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- Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc

Les aînés, nouvelle clientèle pour les architecte­s

Immobilier — Il y a à peine 20 ans, on comptait moins de 40 000 logements en résidences pour personnes âgées. Aujourd’hui, on en dénombre plus de 115 000, répartis dans plus de 2 300 immeubles. Du coup, construire ce type de résidence n’est plus seulement le projet d’un promoteur, mais rassemble des architecte­s, des ingénieurs ou des designers d’intérieur.

Chantal Panneton, propriétai­re associée de la firme A2Design, à Laval, souligne que 40 % de son chiffre d’affaires est aujourd’hui directemen­t lié à la conception de résidences pour personnes âgées. Il y a 10 ans, elle est allée cogner à la porte d’un promoteur de résidences à Montréal. « J’ai été suffisamme­nt convaincan­te pour qu’on me confie un premier mandat. Depuis, les contrats n’ont jamais arrêté », raconte-t-elle.

Et le rôle du designer ne se limite pas au choix de couleurs de peinture et aux couvre-planchers. L’aménagemen­t des aires communes, l’espace des logements, y compris la sélection des appareils sanitaires, relèvent de son expertise. « Mais attention, notre souci est d’apporter une valeur ajoutée à ces milieux de vie. Même si la cuvette de toilette est élevée et que la baignoire doit être peu profonde, il faut sélectionn­er de beaux appareils sanitaires ergonomiqu­es et sécuritair­es, sans pour autant qu’ils affichent un look d’hôpital », précise Mme Panneton.

Évolution des mandats

Les nouvelles résidences évoluent également sur le plan architectu­ral. « Finie l’époque où l’on construisa­it des unités avec des fenêtres placées à 42 pouces du sol », signale l’architecte Daniel Macbeth, de Ruccolo et Faubert. Maintenant, dit-il, la plupart des résidences sont dotées de fenêtres près du plancher. Ce qui permet de bénéficier d’une meilleure vue en position assise. Les balcons sont équipés de panneaux de verre givré pour réduire l’effet de vertige, et les corridors sont munis d’espaces de repos, éclairés de lumière naturelle.

Au cours des 10 dernières années, M. Macbeth a réalisé une dizaine de projets de résidences privées et publiques comprenant au moins 250 logements. « C’est très motivant de pouvoir développer un produit qui s’adresse à une nouvelle clientèle. Un produit obligeant à comprendre et à saisir les besoins actuels des aînés tout en se projetant dans le futur. C’est peut-être moi qui me retrouvera­i dans ce type d’établissem­ent dans 25 ans », dit l’architecte âgé de 50 ans.

Trouver l’équilibre

Toutes ces mesures font augmenter le coût de 3 à 5 % par logement, qui varie de 140 000 à 160 000 $. Un facteur qui n’est pas sans soulever de vives discussion­s entre les intervenan­ts. « Le défi demeure de trouver le bon équilibre entre ce que veut le client et sa capacité de payer, ce que souhaite le promoteur et son rendement, sans oublier l’appui des institutio­ns financière­s », souligne Claude Paré, président de D’Ici 2031, un organisme qui se spécialise dans la conception, la réalisatio­n et la mise en marché de résidences pour personnes âgées. Pourquoi l’an 2031 ? Selon les statistiqu­es, ce sera l’année où plus d’un Québécois sur trois sera âgé de 55 ans ou plus.

En raison de la multiplica­tion des projets de résidences pour aînés, un nouvel écosystème – architecte­s, designers d’intérieur et ingénieurs – est né.

« C’est très motivant de pouvoir développer un produit qui s’adresse à une nouvelle clientèle. Un produit obligeant à comprendre et à saisir les besoins actuels des aînés tout en se projetant dans le futur. C’est peutêtre moi qui me retrouvera­i dans ce type d’établissem­ent dans 25 ans. »

— Daniel Macbeth, de Ruccolo et Faubert

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