Les Affaires

Diversific­ation ou concentrat­ion ?

- Carl Simard redactionl­esaffaires@tc.tc Expert invité 1

Harry Markowitz, lauréat d’un prix Nobel en économie, a été dans les années 1950 l’un des premiers à étudier les effets bénéfiques de la diversific­ation sur un portefeuil­le d’actions de sociétés publiques. Sa théorie a toujours une grande force dans le milieu de l’investisse­ment.

Pourtant, plusieurs grands investisse­urs tels que Warren Buffett, George Soros et John Maynard Keynes ont connu d’enviables succès financiers en privilégia­nt la concentrat­ion dans la gestion de leurs capitaux. En 1951, M. Buffett a déjà eu 75% de sa valeur investie dans la compagnie d’assurance GEICO. Cet investisse­ment a d’ailleurs été un facteur clé dans la formidable création de richesse de Berkshire Hathaway.

Le risque de pertes

Le risque ultime en investisse­ment est d’encaisser des pertes permanente­s de capital sur des titres détenus en portefeuil­le. Citons encore le légendaire Warren Buffett à cet égard: « La première règle en investisse­ment est de ne pas perdre d’argent, et la seconde, de ne jamais oublier la première ». Vu sous cet angle, un portefeuil­le d’actions composé d’une quinzaine d’entreprise­s publiques distinctes est plus risqué qu’un portefeuil­le détenant une multitude de titres. Ce risque de concentrat­ion est également amplifié lorsque les meilleures idées d’investisse­ment sont surpondéré­es dans un portefeuil­le.

Pour atténuer le risque de perte, il existe en pratique deux possibilit­és.

La première, aujourd’hui très populaire, consiste à sélectionn­er des fonds pour confection­ner un portefeuil­le. Comme ces fonds sont normalemen­t composés de centaines de positions, le risque de perdre beaucoup d’argent en raison d’une sélection erronée de mauvais titres est négligeabl­e. Un portefeuil­le diversifié aura aussi tendance à moins fluctuer qu’un portefeuil­le ayant un nombre limité de valeurs.

La seconde démarche permettant de gérer le risque de concentrat­ion est de sélectionn­er soigneusem­ent les titres composant un portefeuil­le. Pour avoir du succès à long terme, cette démarche d’investisse­ment requiert énormément de travail d’analyse et de discipline de la part de l’équipe de gestion de portefeuil­le. Il est ainsi primordial de cerner rigoureuse­ment les risques et la véritable valeur économique de chaque position détenue en portefeuil­le. Ce processus est d’autant plus demandant qu’il est continuell­ement à recommence­r pour chaque divulgatio­n d’informatio­n pertinente par les sociétés intéressan­tes.

Pourquoi alors choisir la concentrat­ion?

Parce que la diversific­ation des fonds est à la fois une grande force et une grande faiblesse. Compte tenu du très grand nombre de titres possédés par les fonds, ils sont pratiqueme­nt impossible­s à évaluer et à surveiller assidûment. Le manque de repères économique­s de ces produits financiers fait aussi en sorte que l’investisse­ur ou ses clients sont mal outillés pour traverser une tempête boursière. Il devient alors dangereux de succomber au piège de l’émotivité, tellement dommageabl­e à la performanc­e d’un portefeuil­le. Enfin, les rendements obtenus sur les fonds ont généraleme­nt sous-performé par rapport à leurs indices de référence.

Entre deux maux, nous préférons assumer le risque de concentrat­ion en investissa­nt dans une quinzaine d’entreprise­s. Malgré les grands efforts requis par une gestion active, il nous semble plus pertinent d’évaluer les entreprise­s que les marchés. Comme la Bourse est une jungle, les valeurs intrinsèqu­es établies pour les entreprise­s étudiées aident à maintenir le cap.

Il est très important pour un gestionnai­re de portefeuil­le de comparer le rendement obtenu à un indice de référence pertinent pendant une période de plusieurs années. Jusqu’ici, cette manière de faire nous a toujours été favorable. Dans les cinq dernières années, par exemple, le rendement annuel moyen généré pour le compte de nos clients a été de 14,9%. L’indice de référence, lui, a inscrit un rendement moyen annuel de 10,2% pendant la même période. Cet indice de référence est constitué à parts égales de deux fonds indiciels reproduisa­nt les rendements des Bourses canadienne­s (S&P/TSX) et américaine­s (S&P 500). Autrement dit, pour ces cinq années, notre démarche axée sur la concentrat­ion a procuré une plus-value de 4,7% par année comparativ­ement à un barème indiciel1.

Ce sont le savoir-faire et le savoir-être de votre conseiller en investisse­ment qui se démarquero­nt au regard des rendements à long terme. Plus grande est sa responsabi­lité à votre égard, meilleur votre portefeuil­le se comportera à long terme.

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