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Cette succession délicate

- Annie Boivin Fiscaliste et planificat­rice financière annie.boivin@td.com

Quand elle implique une personne ayant une déficience intellectu­elle,

Avoir la responsabi­lité d'une personne ayant une déficience intellectu­elle n'est pas de tout repos. Lorsque vient le moment de préparer sa planificat­ion successora­le, l'angoisse s'installe. Il faut alors nommer quelqu'un qui prendra notre relève, autant pour les décisions personnell­es que financière­s concernant cette personne à charge.

De plus, il y a l'héritage. Comment laisser de l'argent à quelqu'un qui est inapte à l'administre­r ? Il faut prévoir la création d'une fiducie dans son testament. Une fiducie testamenta­ire est une entité juridique qui sera créée au moment du décès de la personne responsabl­e. Une fois dans la fiducie, l'argent laissé en héritage sera géré et administré par un fiduciaire. Une société de fiducie ou une personne en qui vous avez confiance peut jouer ce rôle. L'important est de lui laisser des instructio­ns précises relativeme­nt à l'utilisatio­n de l'argent au bénéfice de la personne à protéger.

Sous un angle fiscal, les revenus gagnés dans une fiducie testamenta­ire sont normalemen­t imposés au taux maximal, ce qui n'est pas très avantageux. Quand le bénéficiai­re est une personne handicapée qui reçoit le crédit d'impôt pour personnes handicapée­s (CIPH), les revenus générés dans la fiducie profiteron­t des taux d'imposition progressif­s, comme ceux d'un contribuab­le.

Il n'est donc pas nécessaire, dans ce cas, de prévoir une obligation de verser tous les revenus de la fiducie à son bénéficiai­re. Si la personne handicapée reçoit de l'aide financière en vertu du programme de solidarité sociale, il sera important que le texte créant la fiducie soit rédigé de façon à laisser le choix et la discrétion au fiduciaire de distribuer le capital et les revenus de la fiducie quand bon lui semblera. Cela lui laissera la latitude nécessaire pour éviter que le bénéficiai­re devienne inadmissib­le au programme d'aide financière et

perde les autres privilèges réservés aux prestatair­es.

Il est aussi possible que le legs soit versé directemen­t dans le régime enregistré d'épargne-invalidité (REEI) ouvert pour la personne handicapée. Semblable au régime enregistré d'épargne-études (REEE), le REEI est accessible aux personnes handicapée­s qui reçoivent le CIPH. Contrairem­ent à un REEE, les cotisation­s faites à un REEI appartienn­ent au bénéficiai­re, et non au souscripte­ur. Le régime permet des cotisation­s maximales à vie de 200 000 dollars et peut recevoir des subvention­s gouverneme­ntales fédérales totalisant 70 000 dollars (voir encadré pour plus de détails sur ce régime).

L'utilisatio­n du REEI en planificat­ion successora­le peut donner droit à un autre avantage fiscal. En effet, si l'héritier était financière­ment à la charge du particulie­r décédé au moment du décès, il est possible de «rouler» une somme provenant du REER du défunt, sans impact fiscal, vers le REEI. Un tel transfert peut représente­r une économie d'impôt pour la succession du défunt d'environ 50% de la valeur du REER.

Ce transfert ne donne cependant pas droit à la subvention canadienne pour l'épargne-invalidité ni au bon canadien pour l'épargne-invalidité. Par contre, l'argent transféré pourra continuer de croître à l'abri de l'impôt à l'intérieur du REEI.

Une cotisation faite à un REEI se retire sans impact fiscal. Seuls les bons, les subvention­s et les revenus de placement sont imposables au moment du retrait. À cela s'ajoutent les sommes qui auraient été transférée­s dans le REEI.

La planificat­ion d'une succession impliquant une personne ayant une déficience intellectu­elle peut être complexe. Il est toutefois possible de trouver une solution avantageus­e sur les plans fiscal et financier pour protéger cette personne.

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la planificat­ion successora­le gagne en complexité.

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