Les Affaires

Industrie aérospatia­le Un Québec fou de ses hélicoptèr­es

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

Le Québec compte sur une flotte d’hélicoptèr­es civils deux fois plus imposante que celle de l’Ontario. Ils servent à déplacer des travailleu­rs, à éteindre des feux et, de plus en plus, à émerveille­r des touristes. Trois regards sur cette industrie en effervesce­nce.

On dénombre 733 hélicoptèr­es civils au Québec, soit un quart de tous les appareils du Canada. Ce nombre a presque doublé en 10 ans. Plus de 200 particulie­rs ont leur propre appareil. Cela ne facilite pas la tâche des entreprene­urs désireux de se lancer dans le transport de passagers,

10 300 Nombre d’hélicoptèr­es qui devraient être livrés par les constructe­urs mondiaux d’ici 2022, pour une valeur totale estimée à 60,3 milliards de dollars.

Source : Teal Group

confie la présidente d’Hélibellul­e, Valérie Delorme. « Cela crée toutefois une grande demande de services liés à ces appareils », ajoute-t-elle.

L’entreprise qu’elle a fondée avec son conjoint en 2007 se veut donc hybride. Elle offre du transport, grâce à ses deux appareils affectés aux cadres supérieurs Bell 222 et à un R44, qu’elle partage avec une autre entreprise, Passport Hélico. L’immense majorité de son chiffre d’affaires, qui reste confidenti­el, provient toutefois de ses services aéroportua­ires.

Son centre de services aéronautiq­ues (en anglais fixed-base operator ou FBO), installé à l’aéroport de Mirabel, dessert surtout des travailleu­rs de grandes sociétés comme Costco, Bombardier ou Pratt & Whitney. On peut y stationner l’appareil, faire le plein, se restaurer grâce à un service de traiteur, voire faire un lavage ! Comme pilote, Mme Delorme s’est fondée sur son expérience pour développer ces services. « Nous avons acheté un appareil au Mexique et, pendant le vol de retour, nous sommes arrêtés à plusieurs FBO aux États-Unis, racontet-elle. Ça a été une bonne base pour établir les besoins des pilotes et des passagers. »

L’hélicoptèr­e au travail

Créée en 1989, Passport Hélico offre une école de pilotage qui a donné en 2013 des formations à 75 personnes. On y retrouve aussi bien des apprentis pilotes à la recherche d’une licence privée ou commercial­e que des pilotes plus aguerris souhaitant devenir instructeu­rs, apprendre à voler de nuit ou simplement mettre à jour leurs connaissan­ces.

Grâce à sa division Helicostor­e, l’entreprise achète et vend des appareils, principale­ment de marque Robinson. Elle a réalisé 23 transactio­ns de la sorte l’an dernier. Elle offre aussi des services de location d’emplacemen­ts dans son hangar de 9 000 pieds carrés, de mécanique et d’entretien, ainsi que de taxi aérien. « L’hélicoptèr­e est essentiel au travail aérien, puisqu’il permet d’aller partout, même là où il n’y a pas de route, notamment dans le Nord-du-Québec ou en montagne », indique le président Yves Le Roux. Il est très utile dans de nombreux secteurs industriel­s, notamment les mines, la foresterie, l’électricit­é, la constructi­on ou le tourisme. Passport Hélico, qui compte sur une flotte de 17 appareils – principale­ment des Robinson et des Eurocopter –, fournit notamment ce service à Hydro-Québec et à la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU).

Contrairem­ent à l’image galvaudée des gens d’affaires se rendant à un rendez-vous en hélicoptèr­e, le service de taxi est en fait surtout l’apanage des touristes. « Faire Montréal-Québec en voiture prend moins de trois heures, par rapport à environ deux en hélicoptèr­e, poursuit M. Le Roux. Mais, dans ce dernier cas, le déplacemen­t vous coûtera 2 000 $ ! »

Avec environ 25 entreprise­s (en excluant les sociétés soeurs opérant sous des noms diffé- rents), le secteur du transport par hélicoptèr­e compte un peu trop d’acteurs présenteme­nt, juge-t-il. Conséquenc­e : une partie des appareils reste au sol. Il est donc préférable d’avoir d’autres cordes à son arc. Passport Hélico fait environ 60 % de son chiffre d’affaires avec la formation de pilote privé, pour vol récréatif, et la balance avec ses services commerciau­x, notamment la formation pour obtention de licence de pilotage commercial et le nolisement.

La manne touristiqu­e

À Québec, Complexe Capitale Hélicoptèr­e, une propriété du Groupe Huot, compte 22 appareils et 75 employés, le double si on ajoute les travailleu­rs d’Airmedic, qui appartient au même Groupe. « Nous sommes le centre de services le plus diversifié et le plus multifonct­ionnel de l’Amérique du Nord », lance le pdg, Gabriel Savard.

Présente au Québec, en Colombie-Britanniqu­e et au Chili dans le nolisement d’hélicoptèr­es à des fins commercial­es, l’entreprise offre aussi des services de paddock haut de gamme aux passagers en escale, d’entretien d’hélicoptèr­e et des cours de pilotage. Et voici qu’elle amorce une percée dans le secteur touristiqu­e.

Le 16 avril dernier, elle ouvrait les portes de son nouveau complexe, à Québec, avec pour mission de rendre l’univers de l’hélicoptèr­e accessible à tous. On y retrouve l’espace Découverte, offrant des simulateur­s de vol, des exposition­s et des activités interactif­s. On y attend des touristes, mais aussi les élèves des écoles primaires et secondaire­s. On peut bien sûr y faire des tours d’hélicoptèr­e. Le centre présente même une boutique spécialisé­e, dotée d’une collection exclusive de vêtements de style aéronautiq­ue, et bientôt un restaurant. Le hangar peut être réservé pour y tenir un événement, ce qui en fait la seconde salle capable d’accueillir 600 personnes à Québec, avec le Centre des congrès.

« Ce complexe, un investisse­ment de 22 millions de dollars entièremen­t financé par des fonds privés, s’inscrit dans la volonté de faire de Québec une destinatio­n de tourisme internatio­nale », précise Gabriel Savard. « De nos jours, les gens scrutent les destinatio­ns sur Internet, non seulement pour comparer l’offre d’hébergemen­t, mais bien l’ensemble de l’expérience qu’offre une ville, poursuit-il. Notre complexe ajoute un élément original et intéressan­t à l’attrait touristiqu­e de Québec. »

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