Les Affaires

Investisse­urs étrangers : le chef libéral demande des règles plus claires

- — STÉPHANE ROLLAND

Le processus d’approbatio­n entourant l’acquisitio­n d’entreprise­s canadienne­s par des intérêts étrangers doit être revu, croit Justin Trudeau. Le prétendant au poste de premier ministre juge que les règles du jeu ne sont pas suffisamme­nt claires.

« Le Canada présente un message ambigu en ce qui concerne le capital internatio­nal, déplore le candidat. On se doit d’établir des paramètres clairs pour les investisse­urs étrangers qui veulent investir au pays. »

Le chef libéral donne en exemple l’acquisitio­n de l’albertaine Progress Energy pour 6 milliards de dollars par Petronas, une société d’État malaisienn­e, et l’achat de Nexen par la société d’État chinoise China National Offshore Oil Company pour 15 G$. Après avoir donné le feu vert en 2012 aux deux acquisitio­ns très médiatisée­s, Ottawa a modifié la Loi sur Investisse­ment Canada afin de protéger les pétrolière­s canadienne­s contre les visées d’entreprise­s détenues par un gouverneme­nt étranger. « Lorsque nous disons que le Canada est ouvert au commerce, nous ne disons pas qu’il est à vendre aux gouverneme­nts étrangers », a précisé le premier ministre Stephen Harper après l’approbatio­n de Nexen.

La divergence d’opinions entre le premier ministre et le chef de la deuxième opposition s’exprime aussi au sein de la communauté d’affaires. La décision de Stephen Harper a soulevé les critiques d’associatio­ns patronales et d’élus régionaux de l’Ouest, à savoir qu’elle décourager­ait les investisse­ments. En même temps, d’autres membres de la communauté d’affaires, particuliè­rement au Québec, réclament une protection accrue des sièges sociaux en raison de leur apport au développem­ent économique régional.

Lorsque Les Affaires lui a demandé si certaines sociétés devaient rester dans le giron canadien, Justin Trudeau a pincé les lèvres un bref instant. « Oui, il y en a », a-t-il répondu, en laissant planer un silence alors qu’il réfléchiss­ait à ce qu’il ajouterait. « Mais la question est de savoir à quel prix, poursuit-il. À quel prix sommes-nous prêts à défendre un historique ou quelques milliers d’emplois ? »

Si M. Trudeau dirige le pays, il pourrait bien décider de refuser certaines transactio­ns pour protéger l’économie canadienne, confirme-t-il. Le principal intéressé évite cependant de donner l’exemple d’une société qui serait hors d’atteinte des capitaux internatio­naux. « Je ne veux pas répondre sur une hypothèse », conclut-il.

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