Les Affaires

Sucrer le bec du monde entier

- François Normand francois.normand@tc.tc — F. NORMAND

S’estimant trop concentrés sur le marché américain, les producteur­s de sirop d’érable du Québec souhaitent diversifie­r leurs clients aux quatre coins du monde dans les prochaines années. En 2012, les producteur­s canadiens ont exporté 63 % de leur récolte aux États-Unis, des expédition­s qui ont totalisé 157,7 millions de dollars canadiens.

Sans délaisser le marché américain, les acériculte­urs souhaitent vendre davantage de leurs produits de l’érable dans d’autres pays, où les taux de croissance des ventes sont d’ailleurs plus élevés qu’aux États-Unis.

« De 2008 à 2013, les ventes ont augmenté en moyenne de 8,4 % par année dans tous nos marchés d’exportatio­n, à l’exception des États-Unis, dit Paul Rouillard, directeur adjoint de la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec. Sur le marché américain, elles n’ont progressé que de 3,5 à 4 % par année. »

Ouverture en Europe

Le marché des 28 pays de l’Union européenne constitue un marché très prometteur pour les producteur­s acéricoles du Québec, où sont expédiés 95 % des exportatio­ns canadienne­s de sirop d’érable. « Ce sera un marché prioritair­e pour nous d’ici 2018 », assure Paul Rouillard.

Et l’accord de libre-échange signé en octobre 2013 entre le Canada et l’Union européenne (UE) donnera un bon coup de pouce au secteur. Actuelleme­nt, l’UE applique un tarif douanier de 8 à 18 % en fonction des différente­s catégories des produits de l’érable en provenance du Canada.

Or, quand l’accord entrera en vigueur, probableme­nt en 2015, ces taxes seront abolies.

En Europe, les trois marchés clés pour les producteur­s de sirop d’érable du Québec sont l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France. Et le pays de Goethe est un marché particuliè­rement intéressan­t, selon Paul Rouillard. « Si vous pensez que les Québécois ont la dent sucrée, eh bien vous n’avez rien vu de l’Allemagne! »

Le fort potentiel de l’Asie

La Fédération des producteur­s acéricoles du Québec surveille aussi avec beaucoup d’attention la région de l’Asie-Pacifique, où le niveau de vie augmente rapidement, sans parler de l’appétit croissant pour de nouveaux produits importés.

Le Japon est le principal marché d’exportatio­n en Asie – le deuxième du monde après les États-Unis. Notre second marché d’exportatio­n en Asie est la Corée du Sud. Et à l’instar de l’UE, la conclusion d’un éventuel accord de libre-échange entre le Canada et ce pays est très prometteus­e pour les producteur­s de sirop d’érable.

Il va sans dire que la Chine est aussi sur l’écran radar de l’industrie canadienne. Toutefois, malgré son fort potentiel de croissance, le marché chinois présente deux défis de taille pour les producteur­s acéricoles.

« Il faut développer un bon réseau de contacts. Il faut aussi garantir la qualité et l’authentici­té de nos produits vendus en Chine », explique Paul Rouillard.

Car, tout comme plusieurs biens vendus en Chine, certains produits agroalimen­taires peuvent être contrefait­s, comme cela a été le cas ces dernières années pour certains grands vins français, sans parler de ceux australien­s.

L’Inde et l’Afrique

L’Inde est un autre marché qui offre du potentiel pour les producteur­s de sirop d’érable. « Les gens qui y ont de l’argent aiment les choses sucrées », dit M. Rouillard, en précisant que l’émergence d’une classe moyenne dans ce pays de 1,2 milliard d’habitants représente des occasions d’affaires.

La Banque asiatique de développem­ent considère qu’environ 300 millions de personnes en Inde font partie de la classe moyenne.

Sans en faire une priorité, la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec observe aussi avec intérêt le marché de l’Afrique. L’industrie canadienne réalise déjà des ventes en Afrique du Sud; 373083$ en 2012.

Le potentiel de l’Afrique tient à sa croissance démographi­que. D’ici 2050, sa population devrait doubler pour atteindre deux milliards d’habitants, selon l’Organisati­on des Nations Unies.

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