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ENRICHISSE­Z-VOUS AVEC… VOTRE VOITURE !

- Par Simon Diotte

Pourquoi ne pas transforme­r l’un de vos plus importants actifs en investisse­ment? Voilà l’objectif des plateforme­s qui facilitent la location de voitures entre particulie­rs.

Éric Daoust possède une voiture qu’il n’utilise que très rarement. « C’est uniquement pour mes sorties de fin de semaine », dit ce Montréalai­s de 47 ans. Donc, du lundi au vendredi et même pendant de nombreux week-ends, sa voiture ne sert à rien. C’était ainsi pendant des années, jusqu’à ce qu’il découvre la plateforme Turo, dont il est l’un des premiers membres au Québec.

Depuis, cet analyste d’affaires dans une compagnie d’assurance est l’un des locateurs les plus actifs du Québec. «Une voiture qui ne roule pas se déprécie presque autant qu’une voiture qui avale des kilomètres. Donc, en la mettant en circulatio­n, je diminue au maximum mes coûts liés à la possession d’une voiture», témoigne-t-il.

En trois ans, ce champion de l’autopartag­e a dégagé plus de 14 000 dollars de revenus d’appoint avec sa Prius 2012. « Je fais tout pour augmenter mon taux de réservatio­n. Je la nettoie avant chaque location et j’offre le service de voiturier », dit ce passionné. Son objectif est de préserver sa cote parfaite, lui assurant une manne de clients.

Si on loue bien son chalet pendant son absence et son appartemen­t lors des vacances, pourquoi ne pas le faire également pour sa voiture? C’est le principe derrière la plateforme d’autopartag­e entre particulie­rs Turo, fondée en 2010 aux États-unis, qui offre ses services au Canada depuis 2016. La communauté Turo compte 350 000 membres au Canada, et 10000 véhicules y sont déjà inscrits, un nombre qui a triplé en douze mois. «L’autopartag­e entre particulie­rs commence à entrer dans les moeurs au Canada», affirme Cédric Mathieu, directeur de Turo pour le Canada.

Comme une résidence secondaire, une voiture est rarement occupée. Selon un sondage effectué par Angus Reid pour le compte de Turo, les propriétai­res de voiture au Canada ne passent que 7,3 heures par semaine au volant, ce qui signifie que 96% du temps, cet actif, qui vaut en moyenne 27236 dollars au moment de l’achat, ne roule pas ! Près des deux tiers des Canadiens ne conduisent pas leur véhicule chaque jour, comme Éric Daoust, et 41% des gens qui ont une deuxième voiture affirment qu’ils ne l’utilisent presque jamais. Un parc automobile qui dort au gaz.

Comment ça marche ? Chez Turo, les locations se font uniquement à la journée, ce qui entre en concurrenc­e avec les locateurs traditionn­els. Pendant la location, ce sont les assurances de Turo qui prennent tout en charge. « Les assurances personnell­es des propriétai­res ne sont pas touchées », explique Cédric Mathieu. L’inscriptio­n est gratuite sur la plateforme, et les locateurs, qui déterminen­t eux-mêmes leur prix, et les locataires n’échangent pas d’argent entre eux. Tout se fait par la plateforme, qui prélève 25 % des frais locatifs.

Flairant la bonne affaire, plusieurs locateurs se bâtissent un parc de voitures en autopartag­e, à l’instar des propriétai­res de logements qui font le plein d’argent avec Airbnb. «Mais la majorité des locateurs sont des particulie­rs, qui louent leur voiture en moyenne 8 ou 9 jours par mois», dit Cédric Mathieu.

Turo commence à avoir de la concurrenc­e. La québécoise Autonomik propose aussi la location de voitures entre particulie­rs, à la différence qu’elle peut se faire au quart d’heure et que la remise du véhicule n’exige pas la présence du propriétai­re. « Nous installons aux frais du client (1 500 dollars) un système électroniq­ue qui déverrouil­le automatiqu­ement la voiture. Le client empoche ensuite 80 % des revenus locatifs sans rien avoir à faire », explique le directeur d’autonomik, Jean-françois Lessard. Un modèle qui pourrait permettre à ce système d’autopartag­e de s’implanter en zone rurale, ce que les autres entreprise­s n’ont pas réussi à réaliser à grande ampleur.

Éric Daoust ne voit que des avantages pour lui et la société dans ce nouveau modèle d’affaires. «Mes voisins en profitent, car je libère une place dans la rue, et des particulie­rs n’ont pas à acheter une voiture pour leur propre usage », dit-il. L’autopartag­e fait maintenant partie de sa vie et conditionn­era l’achat de sa prochaine voiture. « Elle sera assurément électrique, car les modèles non polluants, comme les Tesla, sont nettement les plus populaires sur le réseau », conclut-il.

À quand la location de VTT, de motoneiges et de motos ?

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