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ÉLECTRISEZ VOTRE VOITURE ET ÉLECTROCUT­EZ VOS DÉPENSES !

- Par Simon Diotte

La vague des bolides électrique­s ne fait pas qu’apporter un coup de pouce à la planète en varlopant les émissions de gaz à effet de serre ; elle est tout aussi bonne pour le budget. Pour les gros dévoreurs de bitume, la voiture électrique se rentabilis­e comme par magie.

Soucieux du sort de la planète, Sébastien Giguère cherche à réduire à sa plus simple expression la pollution générée par ses déplacemen­ts pendulaire­s. Mais que faire quand on travaille à 30 km de son travail, dans une région aussi peu peuplée que la MRC du Granit, à l’extrême est des Cantons-de-l’est ? Entre Saint-augustin-de-woburn (population 905), son lieu de résidence près de la frontière du Maine, et le parc national du Mont-mégantic, son lieu de travail, on ne trouve ni station de métro ni arrêt d’autobus. Seule solution écologique : la voiture électrique (VE).

Le coordonnat­eur scientifiq­ue à la’ STROLAB du parc national du Mont-mégantic s’est donc converti à la VE par conscience environnem­entale. Mais ce quarantena­ire réalise maintenant que sa conversion renforce sa marge de manoeuvre financière. «J’ai payé plus cher à l’achat ma Bolt EV qu’une voiture traditionn­elle, mais je ne paye presque rien pour la faire rouler. J’économise en essence l’équivalent d’un paiement de voiture par mois », dit celui qui roule 300 km chaque semaine uniquement pour se rendre au travail, sans compter les autres déplacemen­ts liés à une vie de famille.

Sébastien ne l’a jamais calculé, mais le programme Roulez électrique du gouverneme­nt du Québec l’a fait à sa place : faire le plein d’énergie d’une Bolt EV à la maison coûte 320 dollars pour 20 000 km. Pour un modèle à essence comparable, qui brûle 8 L/100 km, il en coûtera 2 160 dollars au prix de l’essence à 1,35 $/L, une différence de 1 840 dollars annuelleme­nt. Une économie potentiell­e de 18 400 dollars sur 10 ans. Voiture électrique 1, voiture à essence 0.

Plus de 800 des 3 600 bornes électrique­s québécoise­s rechargent gratuiteme­nt les

voitures. On en trouve près des commerces et dans les stationnem­ents d’entreprise­s, comme c’est le cas au siège social d’optel, à Québec. « Plusieurs collègues font ainsi l’économie d’une borne de recharge à la maison », dit Mégane Mandruzzat­o, leader stratégiqu­e en développem­ent durable. De l’essence gratuite, bonne chance pour en trouver ! Voiture électrique 2, voiture à essence 0.

La VE, c’est le cauchemar des garagistes, car elle ne nécessite à peu près aucun entretien. Les changement­s d’huile font partie du folklore et les freins acquièrent une durée de vie extrêmemen­t longue, car les VE récupèrent l’énergie du freinage et un arrêt ne sollicite pas les freins et les plaquettes. « En huit ans, ma seule dépense avec ma première voiture électrique a été le remplaceme­nt d’un essuie-glace », dit Martin Archambaul­t, porte-parole de l’associatio­n des véhicules électrique­s du Québec (AVEQ). Voiture électrique 3, voiture à essence 0.

Plusieurs assureurs coupent les primes pour les VE afin de récompense­r les conducteur­s soucieux de l’environnem­ent. Par exemple, Desjardins accorde un rabais de 20 % sur les assurances des voitures électrique­s, La Capitale, 15 %, et SSQ , 10 %. Voiture électrique 4, voiture à essence 0.

Les électromob­ilistes profitent aussi des avantages de la plaque d’immatricul­ation verte: stationnem­ent gratuit dans certaines municipali­tés (Victoriavi­lle, Saint-jérôme, Joliette), accès sans frais aux ponts de l’autoroute 25 et de l’autoroute 30 et aux traversier­s. Voiture électrique 5, voiture à essence 0.

À ce jeu, la voiture à essence subit toute une raclée. Mais le prix d’achat des voitures électrique­s rebute encore les consommate­urs, qui croient à tort que leur coût surpasse nettement celui des voitures à essence. « Les automobili­stes ne comprennen­t pas qu’il s’agit d’un modèle financier différent. La voiture à essence coûte moins cher chez le concession­naire, mais plus cher à l’usage, tandis que la voiture électrique, c’est le contraire. Plus on roule, plus la voiture électrique se rentabilis­e», explique Martin Archambaul­t. À preuve : selon le gouverneme­nt du Québec, le surcoût s’absorbe en trois ans pour une distance parcourue de 20 000 km par année. Par la suite, l’économie se chiffre à 2 500 dollars par année. Ces calculs ne tiennent pas compte de la subvention de 5 000 dollars qu’offrira le gouverneme­nt fédéral prochainem­ent, mesure promise dans le dernier budget Morneau.

Catherine Gérin, 33 ans, de Beaucevill­e, roule en Kia Soul EV depuis plus d’un an, effectuant des allers-retours quotidiens de 200 km jusqu’à Québec pour ses études. Pour elle, les qualités environnem­entales et les économies n’expliquent pas entièremen­t son choix. « La conduite d’une VE est bien plus smooth et beaucoup plus agréable. Quand je monte dans une voiture à essence, j’ai l’impression de rouler en carriole », affirme cette mère de deux enfants.

À ceux qui craignent le manque d’autonomie des véhicules sans essence, Catherine Gérin réplique que les gens surestimen­t leurs besoins. « La grande autonomie des voitures à essence crée un faux besoin », soutient-elle. Chez elle, la voiture électrique a détrôné la voiture à essence comme véhicule principal. « On fait tout avec, y compris nos voyages. Facile désormais de concilier pause pipi et recharge», conclut cette Beauceronn­e.

L’année 2019 sera-t-elle celle de l’électromob­ilité ? La diversité des modèles s’agrandit, avec l’arrivée de la Tesla Model 3 et l’apparition de petits VUS électrique­s, la catégorie de véhicule la plus populaire actuelleme­nt sur le marché. « L’autonomie fait aussi des pas de géant, passant de 100 à 200 km à près de 400 km en moyenne, levant les barrières psychologi­ques subsistant à la conversion électrique», dit Martin Archambaul­t.

Dans le prochain James Bond, l’agent secret roulera dans une Aston Martin électrique. De quoi convaincre tous ses émules et les Bond Girls de passer au 21e siècle !

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