Les Affaires

Atteindre l’immortalit­é en téléversan­t son cerveau sur le Web

- Google et l’intelligen­ce artificiel­le

Même si on peut repousser les limites du corps grâce aux technologi­es et en augmenter l’espérance de vie, c’est au-delà du corps que les apôtres de la technologi­e cherchent l’immortalit­é. Martine Rothblatt, pdg d’United Therapeuti­cs, vise à atteindre l’immortalit­é en créant une copie numérique de son cerveau et de celui de son épouse Bina.

Martine Rothblatt ne veut d’ailleurs pas attendre de mourir pour parvenir à ses fins. Elle a ainsi fait développer un agent conversati­onnel ( chatbot) programmé afin d’imiter la personnali­té de sa femme. Cet agent conversati­onnel est associé à un buste robotisé de Bina, que Martine Rothblatt appelle BINA48 et qui affecte avoir des sentiments lorsqu’on lui parle. « Si une seule personne est capable d’aller si loin, avec tous ceux qui travaillen­t sur des logiciels d’intelligen­ce artificiel­le, c’est pour moi inévitable qu’on y parvienne et que BINA48 évolue jusqu’au point d’avoir une cyberconsc­ience. »

Martine Rothblatt n’est pas la seule à entrevoir un monde où on pourra créer des clones virtuels ou vivre éternellem­ent sous la forme d’un logiciel. « Atteindre l’immortalit­é, je n’ai vraiment aucun doute qu’on va y arriver en téléversan­t notre cerveau dans un système numérique », a déclaré Stephen Wolfram dans le cadre de sa conférence à SXSW.

Malheureus­ement, Ray Kurzweil, qui a prédit que les humains pourraient exister sous une forme purement logicielle dans son livre The Singularit­y is Near, n’était pas de la partie à SXSW. Depuis qu’il est devenu directeur de l’ingénierie de Google, le pionnier de l’intelligen­ce artificiel­le se fait plus discret. Il faut dire que Ray Kurzweil, qui siège au conseil d’administra­tion d’United Therapeuti­cs, la société de Martine Rothblatt, est tout un personnage. À 15 ans, en 1963, il développai­t son premier logiciel, lequel était capable de composer des partitions de musique classique. Quinze ans plus tard, il fondait Kurzweil Computer Products, une entreprise dont la technologi­e de reconnaiss­ance vocale est à l’origine de Nuance Communicat­ions (Nasdaq, NUAN, 14,08$ US), aujourd’hui valorisée à 4,6 G$ US.

L’embauche de Ray Kurzweil prend tout son sens lorsqu’on se penche sur les acquisitio­ns réalisées par Google au cours des dernières années. En 2014, le géant de Mountain View, en Californie, aurait déboursé plus de 400 millions de dollars américains pour mettre la main sur DeepMind Technologi­es. La start-up londonienn­e, qui travaillai­t à la création de réseaux neuronaux, soit des logiciels imitant le cerveau, n’avait alors aucun revenu.

Les investisse­ments de Google contrasten­t avec les propos sur l’intelligen­ce artificiel­le du président du conseil de Google, Eric Schmidt, à SXSW: « Tout ce qui dépasse un assistant virtuel plus performant que ce qu’on a aujourd’hui est de la pure spéculatio­n », a-t-il lancé sur une des scènes du festival. Même s’il est permis d’avoir des doutes par rapport aux clones virtuels, il est surprenant que la vision de Google en matière d’intelligen­ce soit aussi modeste. À moins que son président ne tienne de tels propos juste pour ne pas alerter l’opinion publique.

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