Les Affaires

La Chine, l’avenir pour le porc québécois

- — F. NORMAND

La Chine représente le marché d’exportatio­n le plus prometteur pour les producteur­s québécois de viande porcine, et ce, même si elle est le principal producteur de porc du monde, avec la moitié de la production mondiale.

« La Chine est le marché le plus intéressan­t pour nous en raison des perspectiv­es de croissance de la demande », explique Marie-Ève Tremblay, directrice des affaires économique­s chez les Éleveurs de porcs du Québec.

Olymel, le premier producteur de porc au Canada, est déjà bien positionné sur le marché chinois, où il a exporté pour 100 millions de dollars (M$) de viande de porc en 2013.

« Ce n’est pas le marché le plus intéressan­t pour nous actuelleme­nt, mais c’est le plus prometteur à terme », confie son pdg Réjean Nadeau, précisant que la Chine est le sixième marché d’exportatio­n d’Olymel après les États-Unis, le Japon, la Russie, la Corée du Sud et l’Australie/Nouvelle-Zélande.

La Chine est toutefois le quatrième marché étranger pour l’ensemble de l’industrie porcine québécoise, après les États-Unis, le Japon et la Russie.

En 2013, les expédition­s québécoise­s de porc en Chine ont totalisé 129,4 M$, selon Statistiqu­e Canada. Ce qui est près de quatre fois moins important que les expédition­s aux États-Unis.

Cependant, c’est en Chine que les exportatio­ns de porc du Québec ont progressé le plus rapidement depuis cinq ans. Entre 2009 et 2013, elles ont bondi de 1 185 %, à un rythme beaucoup plus rapide que les exportatio­ns aux ÉtatsUnis (60 %) ou même en Russie (235 %). Dans le cas du Japon, nos expédition­s ont toutefois reculé de 9 %.

La Chine, un importateu­r depuis 2008

Les Chinois consomment deux fois plus de viande que les Américains, et le porc est très populaire en Chine – comme dans la plupart des pays de l’Asie-Pacifique. Il n’est donc pas étonnant que l’empire du Milieu soit le principal producteur de viande porcine dans le monde.

En 2013, la Chine a produit 53,8 millions de tonnes de viande de porc, selon le ministère américain de l’Agricultur­e. Et si la tendance se maintient, la production chinoise pourrait atteindre le cap des 60 millions de tonnes en 2020, prévoit la banque néerlandai­se Rabobank.

À titre de comparaiso­n, le Canada a produit 1,8 million de tonnes de viande de porc l’an dernier, dont 812 000 tonnes au Québec.

Malgré tout, la Chine a de plus en plus besoin d’importer de la viande de porc pour répondre à la demande intérieure, qui progresse de 1 à 2% par an – le pays est un importateu­r net de porc depuis 2008.

Selon les analystes, deux facteurs contribuen­t à l’accroissem­ent des importatio­ns de porc de la Chine : les enjeux de la salubrité alimentair­e et de la protection de l’environnem­ent.

Dans le cas des scandales alimentair­es, les tribunaux chinois ont par exemple condamné en 2011 plus de 250 personnes impliquées dans des infraction­s graves liées à l’insalubrit­é, notamment dans le cas de porc contaminé au clenbutero­l, une substance utilisée pour produire une viande plus maigre et plus protéinée.

La protection de l’environnem­ent est aussi devenue un enjeu majeur en Chine. Chaque mois, par exemple, les autorités chinoises ramassent des centaines de carcasses de porcs dans de nombreuses rivières; celles-ci contaminen­t les sources d’eau potable de grandes villes comme Shanghai. On soupçonne certains producteur­s de se débarrasse­r ainsi de leurs animaux malades.

Jouer la carte de la salubrité en Chine

Il va sans dire que ces scandales sanitaires et environnem­entaux minent la confiance des consommate­urs chinois à l’égard de l’industrie porcine, qui a mauvaise presse en Chine. Une situation qui crée des occasions d’affaires pour les producteur­s de porc du monde entier, selon Marie-Ève Tremblay. « Les besoins à combler sont énormes », dit-elle.

Jie He, une spécialist­e de l’environnem­ent et du commerce à l’Université de Sherbrooke qui s’intéresse à la Chine, croit d’ailleurs que l’industrie agroalimen­taire canadienne en général peut jouer la carte de la qualité pour pénétrer de nouveaux marchés en Chine.

« Les Chinois veulent de bons aliments exempts de polluants et de pesticides, sans parler de leur désir de se procurer des produits raffinés », disaitelle récemment dans un entretien à Les Affaires.

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