler des points. Ces derniers permettent la réduction du paiement mensuel du gadget, et l’atteinte d’un niveau de points supérieur entraîne une possible réduction du coût annuel de l’assurance vie.

Le fait qu’une société à but lucratif recueille des renseignem­ents confidenti­els à des fins commercial­es en fait cependant sourciller plus d’un. Ces informatio­ns pourraient-elles servir dans le cadre de l’analyse d’une éclamation et justifier le refus d’indemniser l’assuré ? La carotte, l’appareil, pourrait-elle servir de bâton ? Si votre santé en venait à péricliter, perdrez-vous une garantie particuliè­re de votre contrat ou verrez-vous les primes gonfler drastiquem­ent au moment du renouvelle­ment ?

Le plus grand risque lié à cette initiative demeure cependant le vol de données. Aucune société n’est à l’abri d’une fraude. Or, bien souvent, l’assureur n’est pas responsabl­e directemen­t des données recueillie­s par l’objet connecté, plutôt détenues par une tierce partie. Alors, en tant qu’assuré, faites vos devoirs. Avant d’accepter le gadget à la mode, informez-vous adéquateme­nt sur l’utilisatio­n qui sera faite des données en question et sur le degré de protection entourant leur confidenti­alité.

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