Les Affaires

Les robots canadiens prennent d’assault les mines

- Julien Brault julien.brault@tc.tc

Les mines de l’avenir pourraient très bien se passer des mineurs. Grâce aux robots, les minières pourront exploiter des gisements de plus en plus difficiles d’accès, tout en offrant un environnem­ent de travail plus sécuritair­e à leurs employés.

« Le travail que nous faisons en ce moment va dans la direction d’une mine sans mineurs, explique Matt Rendall, pdg de Clearpath Robotics. Sur le plan technologi­que, c’est déjà possible, mais l’industrie minière ne bouge pas très vite. »

Fondée à Kitchener en 2009, Clearpath Robotics est à l’avant-garde de l’automatisa­tion dans l’industrie minière. Ses robots, des véhicules autonomes légers, servent déjà à l’arpentage et au transport de matériel dans de nombreuses mines au Canada, au Brésil et en Australie.

En Australie, Rio Tinto Alcan utilise des véhicules autonomes auprès desquels ceux de Clearpath Robotics ressemblen­t à des fourmis. Titanesque­s, ces camions d’une largeur de huit mètres peuvent transporte­r jusqu’à 320 tonnes de minerai et fonctionne­nt 24 heures sur 24. Rio Tinto disposerai­t d’une flotte de 200 de ces camions autonomes, selon Bloomberg.

Rio Tinto teste également trois foreuses semi-autonomes en Australie. Ces machines sont contrôlées à distance par des opérateurs humains, qui doivent les positionne­r avant qu’elles ne passent en mode autonome.

Peck Tech Consulting, de Montréal, travaille elle aussi sur une technologi­e de foreuse semiautono­me en collaborat­ion avec Teck Resources, une minière de Vancouver. « On développe un algorithme de forage automatisé, de sorte que la foreuse puisse continue à fonctionne­r durant les temps morts », explique Sandy Pyke, vice-président des opérations chez Peck Tech.

Si l’automatisa­tion de l’industrie minière est déjà en cours, les technologi­es d’automatisa­tion tardent à faire leur entrée dans les mines. Selon Matt Rendall, un des principaux obstacles à l’adoption de masse de l’automatisa­tion par l’industrie est la cohabitati­on des robots avec la main-d’oeuvre traditionn­elle. « Si tout était automatisé, ce serait beaucoup plus facile, explique M. Rendall. Ce qui pose problème, c’est que ces véhicules doivent cohabiter avec des êtres humains dans un environnem­ent instable, et les opérateurs sont très prudents lorsqu’il s’agit d’introduire une technologi­e qui pourrait potentiell­ement blesser quelqu’un. » Un peu plus profond, un peu plus loin Même si l’enthousias­me des minières pour la robotique est mitigé, les forces du marché pourraient en accélérer l’adoption. En Australie, la pénurie de main-d’oeuvre dans le secteur minier sera de 70 000 travailleu­rs en 2015, selon une étude de BAEconomic­s commandée par Rio Tinto. Cette pénurie est peut-être la raison pour laquelle les mines australien­nes sont à l’avant-garde de l’automatisa­tion.

À long terme, toutefois, l’adoption de la robotisati­on devrait être la conséquenc­e directe de l’épuisement des gisements d’accès facile. D’une part, les sites d’extraction situés dans des zones reculées feront exploser les coûts liés à la maind’oeuvre. D’autre part, une fois une certaine profondeur atteinte, l’air des mines devient si chaud qu’il faut installer des systèmes de climatisat­ion très coûteux pour pouvoir y envoyer des mineurs. Les robots, quant à eux, n’ont pas plus besoin d’air conditionn­é que de prendre l’avion pour aller voir leur famille...

« Le Canada a toujours été fort en robotique, et en tant qu’économie de ressources, nous avons besoin de cette technologi­e. »

— Joshua Marshall, professeur d’ingénierie minière à l’Université Queen’s

L’automatisa­tion à 100% pourrait aussi déboucher sur des gains en efficacité, dans la mesure où la structure même des mines pourrait être repensée. « Dans les communauté­s de recherche académique, on se demande si les mines devraient être conçues différemme­nt à cause des robots », explique Joshua Marshall, professeur d’ingénierie minière à l’Université Queen’s.

Selon lui, malgré la longueur d’avance de l’Australie, le Canada a tout ce qu’il faut pour se démarquer en matière de robotique minière. « Le Canada a toujours été fort en robotique, et en tant qu’économie de ressources, nous avons besoin de cette technologi­e. Rien n’empêche le Canda de devenir un leader en robotique minière. »

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Clearpath Robotics, de Kitchener, est à l’avant-garde de l’automatisa­tion dans l’industrie minière. Ses robots, des véhicules autonomes légers, servent déjà à l’arpentage et au transport de matériel dans de nombreuses mines au Canada, au Brésil et en...
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