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Nos journalistes vous présentent leur coup de coeur parmi leurs récentes lectures. Des confidences de Biz Stone aux racines des inégalités économiques, en passant par les dessous de l’affaire Snowden, voici des suggestions pour agrémenter votre été. Le capital au XXIe siècle, Thomas Piketty, Éditions du Seuil, 950 pages Thomas Piketty ne laisse personne indifférent. Le magazine The Economist a même qualifié cet économiste français de « Marx moderne ». Mais contrairement à l’intellectuel allemand et père du communisme moderne, l’auteur de l’essai Le capital au XXIe siècle n’est pas révolutionnaire et ne veut surtout pas renverser le capitalisme. Ses travaux – fruits de 15 ans de recherche qui s’appuie sur des données statistiques dans plus de 20 pays sur trois siècles – documentent plutôt la montée des inégalités dans les pays développés. Pourquoi? Parce que le rendement du capital est systématiquement plus élevé que le rythme de la croissance, ce qui favorise les détenteurs de capital. Or, sans mesure fiscale plus progressive pour limiter l’impact de cette croissance des inégalités, la concentration de patrimoine dans les mains d’une minorité mine les valeurs de méritocratie et de justice sociale des démocraties, selon Thomas Piketty. Mais ne vous faites pas d’illusion: lire Le capital au XXIe siècle est tout un contrat, un véritable marathon intellectuel. Cet essai vous donnera une compréhension exceptionnelle d’un enjeu incontournable: la répartition de la richesse. — FRANÇOIS NORMAND Marcel Boyer et Nathalie ElgrablyLévy, Alain Stanké Éditeur, 184 pages Si le poids de l’État dans l’économie est un sujet qui vous intéresse, ce petit ouvrage d’à peine 170 pages est un must. Les auteurs, deux économistes de droite, constatent que l’État-providence créé lors de la Révolution tranquille, quoique bénéfique à l’émancipation des Québécois dans ses deux premières décennies, n’a pas bien servi l’économie de la province à partir des années 1980. Il a même étouffé sa prospérité. Comment? En ne laissant pas la libre concurrence, l’entrepreneuriat et le dynamisme économique se développer dans les secteurs où l’État a le monopole, lesquels sont trop nombreux, selon les auteurs. Ce livre soulève bien des interrogations: comment se fait-il que les entreprises québécoises soient les plus subventionnées du Canada, mais les moins entrepreneuriales? Pourquoi tant de jeunes quittent-ils le Québec? Pourquoi innove-t-on si peu? Est-ce que l’omniprésence et le monopole de l’État y seraient pour quelque chose? Question ouverte. Et tout à fait pertinente à la lumière du déclin de nos finances publiques et de la réforme des programmes promise par le gouvernement Couillard.