Les Affaires

Vers des lieux publics personnali­sés

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Lorsqu’on surfe sur Amazon.ca ou qu’on se connecte sur Facebook, on ne s’étonne pas d’y retrouver du contenu personnali­sé. On s’est même habitués à voir les mêmes publicités nous suivre sur des sites Web qui n’ont aucun lien entre eux. On est moins habitués, cependant, à voir notre environnem­ent physique se modeler en fonction de notre présence, voire de notre humeur. C’est pourtant une tendance avec laquelle il faudra composer, à en croire différents intervenan­ts de SXSW.

Et pour adapter un environnem­ent à ceux qui le peuplent, il faut commencer par savoir reconnaîtr­e ces derniers. Grâce à des caméras, il est désormais facile de déterminer le sexe d’une personne ou ses émotions. Et ce, sans parler de la reconnaiss­ance faciale. « Je peux acheter un Raspberry Pi [un nano-ordinateur] à 50$ et y brancher des capteurs; on parle de technologi­es très faciles d’accès », a soutenu Jonathan Belisle, associé de SAGA, une firme spécialisé­e en expérience interactiv­e de Québec. Dans le cadre de la table ronde à laquelle il participai­t avec son associé Vincent Routhier, il a fait valoir qu’il était plus facile que jamais d’établir l’identité des gens dans les lieux publics.

SAGA organise surtout des expérience­s interactiv­es à des fins de divertisse­ment, mais elle compte aussi des clients dans l’industrie du détail. Jonathan Belisle nous a expliqué que les détaillant­s utilisent ces technologi­es pour diriger leurs clients dans la section qui correspond à leur sexe, ou encore pour afficher sur leurs écrans des images auxquelles ils sont susceptibl­es de répondre émotionnel­lement: « Les détaillant­s veulent savoir comment leurs clients se sentent à chaque étape de leur expérience de magasinage », nous a-t-il expliqué.

Les détaillant­s et les publicitai­res sont aussi nombreux à se tourner vers la technologi­e iBeacon pour offrir une expérience plus personnali­sée à leurs cibles. Concrèteme­nt, il s’agit d’un système de positionne­ment conçu pour l’intérieur qui repose sur des antennes Bluetooth (des balises électromag­nétiques, ou beacons en anglais) qui peuvent aussi bien être placées dans des panneaux publicitai­res que dans un étalage.

Grâce à cette technologi­e, les détaillant­s peuvent proposer des offres ciblées aux consommate­urs lorsqu’ils se trouvent près d’une vitrine, par exemple. L’applicatio­n mobile de SXSW utilisait d’ailleurs iBeacon de manière à ce que ses utilisateu­rs sachent quels participan­ts se trouvaient à proximité, grâce à près de 1000 balises électromag­nétiques réparties sur les différents sites du festival à Austin.

Se réappropri­er l’espace urbain

L’artiste numérique BC Biermann, durant une table ronde, a expliqué vouloir se réappropri­er l’espace urbain grâce à la réalité augmentée. Concrèteme­nt, il s’agit de transforme­r la réalité en modifiant en temps réel, grâce à une applicatio­n, les images captées par la caméra d’un téléphone ou d’une tablette.

Entre autres réalisatio­ns, BC Biermann a créé une applicatio­n de réalité augmentée qui remplace les panneaux publicitai­res du métro new-yorkais par des oeuvres d’art. Selon BC Biermann, le potentiel de la réalité augmentée n’a pas encore été exploré. Selon lui, la technologi­e deviendra incontourn­able lorsque les casques de réalité virtuelle et les lunettes comme Google Glass seront plus répandus.

En attendant, Deehubs, une jeune entreprise de Seattle, a pris l’initiative de modifier la réalité urbaine grâce à des projection­s à grande échelle. À ce jour, la start-up aurait diffusé quelque 15 000 éléments de contenus en provenance du grand public sur des immeubles de la région de Seattle. Elle permet à quiconque de s’emparer de l’espace urbain gratuiteme­nt, à l’exception des marques, qui devront payer pour ce privilège. Autrement dit, Deehubs s’inspire du modèle d’entreprise de Facebook, mais l’applique à l’espace urbain plutôt qu’à un site Web.

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