Les Affaires

François Pouliot Les titres Star Trek

- François Pouliot françois.pouliot@tc.tc Chroniqueu­r

Espace, frontière de l’infini, vers laquelle voyage notre vaisseau spatial... Sa mission: explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d’autres civilisati­ons, et, au mépris du danger, reculer l’impossible. » Le hasard d’une visite au club vidéo nous a récemment remis l’univers de Star Trek à l’esprit. Et comme il fait bien les choses, ce même hasard a fait arriver quelques jours plus tard sur notre bureau un commentair­e de la maison Global Maxfin Capital sur le secteur de l’espace. « À ce jour, l’industrie a résisté aux récessions et affiché une croissance constante lors des dernières turbulence­s économique­s. En outre, elle est présenteme­nt dominée par un faible nombre de sociétés avec de fortes barrières à l’entrée », écrit l’analyste Ralph Garcea.

Le signal pour un voyage exploratoi­re du secteur était donné.

L’industrie du satellite L’activité est ces jours-ci assez soutenue chez les constructe­urs de satellites, alors que la plupart estiment que le nombre de commandes en 2014 devrait être supérieur à celui de l’an dernier.

Selon Euroconsul­t, environ 1150 satellites seront lancés de 2013 à 2022, une hausse de 26% par rapport à la dernière décennie (2003-2012). Les deux tiers de ces satellites seront la propriété de gouverneme­nts et généreront 75% des revenus.

Les sociétés publiques canadienne­s engagées dans le secteur visent surtout le créneau du satellite commercial. Un secteur qui a bien performé ces dernières années.

La croissance du PIB dans les pays émergents fait en sorte que la demande de services télévisés augmente dans le monde, et le satellite est généraleme­nt la façon la plus efficace de livrer le signal. L’Asie du Sud-Est a un taux de pénétratio­n de la télé par abonnement de 20% seulement, tandis que celui de l’Afrique est à moins de 5%.

Au même moment, la technologi­e HD continue de s’implanter et demande de plus en plus de bande passante. De nouvelles technologi­es de diffusion, la 4K ou l’ultra HD, offrent une résolution supérieure et requièrent encore plus de bande passante. Ce qui demande plus de capacité, donc plus de satellites.

La demande de services télévisés augmente dans le monde, et le satellite est généraleme­nt la façon la plus efficace de livrer le signal.

Une importante interrogat­ion À court terme, Google pourrait en outre donner un élan particulie­r au créneau. Paradigm Capital note que la société projette de dépenser de 1 à 3G$ US pour déployer 180 satellites destinés à procurer un accès Internet dans des régions où le service n’est pas offert. D’ailleurs, Google a annoncé l’acquisitio­n du petit constructe­ur de satellites Skybox pour 500 M$ US.

Pour mettre la chose en perspectiv­e, une trentaine de satellites commerciau­x sont habituelle­ment lancés chaque année dans le monde. Si l’on postule que l’opération pourrait se faire sur six ans, c’est un marché qui double annuelleme­nt.

D’autres analystes estiment cependant qu’une nouvelle technologi­e satellitai­re à haut débit est sur le point de faire son entrée. Euroconsul­t prévoit que 33 satellites de ce genre seront lancés d’ici 2016 et que, collective­ment, ces satellites amèneront 1,4 gigaoctet par seconde (Go/s) de nouvelle capacité, ce qui est l’équivalent de 450 satellites traditionn­els.

On voit tout de suite le risque d’une surabondan­ce de capacité.

Cela dit, il n’y a pas qu’une question de capacité, mais également une question de couverture. Un éventuel excès de capacité pourrait de même avoir pour effet de faire baisser le prix des services des distribute­urs et de stimuler plus fortement la demande pour les communicat­ions satellites, fait remarquer BMO Marchés des capitaux.

Conclusion?

L’industrie de l’espace est comparable à l’Enterprise lorsqu’il traverse un important brouillard intersidér­al: il est difficile de voir ce qui se trouve devant. Rapide regard tout de même sur les principaux acteurs canadiens de l’espace et sur ce qu’en pensent les analystes.

MacDonald, Dettwiler & Ass. ( MDA, 89,94$) Le plus important fabricant canadien de satellites, MDA, a remporté quatre des sept contrats de satellites accordés au premier trimestre, ce qui le place dans une position pour gagner des parts de marché. À ce jour, la société avait une part oscillant entre 25 et 30%. Ses activités de surveillan­ce par satellite pour les gouverneme­nts vont apparemmen­t aussi assez bien.

Neuf analystes sont à « achat », et trois à « conserver ». La prévision de bénéfice pour 2014 est à 5,70$ par action, celle de 2015, à 6,50$.

À près de 16 fois le bénéfice anticipé cette année, le titre n’est ni cher, ni une aubaine.

Com Dev Internatio­nal ( CDV, Un fabricant de systèmes vendus aux constructe­urs de satellites. Les systèmes de communicat­ion de l’entreprise ontarienne permettent notamment de suivre les déplacemen­ts maritimes.

Les analystes sont assez optimistes alors que sept recommande­nt l’achat du titre et un seul de le conserver. La prévision de bénéfice pour 2014 (octobre) est à 0,23$ par action, celle de 2015, à 0,31$. Le titre semble ici aussi bien évalué.

4,19 $)

UrtheCast ( UR, La société de Vancouver ne fait pas dans la constructi­on de satellites. Elle a conclu une entente avec les Russes pour installer deux caméras vidéo sur la nouvelle station spatiale internatio­nale.

Son plan d’affaires est d’approvisio­nner les gouverneme­nts, mais aussi de lancer un nouveau réseau social. Un concurrent potentiel (Teledyne Technologi­es) a une entente avec les Américains. Mais le lancement d’UrtheCast, prévu au cours des prochains mois, lui donne une avance d’un an et demi.

Les quatre analystes qui suivent le titre recommande­nt l’achat du titre. Après des pertes en 2014 et en 2015, deux analystes entrevoien­t un bénéfice moyen de 0,51$ par action en 2015.

La société est en démarrage et n’est pas solidement capitalisé­e. Le titre est spéculatif.

1,35 $)

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