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Bernard Mooney Ne visez pas la retraite !

- Bernard Mooney bernard.mooney@tc.tc Chroniqueu­r

Ma chronique du 8 février dernier portait sur les éléments non financiers de la retraite. Ce texte a suscité de nombreux commentair­es positifs.

J’ai été fort ravi de la réaction de mes lecteurs, d’autant plus qu’il s’agit d’un thème qui n’est pas directemen­t lié aux marchés financiers et sur lequel j’avais peu écrit.

Cependant, il y a un élément que je n’ai pu approfondi­r, faute d’espace, et il est important. C’est la grande différence entre la retraite et l’indépendan­ce financière.

Les institutio­ns financière­s dépensent une fortune à promouvoir leurs produits et services devant nous mener à la retraite.

Elles ne sont pas les seules. La propagande entourant la retraite, peu importe les angles et les thèmes traités, est tonitruant­e.

Et me voilà qui vous livre un message carrément contradict­oire: oubliez ça, la retraite!

En fait, mon message n’est pas vraiment contradict­oire. Il n’y a rien de mal à viser la retraite et à investir du temps et des énergies à la planifier comme il faut.

Ce sur quoi j’aimerais vous amener à réfléchir, c’est que vous devriez peut-être, au lieu de viser la retraite, avoir un autre objectif, soit celui de l’indépendan­ce financière. Je sais que pour plusieurs c’est la même chose, mais croyez-moi, certaines différence­s et nuances ont une grande importance stratégiqu­e.

Qu’est-ce que la retraite? C’est assez facile: vous décidez (ou on vous aide à prendre cette décision) que vous avez assez travaillé. Le lundi matin suivant votre départ à la retraite, vous restez chez vous, pour passer votre temps à d’autres occupation­s personnell­es.

Le mot « retraite » vient du verbe « se retirer », car le concept central est le fait que la personne se retire de la vie profession­nelle.

Travail, une maladie?

Je suis de plus en plus convaincu qu’il s’agit là d’un concept dépassé et dangereux.

Il y a deux aspects clés derrière la retraite, le

Au lieu de viser la retraite, les épargnants devraient avoir un autre objectif, soit celui de l’indépendan­ce financière.

premier étant la situation financière. Avoir assez d’argent pour ses vieux jours est crucial, on est tous d’accord avec cela. L’autre aspect est le fait d’arrêter de travailler pour se consacrer aux loisirs, ce qui est du moins la prétention de bien des gens.

Cela me surprend encore tellement de constater jusqu’à quel point le travail a une si mauvaise réputation dans l’ensemble de la population. Je sais que bien des gens ont des emplois qu’ils n’aiment pas et je les comprends d’avoir hâte de pouvoir arrêter. Mais il y a tant de gens, des profession­nels, qui ont choisi leur domaine et qui comptent tout de même les années avant la retraite, un peu comme l’enfant qui anticipe Noël. C’est triste.

C’est comme si le travail était une maladie nécessaire, dont il fallait chercher à se débarrasse­r le plus vite possible.

Tout cela pour vous présenter le concept de l’indépendan­ce financière, qui combine, à mon avis, les meilleurs aspects de la retraite et du travail.

L’indépendan­ce financière, c’est avoir assez de capital pour vivre, sans avoir à travailler de façon active et régulière pour les éléments de base de la vie. C’est être relativeme­nt libre de faire ce qu’on veut sans trop se soucier de l’argent. Et l’âge n’a aucune influence, car on peut être indépendan­t financière­ment à 32 ans comme à 64 ans.

Je vais vous décevoir en vous disant qu’il est impossible de déterminer un montant cible pour atteindre cette situation. C’est impossible, car on y arrive autant à partir de ses dépenses que de ses revenus et actifs.

Par exemple, si vous avez une immense maison à Montréal, un condo en Floride et un gros chalet en Estrie, vous avez besoin de plus d’argent pour vous déclarer indépendan­t financière­ment que la personne qui a une petite maison payée en Montérégie.

De fait, il est souvent plus facile d’accéder à l’indépendan­ce financière en contrôlant ses dépenses plutôt qu’en tentant d’accroître ses revenus. Reste que les deux éléments doivent y contribuer.

Tout cela pour dire qu’être riche et être indépendan­t financière­ment sont deux concepts différents. Si 3000$ par mois est tout ce qu’il me faut pour être heureux et que j’ai suffisamme­nt pour générer 4000$ chaque mois, je suis indépendan­t même si je ne suis pas riche.

S’épanouir grâce à l’indépendan­ce financière

L’autre dimension de mon concept, c’est évidemment l’indépendan­ce financière, qui recèle les récompense­s les plus enrichissa­ntes pour les épargnants. En effet, à l’opposé du concept limité et limitatif de la retraite, celui de l’indépendan­ce financière vous offre toute la flexibilit­é du monde pour travailler à votre rythme, pour faire ce qui vous passionne en optimisant votre expérience et votre situation personnell­e.

Cette indépendan­ce vous permet ainsi de dire non à un projet s’il n’est pas intéressan­t, pas assez payant ou s’il doit se faire avec des gens que vous n’admirez pas ; ou tout simplement parce que vous n’en avez pas envie en ce moment. Elle vous donne des options fascinante­s pour poursuivre votre épanouisse­ment profession­nel à votre rythme.

À mon avis, il n’y a jamais eu de meilleure période qu’en ce moment pour vivre ce genre d’indépendan­ce financière. Je suis conscient que ce n’est pas à la portée de tous. Mais si c’est possible pour vous, pensez-y et reléguez l’idée de retraite au musée du travail, car ne rien faire n’est pas une option.

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