Les Affaires

AVIGILON

(Tor., AVO, 22,80 $)

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Croquer dans une tarte globale

Contrairem­ent à Constellat­ion Software qui vise à combler une myriade de besoins pointus, Avigilon table sur un marché unique et mondial. Le fonds de commerce de l’entreprise de Vancouver : la peur. La peur du terrorisme, du vandalisme, du vol, de la défaillanc­e… bref, un marché immense.

Fondée en 2004, trois ans après l’attentat des tours jumelles à New York, l’entreprise conçoit des systèmes intégrés de vidéosurve­illance de haute résolution et de contrôles d’accès.

Elle se targue d’offrir le système « le plus puissant et le plus facile à utiliser du monde ». Ses produits se retrouvent dans les aéroports, les banques, les hôpitaux, les casinos et sur les sites d’infrastruc­tures critiques.

La société ne cesse d’impression­ner par la croissance de ses revenus, qui ont explosé de 66 % au premier trimestre, sans l’effet des acquisitio­ns. Le bénéfice ajusté par action a doublé à 0,19 $, 46 % plus élevé que prévu grâce à une hausse de la marge brute à 57 %.

À la faveur d’un réseau de distributi­on efficace, les revenus ont augmenté dans la dernière année de 114 % et de 116 % dans les régions de l’Asie-Pacifique et d’Amérique latine, respective­ment. L’Amérique du Nord demeure la vache à lait de l’entreprise, avec une croissance trimestrie­lle de 68 % des ventes.

La direction compte d’ailleurs pouvoir tripler ses revenus à 500 millions de dollars, de 2013 à 2016.

Et il ne s’agit là que d’une petite part d’une tarte énorme. Selon la firme américaine de recherche IHS, le marché mondial pour les équipement­s de surveillan­ce (en excluant le service) s’élèvera à 23 milliards de dollars américains en 2016, près de deux fois la taille qu’il avait en 2012.

Des départs qui inquiètent

Si les conditions de marché sont favorables à Avigilon, il en va autrement à l’intérieur de l’entreprise. Le 6 mai, la direction a confirmé le départ pour des raisons de santé du chef des finances Bradley Bardua, après seulement 30 mois de service. L’annonce est venue porter ombrage à ses solides résultats, incitant les investisse­urs à larguer leurs actions. Le titre s’est effondré de 16,5 % le 7 mai, et de 26 % lors de la seule semaine terminée le 9 mai.

Il s’agit en effet du quatrième dirigeant à quitter le navire en six mois. Même la nomination intérimair­e de l’un des actionnair­es fondateurs, Wan Jung, actif depuis 2004 au sein de l’entreprise, n’a pas réussi à rassurer les investisse­urs.

« Tous les titres technologi­ques qui se négocient à de hauts multiples en ont pris pour leur rhume récemment », nuance Mario Zaccardell­i, gestionnai­re chez Lombard Odier Gestion, pour expliquer la réaction violente des investisse­urs.

Michael Urlocker, de GMP Valeurs mobilières, juge aussi la réaction des investisse­urs excessive. « Ça contraste avec les forts résultats annoncés et avec nos observatio­ns de l’industrie, qui suggèrent une poursuite de la forte croissance de l’entreprise », dit-il.

D’ailleurs, plusieurs hauts dirigeants ont profité de la chute récente du titre pour acheter des actions supplément­aires. Le président Alexander Fernandes, le nouveau chef des finances Wan Jung et le viceprésid­ent exécutif Danny Kam ont tous trois acheté des dizaines de milliers d’actions chacun en mai, à des prix variant de 19,25 $ à 21,80 $.

Malgré la chute de 39 % du titre depuis son sommet historique de 34,50 $ le 23 janvier, les analystes demeurent optimistes face aux perspectiv­es de l’entreprise de Vancouver. La Financière Banque Nationale continue de prévoir pour le titre une performanc­e supérieure à celle de la Bourse canadienne et fixe son cours cible à 40 $, soit 30 fois les bénéfices prévus en 2015.

De son côté, Michael Urlocker recommande chaudement l’achat du titre qu’il voit rebondir de 81,6 % à 37,50 $, d’ici un an.

Steve Arthur et Anthony Jin, analystes chez RBC Marchés des Capitaux, sont moins enthousias­tes. Ils abaissent leur cours cible de 32 $ à 29 $, parce que la forte croissance d’Avigilon taxe les ressources de l’entreprise. Entre autres, des centaines d’emplois sont à pourvoir au sein de l’entreprise, dont plusieurs à des positions clés en finance, ressources humaines et marketing. Au premier trimestre seulement, le nombre d’employés a bondi de 22 %, à 556.

MM. Arthur et Lin estiment que les inquiétude­s soulevées par le départ de M. Bardua risquent de freiner la progressio­n du titre et son évaluation en Bourse. Bien qu’elle dispose d’un avantage technologi­que, Avigilon n’est pas seule dans une industrie mondiale concurrent­ielle.

Il est possible qu’une autre technologi­e dépasse celle de l’entreprise de Vancouver d’ici quelques années. Les grands acteurs des télécommun­ications pourraient aussi offrir leur propre service de surveillan­ce, comme le fait le câblodistr­ibuteur américain Comcast par son service de sécurité Xfinity.

POINT POSITIF Des revenus en forte croissance à l’internatio­nal Grâce à un réseau de distributi­on bien ficelé, les revenus ont augmenté dans la dernière année de 114 % et de 116 % dans les régions de l’Asie-Pacifique et d’Amérique latine, respective­ment. En ce qui a trait aux dollars, l’Amérique du Nord reste la vache à lait de l’entreprise, avec une croissance annuelle de 68 % des ventes.

POINT NÉGATIF Un risque opérationn­el à surveiller Avec le départ successif de quatre hauts dirigeants en six mois, les investisse­urs se demandent si la société pourra soutenir sa croissance fulgurante. Il y aurait notamment des centaines d’emplois à pourvoir au sein de l’entreprise.

49,9 AVIGILON EST LA CHAMPIONNE CANADIENNE DE LA CROISSANCE L’entreprise de Vancouver s’est classée en tête du classement annuel de en 2013, grâce à

une croissance annuelle de 49,9 % de ses revenus depuis cinq ans.

Profit Magazine 40% La société vise des revenus de 500 M$ d’ici 2016,

ce qui exige une croissance annuelle composée de 40 %

d’ici là.

160m$ La société de Vancouver a émis

pour 160 M$ de nouvelles actions à deux reprises depuis novembre 2013, pour financer sa croissance rapide.

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