Les Affaires

Tout et rien

- Géraldine Martin Éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires geraldine.martin@tc.tc

Pour être honnête, je ne suis pas de ceux ou celles qui savent complèteme­nt décrocher. Oui, je suis capable de laisser mes « dossiers » au bureau lorsque je pars en vacances, mais la vérité, c’est que je suis toujours en mode « alerte », même si c’est inconscien­t. Par exemple, si je pars en auto, je vais regarder le nom des entreprise­s qui bordent l’autoroute et me demander si nous avons déjà écrit sur elles. Ou encore, à l’étranger, je vais feuilleter le journal économique local et comparer.

Je suis certaine que vous êtes plusieurs à agir de la sorte. On laisse derrière nous ce qu’on a décidé de laisser derrière nous. Mais l’imaginatio­n, les réflexes, ça ne se range pas dans un tiroir. Enfin, je crois.

Ce que j’apprécie le plus des vacances, c’est le changement de rythme. Savez-vous qu’un gestionnai­re intermédia­ire parvient à travailler une demi-heure ou plus sans interrupti­on environ une fois tous les deux jours ? Et que la moitié des nombreuses activités d’un cadre supérieur durent moins de neuf minutes? Ces données sont tirées du livre Gérer dans l’action du professeur montréalai­s Henry Mintzberg, paru il y a quelques semaines aux Éditions Transconti­nental.

Rassurant de se dire qu’on a tous un rythme effréné? Pas forcément. Car il y a un danger à toujours courir. « La superficia­lité est un des risques du métier [de gestionnai­re] », affirme Mintzberg, qui précise : « On a dit du spécialist­e qu’il sait de plus en plus de choses sur de moins en moins de sujets, au point où il finit par savoir tout sur rien. Le problème du gestionnai­re se situe à l’opposé : il sait de moins en moins de choses sur de plus en plus de sujets, au point où il finit par ne rien savoir sur tout. »

Sacré dilemme. Comment le gestionnai­re peut-il rester connecté, s’il est de façon intrinsèqu­e déconnecté?

Il n’y a pas de réponse simple. Selon le prof Mintzberg, le gestionnai­re doit surtout accepter de ne pas tout savoir, et être à l’aise dans cet environnem­ent. Il ne faut pas forcément chercher à devenir un gestionnai­re « extraordin­aire », conclut-il. Pour être un gestionnai­re accompli, « peut-être qu’il suffit d’être lucide et plus ou moins sain sur le plan émotionnel ».

Qu’en pensez-vous? À méditer. Avant, pendant ou après vos congés, comme vous voulez! Bonnes vacances.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada