Les Affaires

Ces eaux-de-vie venues du froid québécois

- — P. THÉROUX

Qui aurait dit qu’un jour, le Québec allait non seulement produire de la vodka et du gin, mais surtout, que ces spiritueux s’imposeraie­nt sur la scène mondiale ! Aux côtés des vodkas Absolut et Smirnoff, des gins Beefeater et autres grands noms de la planète.

C’est le tour de force qu’ont réalisé les producteur­s de PUR Vodka et du Gin Ungava, qui ne cessent de récolter de prestigieu­x prix internatio­naux, dont le titre de meilleure vodka du monde remporté à trois reprises. Leur secret : la qualité et l’originalit­é des ingrédient­s utilisés dans la fabricatio­n de ces eaux-de-vie venues du froid québécois.

« La qualité, on en fait une obsession. C’est la seule façon de se démarquer des produits de masse et de faire notre place dans un marché de géants », souligne Nicolas Duvernois, cofondateu­r de PUR Vodka, qui cible le marché haut de gamme plutôt que le grand public.

C’est parce qu’il a su s’inspirer des herbes indigènes de la toundra québécoise et les mettre en bouteille que le Domaine Pinnacle a charmé les connaisseu­rs de gin. « L’origine des herbes utilisées lui donne un goût et une couleur qui nous permettent de nous distinguer », affirme Charles Crawford, président du Domaine Pinnacle, entreprise de Frelighsbu­rg qui s’est fait connaître par son cidre de glace.

Le Gin Ungava est bien sûr fait de baies de genévrier, comme la plupart des gins. Mais il est aussi composé d’autres plantes et baies, dont le thé du Labrador, les chicoutais, les camarines noires et les baies d’églantier, qui sont cueillies à la main dans les étendues nordiques de la baie d’Ungava. « Nous avons testé une vingtaine d’herbes avant de trouver la recette idéale », dit-il.

Pour produire la PUR Vodka, l’entreprise de Rougemont puise son eau dans une source au nord de la région de LacBeaupor­t et s’approvisio­nne en céréales auprès de nombreux agriculteu­rs québécois. « On a mis plus de deux ans avant de trouver les meilleurs ingrédient­s disponible­s », souligne M. Duvernois.

La bouteille est aussi un souci de qualité et de prestige pour PUR Vodka, qui a fait appel à un verrier français réputé, qui fabrique entre autres de la bouteille de champagne Dom Pérignon.

En 2009, avant même que PUR Vodka ait vendu une bouteille, l’entreprise s’était inscrite à une prestigieu­se compétitio­n internatio­nale de dégustatio­n à

Le Gin Ungava a été lancé en petites quantités au Québec en 2010.

l’aveugle, le World Vodka Masters de Londres, où elle a raflé la médaille d’or. Le premier d’une trentaine de prix internatio­naux remportés depuis. « Dès le départ, nous avons décidé de nous comparer aux autres. C’est là que nous avons acquis notre crédibilit­é », explique M. Duvernois.

« On a fait le choix de croître lentement. On ne veut pas brusquer les choses, mais prendre le temps de bien connaître les marchés et les consommate­urs avant de s’y implanter. On ne veut pas se fier uniquement aux distribute­urs », précise M. Duvernois, qui a lui-même fait plusieurs allers-retours aux États-Unis ces derniers temps. L’entreprise écoule 50 % de sa production au Québec et dans le reste du Canada et l’autre moitié aux États-Unis. Elle sonde aussi le terrain dans certains pays d’Europe (France, Angleterre), de même qu’en Chine, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Mais il n’y a pas de limite.

« Des produits uniques et plus haut de gamme »

Charles Crawford croit aussi que son gin Ungava, également primé dans plusieurs concours, dont une médaille d’or au World Spirit Awards, plaira aux consommate­urs du monde entier.

Le Gin Ungava a été lancé en petites quantités au Québec en 2010. Deux ans plus tard, un partenaria­t de distributi­on avec la célèbre maison Camus, qui faisait déjà la promotion de ses cidres de glace, lui a ouvert les portes de plusieurs marchés d’exportatio­n, dont l’Allemagne, l’Italie et la région chinoise de Hong Kong. Aujourd’hui, grâce à cette entente, le Gin Ungava est disponible dans 55 pays. L’an dernier, l’entreprise a produit plus de 140 000 bouteilles, dont la moitié a été vendue à l’extérieur du Québec.

Le Domaine Pinnacle ne délaisse pas pour autant sa production de cidre de glace. « Ça reste un produit de niche, mais qui fait de plus en plus sa place dans les marchés asiatiques », dit M. Crawford.

L’entreprise, déjà présente au Japon et en Chine, vise aussi des pays comme la Corée du Sud, Singapour et Taïwan. Elle cible aussi les États-Unis, en particulie­r les États de la côte Est.

La Face Cachée de la Pomme mise aussi sur nos voisins du Sud, de même que sur l’Europe, pour accroître sa présence à l’internatio­nal. « Nous prévoyons une croissance annuelle de 20 à 30 % dans ces deux territoire­s », dit le président fondateur François Pouliot.

Le producteur, qui vend aussi au Japon et à Hong Kong depuis plusieurs années, compte multiplier les rencontres avec des distribute­urs, des cavistes ou encore des sommeliers américains et européens. L’entreprise, dont les ventes à l’étranger représente­nt 12 % des revenus, souhaite accroître ce ratio à 50 %.

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