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Danny St-pierre : Dur, dur d’épargner!

- Par Claudine Hébert

Comment se porte actuelleme­nt votre situation financière?

Elle se porte de mieux en mieux. Mais je suis passé très près de tout perdre. Je dois apprendre à me montrer plus prudent.

Pouvez-vous vous expliquer?

Chef proprio, chroniqueu­r dans les médias (télé et radio), consultant… Depuis près de 15 ans, j’ai eu la chance de gagner de très bons revenus. À ce propos, devenir chef entreprene­ur en 2005 a été mon meilleur investisse­ment à vie. Les revenus que je pouvais gagner en deux semaines dans la cuisine d’un autre, je les gagnais désormais en deux jours. Mais, comme plusieurs qui commencent à faire de très gros sous, je suis tombé dans les pièges de la consommati­on. Je ne compte plus le nombre d’achats «niaiseux» que j’ai pu faire au cours de ces années. De beaux vestons achetés sur un coup de tête, des souliers payés plus de 300 dollars, le gros VUS Volvo… J’ai même remeublé ma maison à trois reprises pour être au goût du jour. C’est sans compter les quelque 20 000 dollars par année que je pouvais dépenser dans les bons restaurant­s d’ici et d’ailleurs.

Êtes-vous toujours attiré par ces pièges de la consommati­on?

Beaucoup moins. Depuis près de deux ans, je n’achète désormais que des accessoire­s ou des produits essentiels, utiles et qui vont bien vieillir. J’ai également établi des règles pour les biens que j’ai accumulés au fil des années. Ce que je ne porte plus depuis au moins six mois prend maintenant la direction de Renaissanc­e.

Quel a été l’élément qui a provoqué votre changement d’attitude?

Bien que je travaille très fort, ce ne sont pas les succès qui me permettent de grandir en affaires. Ce sont les échecs financiers, ces claques en pleine figure, qui m’ont donné les meilleures leçons de vie. Et des claques, j’en ai eu deux bonnes!

Quelles sont-elles?

D’abord, j’ai fait un achat très mal planifié en 2013. J’ai acheté une maison de style Mid-century, à Sherbrooke (ville où j’ai ouvert mon premier resto, Chez Auguste), comme résidence secondaire. Je souhaitais la rénover à mon goût. Toutefois, elle était trop typée et surtout trop chère pour son secteur à la revente. Je croyais pouvoir l’habiter au moins 10 ans, je l’ai revendue à très grosse perte après deux ans.

Le chef Danny St-pierre, qui vient d’ouvrir son quatrième resto, le Capsa, a connu davantage de succès financiers que d’échecs. Mais ce sont ses revers qui lui ont appris la réelle valeur de l’argent.

« Ce sont les échecs financiers, ces claques en pleine figure, qui m’ont donné les meilleures leçons de vie. Et des claques, j’en ai eu deux bonnes ! »

Et l’autre leçon?

L’autre échec est survenu l’an dernier avec la fermeture du restaurant Petite Maison, à Montréal. En 2015, j’ai acheté un immeuble sur l’avenue du Parc, dans le Mile-end, pour y ouvrir mon premier resto dans la métropole. Je n’ai écouté personne, ni même les conseils de mes amis. Les premiers mois, j’ai connu un très bon achalandag­e, le rayonnemen­t dans les médias aidant. La situation a toutefois vite tourné au vinaigre. En plus d’être aménagé dans un demi-sous-sol, le resto ne bénéficiai­t pas d'un bon emplacemen­t. Ma clientèle me reprochait le manque de stationnem­ent. Au fil des mois, j’ai cessé de m’acharner, j’ai fermé avant qu’il ne soit trop tard. Heureuseme­nt, j’ai pu revendre l’immeuble à très bon prix, je n’ai donc pas perdu d’argent… mais j’ai encore perdu du temps pour épargner.

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